Ce qui permet à l'historien de formuler sur les coups tordus hitlériens des thèses qui tiennent la route, et souvent bien mieux que leurs rivales, c'est d'une part leur caractère répétitif (exemple des parentés profondes entre incendie du Reichstag et nuit des Longs couteaux), d'autre part leur inscription dans une logique nazie elle-même très constante et bégayante.
Mussolini rêvait de paix séparée ? Mais Hitler aussi, et il ne cessait d'envoyer des agents en agiter l'idée tous azimuts. S'il entendait bien la faire avec l'Occident, il n'en avait que plus intérêt à faire mine de la rechercher avec Staline.
Je le vois donc assez mal en vouloir à Mussolini pour cela : son jeu est plutôt de contrôler le mouvement pour le maintenir à l'état de chantage envers l'Occident. Je le vois encore plus mal considérer que Mussolini mérite d'être éliminé quand l'occasion s'en présentera, dès 1940, pour des raisons de basse vengeance.
Les gens pour lui sont des pions, et leur maintien en vie et en poste ou leur élimination sont fonction de préoccupations immédiates.
D'autre part, Mussolini est pour lui un symbole. Il n'a jamais cherché à l'imiter, mais la marche sur Rome lui a donné des idées pour ses entreprises, et surtout un moral d'acier. Sa chute présage donc trop celle du nazisme pour qu'il la souhaite, et à plus forte raison pour qu'il la favorise. Le sauvetage ultérieur du Duce, pour des raisons de propagande avant tout ("Skorzeny, le SS invincible" etc.), et sa réinstallation à la tête de ce qui reste d'Italie allemande, plaident aussi dans ce sens.