Novembre 1942 : le Reich pris au dépourvu ?

Dés lors que l'on consulte rapidement le bouquin d'Amouroux, on ne peut plus douter que le Reich a été pris au dépourvu.
Hitler et consorts se perdent en conjecture quant à la destination des navires anglo-américains.
L’hypothèse qui est privilégiée par Hitler est une action pour débarquer des troupes qui seront utiles à Montgomery pour accentuer sa lutte contre les forces de Rommel. Le lieu du débarquement est donc loin de l’Algérie.
C’est le 8 novembre qu’il faut se rendre à l’évidence : le Maroc et l’Algérie sont la cible du débarquement. Ce n’est pas une surprise pour les Italiens qui avaient parfaitement deviné les intentions des Anglo-américains.

Chaque année en novembre Hitler se rend à Munich pour prononcer un discours devant les anciens du putsch de 1923.
Le 8 novembre 1942 Hitler est informée du débarquement en Afrique du nord.

(…) l'armada des Alliés assemblée à Gibraltar, et qui depuis des jours avait fait croire à un probable débarquement en Libye, intervenait finalement à Alger et à Oran. Aussitôt, Hitler donna l'ordre de défendre Tunis. Mais ses conseillers militaires et lui s'étaient laissé surprendre par le débarquement.

Le soir du 8 novembre Hitler prononce son discours. Ian Kershaw précise :

Ce n'était guère l'atmosphère qu'eut souhaité Hitler pour prononcer un grand discours. Non seulement il n'avait rien de positif à rapporter, mais il devait prendre la parole en pleine crise militaire.

Hitler était sans doute moins inquiet l'année précédente (8-11-1941)
Ce soir-là, le véritable souci du Führer était la réaction des Français aux événements d’Afrique du nord. Il décida de réunir Laval et Mussolini à Munich.


Source : Ian Kershaw, Hitler, Flammarion, 2010, p. 860-861

Henri Amouroux évoque « LA SURPRISE DU 8 NOVEMBRE ». C'est le titre du chapitre 8.

Si Pétain n'est pas surpris, les Allemands, eux vont l'être.
Dans le camp de l'Axe, on avait certes remarqué — comment ne pas le remarquer ? — l'énorme convoi de 310 navires en formation à Gibraltar. Et l'on s'était interrogé sur sa destination.

Source : La grande histoire des Français sous l'Occupation : Volume 5, Les passions et les haines (avril-décembre 1942)

[Dog Red]

Bonjour,

Henri AMOUROUX précise-t-il pourquoi PETAIN, lui, n'est pas surpris ?

Bon, j'ai trouvé ceci, ai du ruser pour vous en donner copie :

source : Stratagèmes, duperies, tromperies, intoxications pendant la Seconde guerre mondiale, de Jean Deuve, Nouveau Monde Editions, 330 pages, 8 euros

En somme les Allemands attendent les Alliés partout, sauf là où ils vont !

Ce qui frappe c'est que dès cette époque (fin 42) les services allemands sont complètement intoxiqués. Travail impressionnant de l'I.S. qui a déjà gagné la guerre du renseignement. (Les Allemands seront trompés sur TOUS les débarquements suivants au cours de la guerre.)

Une pensée pour les officiers de l'Abwehr qui en sont réduits à faire remonter des renseignements venant de Vichy, où les services français intoxiquent copieusement le gouvernement de Vichy, l'amirauté et les commissions d'armistice. (Ce qui prouve que l'Abwehr n'a pas de réseau actif en Angleterre - les Anglais ont bien fait le ménage chez eux - à moins qu'ils ne soient retournés.) Le souci pour les services français est d'éviter que l'alarme ne soit donnée à l'armée d'Afrique, ce qui empêcherait les opérations de neutralisation prévues par les résistants à Alger et Casablanca. Dans le dispositif d'intoxication allié -ils travaillent main dans la main avec l'Intelligence Service - c'est naturellement à eux que le gros du travail contre Vichy a été affecté.

Source : Pierre Nord "mes camarades sont morts" et "L'intoxication."

Je vous cite en abrégé le Journal du secrétaire de Goebbels (Rudolf Semmler) p.87 89 :

20 FEVRIER 1943 ; Goebbels a été surpris d'apprendre que dès septembre 42 le mufti avait eu vent du plan allié de dbqmt en Af. Nord. Il avait transmis ces infos affaires étrangères où on l'avait considéré avec scepticisme et ironie. (...) il a souligné qu'il avait donné une date précise : le 5 octobre, puis le 10 novembre.

2 MARS 43 ; un agent allemand à Casablanca aurait été en contact avec des américains qui préparaient le dbqmt en Afrique. Il obtenait quotidiennement des renseignements, notamment sur la date et la puissance des premières attaques. Malheureusement on avait su cela que quand il avait regagné Berlin. Il se demandait où était passé ses rapports ; il a constaté que de juin à novembre aucun de ses messages n'avaient été lu ni même décrypté par les services : ils avaient été classé.

(Ce qui prouve que l'Abwehr n'a pas de réseau actif en Angleterre - les Anglais ont bien fait le ménage chez eux - à moins qu'ils ne soient retournés.)

tu as lu ce qui concerne l'infiltration de Harlequin et de Colombine, dont nous discutons sur un autre fil viewtopic.php?f=17&t=28461&start=100 ?

Tu ne partages pas, j'espère, le manque d'intérêt de GI-Joe pour ces palpitantes données ?

Bonjour,

Henri AMOUROUX précise-t-il pourquoi PETAIN, lui, n'est pas surpris ?

L'explication d'Amouroux est succincte. A l'Hôtel du Parc, on réveille Pétain pour l'informer qu'un débarquement a commencé en AFN. Pétain affirme immédiatement qu'il n'est pas étonné.

Je reviens à "Fortuitous endeavor" de John Patch.

Finally, events in theMediterranean, partly because of deception operations, drew U-boats to the east away from invasion shipping arriving in the theater.

Thus, the passage of the invasion flotilla without the loss of a single ship before the landings was due to a combination of special intelligence, skillful convoy routing, energetic operational security and deception measures, relentless Allied antisubmarine warfare, and plain good luck — what Eisenhower called an “effective scheme for helping get our convoys through the submarine-infested zone.”

[Prosper Vandenbroucke]

Je reviens à "Fortuitous endeavor" de John Patch.

Finally, events in theMediterranean, partly because of deception operations, drew U-boats to the east away from invasion shipping arriving in the theater.

Thus, the passage of the invasion flotilla without the loss of a single ship before the landings was due to a combination of special intelligence, skillful convoy routing, energetic operational security and deception measures, relentless Allied antisubmarine warfare, and plain good luck — what Eisenhower called an “effective scheme for helping get our convoys through the submarine-infested zone.”

Yes Sir, mais cela donne quoi en langue française ????