La tragédie de Porzûs
Pour les Italiens vivant dans le Frioul et les confins avec la Yougoslavie, la situation en septembre1943 se révèle complexe : le Frioul et la Vénétie Julienne sont intégrés de facto à l'OZAK : Operazione Zone Adriatische Küstenland ou zone d'opération littoral Adriatique. Un gauleiter administre la région annexée : l'italophobe Friedrich Reiner (un ancien bureaucrate de l'administration habsbourgeoise) aidé par un sinistre personnage le SS- Gruppenfuhrer Odilo Globocnik.
Les unités italiennes présentes s'étaient volatilisées à l'annonce de l'armistice. Pendant ce temps, les partisans slovènes commencent une violente épuration ethnique en accusant les Italiens d'être des fascistes ou des ennemis du peuple. Ainsi, pendant un mois, il y eut le premier massacre des foibe (cavités karstiques) où un millier d'Italiens furent assassinés.
Dans l'OZAC, le drapeau italien était interdit malgré l'arrivée d'unités de la Decima MAS pour lutter contre le IXe Korpus titiste. Il était même prévu de faire un état pour les Cosaques du général Krasnov.
Dans cet imbroglio, les unités partisanes italiennes étaient partagées : d'un côté les « foulards verts » d'obédience monarchiste ou démo-chrétiennes comme la brigade Osoppo ou les unités garibaldiennes, d'obédience communiste.
La brigade Osoppo dépendait du CLN de Trieste et elle participa à la création de la république partisane de Carnia qui ne vécu que 2 mois avant son anéantissement en septembre 1944.
Refusant de passer sous commandement Slovène contrairement aux garibaldiens qui partageaient les mêmes orientations politiques -ils considéraient la brigade Osoppo ennemi du peuple et »fasciste »- la brigade eut à lutter contre les Allemands, les Cosaques, la RSI et les communistes.
A Porzûs, siégeait le commandement de la brigade, à sa tête le capitaine Francesco de Gregoris dit Bolla, les partisans italiens avaient un nom de guerre. C'était un officier du 8e reggimento alpino.
Un groupe de garibaldiens (communistes) dirigés par Mario Toffanin réussit à tendre un traquenard les osovani.
De Gregoris est exécuté sur le champ le 7 février 1945 à Topli Uork ainsi que six autres dont une femme accusée d'être une espionne de la Xa MAS, accusation courante. 11 autres furent fusillés plus tard, tout le matériel et l'armement récupéré par les garibaldiens.
Après la fin de la guerre, les corps furent retrouvés mi-juin 1945 et les premières accusations mettant en cause les garibaldiens pour assassinat. Ceci avaient mis en cause les Allemands. Afin d'éviter de lourdes condamnations, Toffanin et ses compères s'enfuirent dans les pays frères, les très démocratiques Yougoslavie et Tchécoslovaquie.
A noter parmi leurs victime le frère de Pasolini, Guido, qui blessé avait réussit à s'échapper puis soigné avant de se rendre au CLN local qui le livra aux communistes.
Un film retrace ces évènements lugubres : Porzûs de Renzo Martinelli.