La révolution irakienne

Bonjour,

Il est probablement un peu tard, mais il y'a aussi l'ouvrage suivant :



JAMES B.G., "Hitler's Gulf War, the Fight for Iraq 1941", Pen and Sword, 2009, 244 pp.


L'ouvrage est très bien écrit, très vivant (on a presque l'impression d'assister aux réunions, aux évènements) et se lit presque comme un roman d'aventure. L'auteur donnant largement la parole aux acteurs. Il pose bien le contexte du conflit, les personnages clés. Les aspects terrestre et aérien étant mentionnés. A noter aussi la présence d'appendices très intéressant fournissant des courtes bibliographies des différents acteurs après les évènements décrits (16 pages).

Par contre, pour un ouvrage d'ordre historique, on peut regretter le ton de l'auteur qui est tout sauf objectif dans sa façon de raconter les évènements.

Je suis en pleine lecture du Osprey (très bien fait) et du HS de Militaria. Des He 111 et des Me 110 au-dessus de Bagdad non vraiment je n'imaginais pas ça ! Il y a donc eu une première première guerre du Golfe...
Pétrole pétrole !!!
En tous cas merci pour vos conseils de lecture !

Bonjour,

Ces avions nazis n'étaient-ils pas stationnés en Syrie avec l'aval de l'état français? La campagne menée par les FFL et les Britanniques en Syrie n'avait-elle pas pour but de protéger les forces anglaises présentent en Irak??

Bonjour,

Ces avions nazis n'étaient-ils pas stationnés en Syrie avec l'aval de l'état français? La campagne menée par les FFL et les Britanniques en Syrie n'avait-elle pas pour but de protéger les forces anglaises présentent en Irak??

Ben si ...

Juste un détail, Pierre : les avions allemands n'étaient pas stationnés dans le protectorat de la Syrie et du Liban ; ils y transitaient seulement. Ils venaient de Rhodes, aux mains des Italiens, contournaient Chypre et se posaient à Alep ou Damas.
Dans un de mes livres, le lieutenant J. Muracciole raconte que dans les premiers mois de 1941, il y eut 106 aterrissages d'aviosn allemands en Syrie, et envron 200 techniciens allemands sur l'aérodrome d'Alep.

Je n'ai pas retrouvé ma source, mais de mémoire il y eut aussi 3 trains de matériel allemand qui ont transité par le Protectorat début 1941 ...

Quand au vrai dessein des allemands, je ne pense pas vraiment qu'il se limitait à l'Irak, à l'Iran et aux pétroles du Golfe Persique.
Je pense plutôt qu'Hitler aurait voulu bombarder les pétroles russes de Bakou en Juin 1941, et ainsi immobiliser Staline lors de Barbarossa ; c'est déjà ce que voulaient faire les franco-anglais en 1939 et 40 ...

Une petite carte valant mieux qu'un long discours :

Mais ce qu'ignoraient les allemands, c'est qu'il y avait une dizaine de divisions de chasse dans la région de trans-Caucasie (Bakou), c'est-à-dire 300 à 500 I-153 et I-16 qui n'étaient pas du dernier modèle, mais bien suffisants pour "descendre" des Bf-110 et des He-111 surchargés d'essence, de bombes et de munitions ...

Il faut tout de même remarquer que Hitler ne met pas "le paquet" sur l'objectif irakien et laisse largement Rachid Ali se dépatouiller. De même qu'il ne demande à Vichy qu'un soutien logistique assez restreint. Mais il menace de demander plus, et de faire plus.

Tout cela sent donc la diversion, pour faire espérer à Staline qu'on pourrait ne pas l'attaquer, et le coup de boutoir, pour faire mesurer à l'opinion anglaise que le jusqu'auboutisme de Churchill risque de faire perdre des positions coloniales essentielles.

On peut aussi le voir à l'inverse, François ...

Jusqu'au raid américain sur Ploesti à la mi-1943, on pensait qu'il suffisait de quelques bombes bien placées pour incendier des raffineries et une zone d'activités pétrolières ...

A titre d'exemple, le plan RIP de 1940 de bombardement de Bakou ne prévoyait au début que le déplacement au Nord-Est de la Syrie que de 4 groupes de bombardement (2 de Martin 167F et 2 de LeO.451), soit à peine plus de 50 avions, mais qui bombardaient plusieurs fois ...

Comme je l'ai dit plus haut, l'objectif n'était pas d'envahir Bakou, mais de restreindre l'approvisionnement en essence.

Bonjour,
Ces avions nazis n'étaient-ils pas stationnés en Syrie avec l'aval de l'état français? La campagne menée par les FFL et les Britanniques en Syrie n'avait-elle pas pour but de protéger les forces anglaises présentent en Irak??

