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Rene Bousquet

Pétain, Laval, le régime de Vichy et tous ceux qui furent acteurs de cette période sombre de notre histoire. La collaboration, les collaborateurs, la vie quotidienne sous la botte de l'occupant, les privations, le marché noir...
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Rene Bousquet

Nouveau message Post Numéro: 1  Nouveau message de Daniel Laurent  Nouveau message 27 Sep 2006, 15:46

René BOUSQUET 1909-1993

Né le 11 mai 1909 à Montauban (Tarn-et-Garonne), fils de notaire et docteur en droit de la faculté de Toulouse, René Bousquet était devenu, à vingt ans, chef de cabinet du préfet du Tarn-et-Garonne. Rendu célèbre, dès mars 1930, par le sauvetage de plusieurs personnes qu'emportait une inondation et fait chevalier de la Légion d'honneur à titre exceptionnel, il fut détaché à la présidence du Conseil pour la reconstruction des départements du Sud-Ouest.

Sa carrière préfectorale le conduisit dans les postes de sous-préfet à Vitry-le-François (1938), de secrétaire général à Reims (1939), de préfet de la Marne (septembre 1940) et de préfet régional de Champagne (1941). Mais son serment de fidélité au maréchal Pétain, chef de l'État français, la confiance de Pierre Laval et sa conception de la souveraineté française dans les affaires de police l'amenèrent à devenir le complice actif de la déportation des juifs de France.

Conseiller d'État en service extraordinaire, il exerça des prérogatives ministérielles en qualité de secrétaire général à la Police à partir du 18 avril 1942 et laissa opérer en zone libre des policiers allemands qui y arrêtèrent des résistants, plusieurs mois avant l'occupation de la zone sud.

Le 2 juillet 1942, il se mit d'accord avec les chefs de la police allemande (accords Oberg-Bousquet) pour que ce soit la police française qui procède aux arrestations des juifs étrangers à déporter de la zone occupée comme de la zone dite libre. Dans cette dernière, il veilla à la mise en œuvre du souhait de Pierre Laval "que les enfants, y compris ceux de moins de seize ans, soient autorisés à accompagner leurs parents".

Du 17 juillet au 30 septembre 1942, 33 057 déportés partirent vers le camp d'extermination d'Auschwitz. Dans la seule rafle de la région parisienne des 16 et 17 juillet, 12 884 arrestations furent opérées grâce à ce que les Allemands appelèrent le "fichier modèle" de la préfecture de police. Sur les 4 051 enfants raflés - dont 3 000 Français selon le droit du sol -, la plupart furent "transférés", vers la mort, dans d'autres convois que leurs parents, conformément aux instructions écrites de Jean Leguay, adjoint de Bousquet en zone occupée; de 1942 à 1945, 10 147 enfants furent anéantis dans les fosses et les crématoires allemands, dont 1 897 avaient moins de six ans...

René Bousquet veilla pendant près de dix-sept mois à l'autonomie de la police et de l'administration françaises de Vichy, en les faisant participer aux opérations franco-nazies tant pour les déportations que pour la lutte contre les résistants, "ennemis du Reich". Prenant conscience de l'issue probable de la guerre, il quitta son poste en décembre 1943, non sans avoir donné des gages à certains mouvements résistants. Mais, en février 1944, les rédacteurs socialistes du journal clandestin Le Populaire dénoncèrent nettement sa mise en disponibilité: "M. Bousquet a des comptes à rendre. [...]

Il a organisé des déportations massives de femmes et d'enfants. [...] Il a donné l'ordre aux forces armées de l'État de faire usage de leurs armes contre les patriotes. Il a traqué, fait arrêter et torturer des centaines de Français. [...] Si le lâche Bousquet quitte le territoire et va se réfugier ailleurs, le gouvernement de la République exigera son extradition. Car il s'agit d'un criminel de guerre." En résidence surveillée en Allemagne après juin 1944, René Bousquet fut l'avant-dernier justiciable de la Haute Cour de justice après trois ans de détention préventive et quelques mois de liberté provisoire.

Face à un accusé affirmant avoir collaboré avec les Allemands comme le paratonnerre avec la foudre et soutenant avec aplomb avoir "systématiquement refusé de [s'] occuper des questions juives", les parlementaires-jurés limitèrent les débats à moins de trois jours au cours desquels, selon L'Union de Reims, on aborda, "entre deux bons mots, le chapitre de la répression antijuive". L'arrêt du 23 juin 1949 acquitta René Bousquet du chef d'avoir accompli des actes de nature à nuire à la défense nationale, le déclara coupable du crime d'indignité nationale et le releva de sa condamnation à cinq ans de dégradation nationale pour avoir "participé de façon active et soutenue à la résistance contre l'occupant"...

Rendu à la vie civile, René Bousquet entama une brillante carrière à la Banque de l'Indochine, où il fut conseiller technique, puis, dès 1950, secrétaire général. Il accéda au rang de directeur en 1952 et à celui de directeur général adjoint en 1960. S'il avait échoué aux élections législatives en 1958, sous l'étiquette radicale Conciliation républicaine et malgré l'appui de l'Union démocratique et socialiste de la Résistance, l'amitié du président de l'U.D.S.R. lui fut précieuse jusqu'aux années quatre-vingt; devenu président de la République, François Mitterrand ne renia pas, en effet, ses rapports avec René Bousquet et le protégea.

Administrateur de l'Union électrique d'outre-mer, de la Banque française de l'Asie et d'autres sociétés dont, de 1962 à 1972, celle qui éditait La Dépêche du Midi, René Bousquet fut contraint au retrait lorsqu'en 1978 son rival exilé Louis Darquier de Pellepoix, ancien secrétaire général aux Questions juives, révéla son rôle dans les rafles. En 1979, seul son adjoint, le préfet Jean Leguay, fut inculpé de crimes contre l'humanité; mais les déclarations de Bousquet en 1985, niant que son collaborateur ait eu "aucun pouvoir de décision", fondèrent une plainte à son encontre en 1989 et, après quatre ans de procédures dilatoires, la rédaction du réquisitoire définitif concluant à sa mise en accusation pour crimes contre l'humanité.

Le 8 juin 1993, trois jours avant la notification de son inculpation, René Bousquet a été abattu par une personne qui avait déjà tenté d'abattre Klaus Barbie. Mais sa mort, si elle a éteint l'action publique, ne l'exonère pas de ses responsabilités de chef de la police française, sans lequel les deux mille quatre cents membres de la police allemande en France occupée n'auraient jamais pu perpétrer leurs crimes de masse.

Source : Roger Lenevette.
En guerre contre les collabos depuis 1944.
Quelle admirable constance !
Merci, mon ami, de m'avoir nomme ton "correspondant de guerre"


 

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