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La Waffen-SS dans la répression à l'ouest en 1944

Pétain, Laval, le régime de Vichy et tous ceux qui furent acteurs de cette période sombre de notre histoire. La collaboration, les collaborateurs, la vie quotidienne sous la botte de l'occupant, les privations, le marché noir...
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La Waffen-SS dans la répression à l'ouest en 1944

Nouveau message Post Numéro: 1  Nouveau message de Tom  Nouveau message 19 Oct 2007, 19:07

Voici ce qu’écrit Jean-Luc Leleu (La Waffen-SS…, Perrin, 2007) sur la part prise par les formations SS de campagne dans la répression à l’ouest en 44 (pages 625 et suiv.) :

En définitive, la participation des troupes SS aux grandes opérations de répression du printemps et de l’été 1944 n’a pas été extrêmement importante. Elle a proportionnellement correspondu peu ou prou aux effectifs de campagne de la Waffen-SS présents à l’ouest par rapport à ceux de l’armée de terre. […]

De toutes les opérations de répression menées à l’ouest, c’est l’action de la division « Das Reich » dans le Limousin qui est la plus connue, car la plus sanglante. Tout d’abord, il s’est bien agi d’une opération répressive spécifique. Ordonnée par l’OKW le 7 juin, elle s’est officiellement achevée le 11 juin à midi, toujours sur un ordre de l’OKW donné au matin du 9 juin.

La division n’a donc pas été « retardée » par la Résistance dans sa progression de la région de Montauban vers la Normandie. Sa présence pendant quelques jours dans le Limousin répondait à l’ordre exprès d’en découdre avec les « bandes » et d’y reprendre le contrôle de la situation.

En ce sens, il convient de ne pas se leurrer sur la contribution des mouvements de résistance limousins. Cette contribution a été effective dans le sens où leurs activités ont conduit à détourner une grande unité blindée de sa mission principale. En revanche, les harcèlements subis par la division « Das Reich » le long de ses itinéraires de progression n’ont pas pu la freiner, puisque, fondamentalement, celle-ci avait ordre de rechercher le contact et de combattre le mouvement insurrectionnel.


N.B. En fait, seuls quelques éléments de la Das Reich sont intervenus dans le Limousin et, de toute façon, une grande partie de la division est longtemps restée dans le Sud-Ouest faute de moyens de locomotion…

Ce n’est pas ici vouloir faire injure à l’action passée de Georges Guingouin que de le contredire lorsqu’il affirme que le maquis limousin a fait à lui seul basculer la Seconde Guerre mondiale en retardant la division « Das Reich », ce qui aurait fait perdre, selon lui, la bataille de Normandie aux Allemands, et donc la bataille décisive de la guerre !

Cela, on le savait depuis l’étude de l’historien allemand Eberhard Jäckel (Frankreich in Hitlers Europa, Deutsche Verlags-Anstalg Gmb H Stuttgart, 1966 – traduction française, vite épuisée et non rééditée, chez Fayard en 1968 : La France dans l’Europe de Hitler), mais il est toujours agréable de voir cette thèse reprise par un historien universitaire français, même plus de quarante ans après !

Jean-Luc Leleu ajoute cependant :

Au demeurant, la division « Das Reich » a été placée en réserve à l’arrière du front dès son arrivée en Normandie le 16 juin. Dix jours se sont ensuite écoulés avant que l’un de ses détachements soit engagé. En fait, les délais d’intervention des réserves motorisées allemandes, leur manque de mobilité autant que les stratèges de l’OKW […] ont davantage contribué à retarder les renforts allemands que l’aviation alliée et la Résistance française réunies. La chronologie des ordres d’engagement des divisions blindées allemandes est à cet égard édifiante […].


Une fois établie la participation des formations de campagne SS aux opérations de répression de 1944, deux remarques s’imposent.

Tout d’abord, aucune formation de la Waffen-SS ne s’est trouvée engagée isolément dans une importante action de répression. […]

Ensuite, un grand nombre d’opérations [de répression ont été] menées sans qu’aucune force de la Waffen-SS y soit engagée. Ce point est d’autant plus important que l’on relève une remarquable et constante tendance dans la mémoire sociale française à voir partout l’ombre des soldats SS dans toute action répressive.


N.B. Par exemple, aux Glières ou dans le Vercors, etc.