Bonjour,

A noter que la Regia Aeronautica est aussi intervenu avec quelques moyens aériens (de façon très réduite et symbolique) en Irak.


J'essayerais éventuellement de faire un petit résumé de l'aspect aériens. J'avais commencé à rédiger quelques lignes sur le sujet. Peut-être pas aujourd'hui, par contre.

On peut aussi le voir à l'inverse, François ...

Jusqu'au raid américain sur Ploesti à la mi-1943, on pensait qu'il suffisait de quelques bombes bien placées pour incendier des raffineries et une zone d'activités pétrolières ...

A titre d'exemple, le plan RIP de 1940 de bombardement de Bakou ne prévoyait au début que le déplacement au Nord-Est de la Syrie que de 4 groupes de bombardement (2 de Martin 167F et 2 de LeO.451), soit à peine plus de 50 avions, mais qui bombardaient plusieurs fois ...

Comme je l'ai dit plus haut, l'objectif n'était pas d'envahir Bakou, mais de restreindre l'approvisionnement en essence.

Sans doute, mais ici nous réfléchissons sur la motivation
-de l'attaque allemande contre les Britanniques en Irak;
-de son caractère mou et vélléitaire.

Ce dernier jure avec une intention ferme de bombarder Bakou (est-elle d'ailleurs étayée par le moindre préparatif ? la moindre déclaration de Milch ou de Göring ?). Mais l'occupation de l'Irak elle-même jurerait avec le choix ferme de privilégier l'URSS comme ennemi par rapport à la Grande-Bretagne, dont on sait bien aujourd'hui qu'il a été arrêté en juillet 40.

Enfin, on sait aussi que Hitler voulait et espérait en finir avec l'URSS en trois mois maximum, pour devancer l'entrée en guerre fort prévisible des Etats-Unis. Ce postulat
-rend douteuse l'efficacité d'un ralentissement de l'extraction de son pétrole (qu'il faut des mois pour raffiner et acheminer vers les champs de bataille, compte tenu de l'état des réseaux de transport soviétiques : en gros, si la bataille dure trois mois, l'armée rouge vivra sur ses stocks; c'est précisément si on envisageait une campagne de 1942 à l'est que le bombardement prendrait son sens, or Hitler interdit mordicus de l'envisager -cf. le manque d'équipements d'hiver),
-et devrait dissuader de distraire des forces, et pour une occupation de l'Irak, et pour l'installation dans ce pays de bases aériennes.

Sans doute, mais ici nous réfléchissons sur la motivation
-de l'attaque allemande contre les Britanniques en Irak;
-de son caractère mou et vélléitaire.

Il n'y a aucune motivation de Hitler à envahir l'Irak ... Sauf pour s'en servir de base aérienne pour bombarder Bakou !!!

Ce dernier jure avec une intention ferme de bombarder Bakou (est-elle d'ailleurs étayée par le moindre préparatif ? la moindre déclaration de Milch ou de Göring ?).

Bien sûr qu'il n'y a pas de déclaration ... C'est un effet de surprise.

Les préparatifs, ce sont les trains de munitions et d'essence, les rotations de Ju-52 et Ju-90 de transport, etc ...
Quand aux quelques équipages qu'il a le temps d'envoyer en Irak avant la réaction de Churchill, ce sont des "bons", des vétérans des campagne de Pologne, de France, etc ...

Mais l'occupation de l'Irak elle-même jurerait avec le choix ferme de privilégier l'URSS comme ennemi par rapport à la Grande-Bretagne, dont on sait bien aujourd'hui qu'il a été arrêté en juillet 40.

On est d'accord là-dessus ...

Enfin, on sait aussi que Hitler voulait et espérait en finir avec l'URSS en trois mois maximum, pour devancer l'entrée en guerre fort prévisible des Etats-Unis. Ce postulat :
-rend douteuse l'efficacité d'un ralentissement de l'extraction de son pétrole (qu'il faut des mois pour raffiner et acheminer vers les champs de bataille, compte tenu de l'état des réseaux de transport soviétiques : en gros, si la bataille dure trois mois, l'armée rouge vivra sur ses stocks; c'est précisément si on envisageait une campagne de 1942 à l'est que le bombardement prendrait son sens, or Hitler interdit mordicus de l'envisager -cf. le manque d'équipements d'hiver),
-et devrait dissuader de distraire des forces, et pour une occupation de l'Irak, et pour l'installation dans ce pays de bases aériennes.

Oui pour beaucoup de choses ... Mais un armée en campagne, ça consomme plus d'essence qu'en temps de paix.

Et Hitler connaît Staline : il sait que la hantise de Youcef Djougatchvili est d'être attaqué sur 2 fronts.

