Post Numéro: 18 de hypolita 21 Juin 2015, 19:06
Bonjour,
Une petite incursion dans votre discussion pour quelques infos complémentaires à propos des chenillettes Lorraine-Lunéville :
En 1938, l'armée passe trois commandes, de 78, 100 et encore 100 exemplaires pour ce Tracteur de Ravitaillement pour Chars 1937 L (TRC 37L). En 1939, une quatrième commande, encore pour 100 véhicules, puis une cinquième pour 74 nouvelles chenillettes, ainsi que la conversion de la commande de 100 modèles courts type Renault UE en Lorraine 37L porte le nombre total de chenillettes commandées à 552 exemplaires. Le premier véhicule est livré par Lorraine-Dietrich le 11 janvier 1939, et au 1er septembre 1939, ce sont 212 véhicules qui ont été perçus par l'armée française.
Après le déclenchement du conflit, l'intention du Haut-Commandement d'augmenter fortement le nombre de formations blindées devait pousser à augmenter en conséquence les commandes de Lorraine 37L, portant à 1 012 leur nombre théorique. Devant être livrées à raison de 50 véhicules par mois, ce rendement devait être porté à soixante-dix exemplaires mensuellement. Afin de permettre à Lorraine-Dietrich de répondre à cette hausse soudaine de la demande, une partie de la production est confiée à Fouga, basée à Béziers, dont on escomptait une production mensuelle de vingt à trente unités. En réalité, cette production théorique n'est jamais atteinte ; on compte vingt exemplaires livrés en janvier 1939, et trente-deux en février 1940 (au cumul des deux constructeurs). Au 26 mai 1940, 432 ont été livrés par Lorraine et Fouga, sur les 440 exemplaires produits. La production se poursuit durant la bataille de France, et ce sont au total environ 480 exemplaires qui ont été produits à l'arrêt des combats, le 25 juin 1940.
En 1939 et 1940, la production se fait principalement à l'usine Lorraine de Lunéville. Début 1939, on décide de bâtir une usine plus au sud, moins vulnérable en cas de bombardement allemand, à Bagnères-de-Bigorre. L'« Atelier de Bagnères » n'a certes produit aucune chenillette avant l'armistice mais, comme l'usine Fouga de Béziers, elle se trouve en Zone libre. Le Régime de Vichy poursuit la production des chenillettes après juin 1940 à hauteur d'environ 150 unités. Certaines chenillettes verront leur châssis raccourci, la suspension se réduisant à deux bogies par côté.
Officiellement, aucune production n'a de destination militaire, il s'agit de tracteurs agricoles, de tracteurs forestiers ou d'engins de travaux ; néanmoins, le « Tracteur Lorraine 37L 44 » constitue en fait une production clandestine de véhicules de combat blindés, dont la conversion reste aisée. Les ateliers de construction d'Issy-les-Moulineaux produisent en secret des coques blindées pour ces véhicules, qui sont stockées de manière clandestine. Après l'occupation de la Zone sud en novembre 1942, bon nombre de ces soi-disant tracteurs sont cachés. Au printemps 1944, la Résistance française attaque l'usine de Bagnères sur ordre de Londres, les Alliés soupçonnant que sa production était en fait destinée à l'effort de guerre allemand. Afin d'éviter d'autres attaques, la Résistance est informée des intentions réelles de la firme et est impliquée dans le programme de production clandestine durant l'été 1944, obtenant la promesse de pouvoir les armer et les utiliser. Les vingt premières sont livrées en janvier 1945, et les usines continuent de modifier des véhicules jusqu'à la fin du conflit, à raison d'une vingtaine par mois, la plupart du temps en ajoutant une superstructure montée d'une mitrailleuse, à l'avant ou à l'arrière du châssis.
Dans les années 50/60 mon père était Cadre Méthode à l'usine La Loraine de Bagnères de Bigorre et travaillait encore sur les chassis d'autres véhicules dont les AMX, fin 1942 il était dans l'armée d'armistice et a rejoint le maquis en 1943, je confirme le camouflage.