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Nouveau message Post Numéro: 2  Nouveau message de Judex  Nouveau message 19 Oct 2007, 23:22

Bonsoir,

Je partage globalement cette annalyse, néamoins je voudrais ajouter quelques précisions :

- les effets de Fortitude et la menace des maquis font commettre l'immense erreur à l'OKW de ne pas diriger sur le champs tous les éléments de la "Das Reich"
- la menace du maquis ne concerne pas que le Limousin mais ausi et surtout les réduits constitués en Auvergne (Venteuge, Mont Mouchet et St Martial)
- Le SS-Pz. Rgt. 2 quitte la région de Montauban le 8 juin, progresse par la route jusqu'à Périgueux qu'il quitte par chemin de fer le 15 juin pour franchir la Loire sans encombre (je posséde le Wehrpass d'un sous-officier de ce régiment et la campagne de Normandie commence bien le lendemain pour cette unité (16 juin). D'ailleurs si joint les mentions exactes figurants dans le Wehrpass (à ces dates) et leurs traduction :

6 2 1944 au 15 6 1944 "Besatzüngstrüppe Frankreich" (garnison en France).
12 6 1944 au 14 12 1944 "Invasionfront und Abwehr der Westwall" (front d'invasion et défense du Westwall). Comme on peut le constater, la période du 8 au 15 juin n'est pas considérée comme période de combat... Pour ceux qui penseraient que c'est car cette période est trpo courte, je tiens à rajouter que dans le même Wehrpass des périodes de combat plus courtes sont elles mentionnées (par exemple du 20 au 24 septembre 1941 pour les combats dans le secteur de Kiew).

Pour revenir au fond du sujet, globalement durant l'année 1944, les unités Waffen-SS en opérations militaires se comportérent à l'instar de celles de la Heer, à L'EXCLUSION d'Oradour évidamment. Généralement un maquisard pris les armes à la main ou supposé comme tel est fusillé que ce soit par les SS ou les hommes de la Heer (merçi Pétain et la convention d'armistice). Un résistant (sans armes) est quant à lui déporté.


 

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Nouveau message Post Numéro: 3  Nouveau message de Tom  Nouveau message 20 Oct 2007, 10:46

Oui, d'accord, Judex.

En gros, à l'ouest en tout cas, jusqu'au début 44, les responsabilités militaires et policières, du côté allemand, sont demeurées relativement bien séparées, voire cloisonnées, ce qui, selon J.-L. Leleu, "a évité aux troupes de campagne les excès qu'entraîne la confusion des tâches".

Cependant, tout a changé le 3 février 1944 avec la directive de l'OKW connue sous le nom de "décret Sperrle", lequel, "face aux actes de terreur croissants, en particulier dans le sud de la France", ordonnait aux troupes d'intervenir énergiquement de leur propre initiative (avant même d'en référer à l'autorité supérieure) contre les personnes et les biens civils si elles faisaient l'objet d'une attaque terroriste, et précisait qu'un commandant d'unité ne pourrait être désormais sanctionné pour avoir agi trop sévèrement.

J.-L. Leleu écrit : "Cette directive, [qui] autorisait tous les abus sous couvert de légitime défense, marquait une étape très nette dans l'escalade répressive."

Quinze jours ont été nécessaires pour répercuter cette directive aux troupes et son effet s'est bien vite fait sentir. J.-L. Leleu donne deux exemples dans la Waffen-SS :

1) Avant la diffusion du "décret Sperrle" en février 44, la 12e division SS n'avait pas usé de représailles à la suite d'attentats lui ayant causé des pertes humaines, mais, en avril 44, elle a massacré 86 habitants d'Ascq (Nord) alors qu'elle n'avait que de légers dégâts matériels à déplorer ;

2) De même, la 9e division SS n'avait jamais, en un an de présence en Belgique et en France, réagi à des attentats meurtriers, mais, en mars 44, elle a exécuté 17 "terroristes" à Nîmes et a procédé à des expéditions punitives qui ont fait une quinzaine de victimes...

Toutefois, l'administration militaire à l'ouest et le SD ont toujours coiffé et organisé la répression jusqu'à la fin de l'Occupation.

J.-L. Leleu écrit : "On ne trouve aucune opération répressive qui n'ait été planifiée sans l'aval de l'administration militaire et/ou la participation du SD" auquel la troupe devait remettre les suspects.

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Nouveau message Post Numéro: 4  Nouveau message de Judex  Nouveau message 20 Oct 2007, 11:24

Absolument, d'ailleurs dans mon post, je signifiais bien "les unités Waffen-SS en opérations militaires "...
:cheers:


 

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