Ce dernier jure avec une intention ferme de bombarder Bakou (est-elle d'ailleurs étayée par le moindre préparatif ? la moindre déclaration de Milch ou de Göring ?).

Bien sûr qu'il n'y a pas de déclaration ... C'est un effet de surprise.

je veux dire : déclarations postérieures, à Nuremberg par exemple. Ce ne serait pas décisif, mais à verser au dossier tout de même.

Finalement, j'ai un peu de temps disponible (et mon disque dur portable avec moi) :

Sources principales :
DUDGEON A G, Hidden Victory, The Battle of Habbaniya, Tempus, 154 pp.
JAMES B G, Hitler's Gulf War, Pen and Sword, 2009, 241 pp.
SHORES C., Dust Clouds in the Middle East, Grub Street, 1996, 308 pp.


La participation de la Luftwaffe est le fait du Sonderkommando Junck. Commandé par l'Oberst Werner Junck (basé à Rhodes), nommé aussi pour l'occasion Fliegerfuhrer Iraq, avec à ses côtés le Hauptmann Harry Rother (responsable du transport) et le Major Axel von Blomberg (officier de liaison après de Rashid Ali).

Les éléments aériens sont composés de trois Staffeln :
- 12 Bf 110 C de la 4./ZG 76
Oberleutnant Max Hobein ; Oberleutnant Herget ; Lautnant Drewes ; Leutnant Eisenach ; Leutnant Froehling ; Oberfeldwebel Brandsetter ; Oberfeldwebel Neureiter ; Oberfeldwebel Piwarz , Unteroffizer Hennies, Unteoffizer Wenke, Unteroffizer Ziegler ; Ofhr Bob.
- 7 He 111 de la 4./KG 4,
Hauptman Schwanhauser, Olt Schmidt, Olt Graubner, Lt Lothar Wolf, Ofw Thomas, Fw Prinz, Uffz Guretzki, Uffz Weber et Obgr Oertel
- 20 Ju 52 et Ju 90
- Kette de la ZG 26 sur Bf 110 C (Leutnant Woerner)
- une batterie de 20 mm Flak 38
- un groupe de technicien chargé de prendre les mesures nécessaires pour assurer le ravitaillement des avions avec le carburant disponible sur place.

12 mai :
Les appareils arrivent sur l'aérodrome de Mosul. Les appareils ayant fait escale notamment en Grèce (Athènes) pour application des marques de nationalités irakienne, puis Rhodes et Damas.
À noter que l'intervention allemande commence mal puisque le He 111 transportant le Major von Blomberg est victime de tirs en approche de Bagdad. À l'atterrissage, l'officier sera trouvé mort à sa place victime des tirs.

13 mai :
Un Blenheim du 203 Sqn RAF (Flg Off Lane-Sansom) est envoyé en reconnaissance au-dessus de Mosul. L'appareil est intercepté par un Bf 110, mais sans conséquence.

14 mai :
2 Tomahawk du 250 Sqn RAF (basé à Aqir, Palestine) pilotés par les Flg Off Wolsey et Aldrige décollent pour escorter deux Blenheim du 84 Squadron RAF, et un Blenheim Mk IVF du 203 Sqn RAF (T182, Plt Off Watson) afin de mener une attaque du terrain de Palmyre (Syrie) où un Ju 90 aurait été repéré en matinée. Les pilotes signalent la présence de 4 He 111 et un Ju 52. Le bombardement semble un échec sans trace de destruction. Le KG 4 signale, effectivement, la présence de 3 He 111 sur place au moment de l'attaque.

16 mai :
Un Blenheim du 203 Sqn RAF (Flg Off Lane-Sansom) largue deux bombes de 20lb sur Mosul où il reporte la présence de 6 Bf 110, 4 Bf 109 (!!!!!), 1 He 111 et 5 appareils non identifiés. Une Bf 110 tente encore de l'intercepter, mais sans succès.
Peu après, dans la matinée, 3 He 111 décollent pour bombarder Habbaniya avec un certain succès. Mais, un Gladiator du 94 Sqn RAF (Flg Off Herrtage) réussit à décoller et intercepter les appareils allemands. Lors du court affrontement, il réussit à endommager le He 111 de l'Olt Graubner (qui sera contraint à un atterrissage forcé près de sa base), mais il est lui abattu et s'écrase au sol.
Dans l'après-midi, le Flg Off Lane-Sansom retourne sur Mosul, accompagner par l'appareil du Sqn Ldr Pike pour mitrailler la piste où un appareil est reporté détruit au sol.

17 mai :
Tôt le matin, deux Gladiator (K7899 : Sgt Smith ; N5857 : Sgt Dunwoodie) du 94 Sqn RAF sont envoyés en patrouille au-dessus de l'aérodrome de Rashid (Bagdad) où ils attaquent deux Bf 110 au décollage, qu'ils revendiquent comme détruits.
À noter que le Lt Woerner et son mitrailleur Uffz Fisher (ZG 26) pourraient avoir été victime de cette attaque.

À noter que 2 appareils allemands de transport sont signalés détruits à Palmyre (Syrie).

Enfin, une attaque de Mosul est menée par 6 Blenheim, escortés par deux Hurricane Mk IIc prenant la défense allemande totalement par surprise. Si les dégâts sont difficiles à estimer, toujours est-il que l'Oberst Wesner Junck rapporte n'avoir à sa disposition plus que 4 He 111, 8 Bf 110 et 2 Ju 52 opérationnels.

18 mai :

Le Bf 110 du Hauptmann Erich Vogel et de l'Unteroffizier Joachim Elmann attaque des concentrations de troupes et véhicules britanniques près de Falloujah. Pendant ce temps, les appareils allemands patrouillent à la recherche des éléments britanniques envoyés pour lever le siège d'Habbaniya (repéré et attaqué la veille par un He 111). La recherche est un succès puisque l'avant-garde (C Squadron, Household Cavalery) est attaquée par 3 Bf 110 (sous les ordres du Leutnant Kurt Eisenach), leur infligeant plusieurs pertes humaines et matérielles. Les attaques allemandes n'empêchent cependant pas le corps expéditionnaire de rallier la base de la RAF.

19 mai :
1 Ju 52, 1 He 111 et 1 Ju 90 sont signalés détruits au sol à Damas.

À Mosul, l'Oberst Junck ordonne de prévoir un plan d'évacuation des appareils et du personnel allemand. Il fait aussi part de ses critiques de n'avoir aucun contact avec le commandement Irakien, l'empêchant d'envoyer ses appareils en appuie des opérations au sol.

20 mai :

Les Allemands envoient tous les moyens aériens disponibles pour soutenir les combats à Falloujah pour essayer de dégager les troupes irakiennes au bord de l'effondrement. Plusieurs affrontements ont lieu entre les Bf 110 et les Gladiators. Une victoire étant revendiqué par le Leutnant Martin Drewes (futur as aux 52 victoires), un Gladiator (Sgt Smith) étant signalé fortement endommagé. En fin d'après-midi, au-dessus du champ de bataille, 3 He 111 sont interceptés (et endommagés ?) par deux Hurricanes.

Dans le même temps, 6 Bf 110 attaquent le terrain d'Habbaniya, détruisant au moins un Blenheim (84 Sqn RAF), un DC-2 et deux Valentia (31 Sqn RAF), en plus d'autres dégâts matériels.

22 mai 1940

Deux Hurricanes Mk IIc retourne attaquer Mosul où deux appareils auraient été détruits. Cependant, le Flt Lt Sir Robert MacRobert est porté disparu. Ils sont suivis par un Blenheim du 203 Sqn RAF.
Dans le même temps, 2 He 111 attaquent Habbaniya sans résultats connus.

24 mai

Un Ju 52 est reporté détruit sur l'aérodrome d'Alep suite à une attaque par deux Blenheim Mk IV du 211 Sqn RAF.

25 mai

3 He 111, et 5 Bf 110 attaquent Habbaniya, tandis que 3 Blenheim du 84 Sqn RAF rendent la pareille sur Mosul.

28 mai

Le Sonderkommando Junck n'aurait plus que 2 He 111 (avec 4 bombes de 50 Kg) et 1 Ju 52 en état de vol. Il demande officiellement une évacuation immédiate du personnel allemand. Les appareils de transport basés en Syrie sont appelés à rejoindre Mosul, à l'aube le lendemain, pour précéder à l'évacuation d'une partie du personnel au sol dont la présence n'est pas indispensable et de ceux opérant la Flak.
Il demande, enfin, aux mécaniciens de faire le maximum pour remettre en état de vol le maximum d'appareils et retirer tout l'équipement inutile des He 111 et Bf 110 pour les utiliser comme appareils de transports.

30 mai

L'évacuation du personnel allemand commence malgré la perte supplémentaire d'un Ju 90 à Alep. Plusieurs aller-retour sont effectués jusqu'à 14h12 lorsque le dernier appareil allemand quitte Mosul. L'aérodrome est saboté.

À noter que suite à son retour en Allemagne, l'Oberst Werner Junck sera traduit en Cours martiales où il sera cependant innocenté des chefs d'accusation.


Éventuellement, je pourrais continuer avec le cas de la Regia Aeronautica, et de la RAF face à la force aérienne irakienne.