Post Numéro: 16 de Vincent Dupont 06 Fév 2012, 23:56
Question d'éthique de l'armée, on ne peut juger le comportement des hommes dans une telle situation lebel... A l'époque on avait une haute conception du devoir et de l'honneur (on savait encore ce que c'était).
Un excellent exemple de tiraillement est celui du colonel Tostain je pense. Chef d'EM de la division d'Oran il avait été mis dans le secret des opérations qui se préparaient par le général Mast et fut chargé de leur bon exécution en relation avec les résistants civils sur les objectifs définis (sabotages, coupures des transmissions, etc). Le moment venu, n'ayant pas la force mentale de faire le raisonnement que tu exposes (ils sont venus pour nous, ils sont venus nous réarmer, il faut les aider) mais cédant au réflexe conditionné de la sacrosainte hiérarchie du commandement, il averti son supérieur, le général Boissau. Ce dernier averti n'en tint heureusement pas compte mais dès les premières opérations il su, grâce à cela, que ce n'était pas qu'une petite opération commando et réagit en conséquence, avec violence, les pertes à Oran en font foi.
Quand à la préparation à la revanche en 1942 elle ne se fait plus qu'en sous-main mais elle continue. A la question est-elle illusoire ? la réponse est surement oui car pour l'armée de l'armistice l'ordre devait venir du maréchal Pétain, mais le fait est que tous les documents et témoignages prouve qu'une bonne partie de l'armée l'a souhaitée et préparée cette revanche (va voir les archives de l'EMA et du CDM), essentiellement en métropole cependant, donc ici hors sujet, car le moral de l'armée d'Afrique est différent de l'armée métropolitaine, n'ayant jamais été battue elle est plus fidèle au régime et la fidélité entraine l'obéissance et l'armée obéit. Le général Béthouart l'avait bien compris car ses efforts pour faciliter le débarquement des américains au Maroc passèrent pas un faux ordre d'opération ordonnant d'accueillir les troupes US sans tirer, parallèlement il court-circuita Noguès pour pouvoir être en haut de la hiérarchie et que les troupes lui obéissent, le Cdt en chef étant silencieux. (Mast fit de même à Alger, avec plus de succès car avec plus de troupes sûres sur les plages) Le soucis vint quand Noguès pu retrouver sa liberté d'action : il repris contact avec toutes les troupes auxquelles il donna un contre-ordre. Exemple à Fédala : ils exécutent l'ordre de ne pas tirer mais quelques heures plus tard reçoivent le contre-ordre de résister et commencent à tirer sur les troupes US qu'ils avaient tranquillement laissé débarquer sur la plage jusque là.
Amicalement
Vincent
"L'ignorance du passé ne se borne pas à nuire à la connaissance du présent ; elle compromet, dans le présent, l'action même."
Marc Bloch
Fusillé par l'occupant le 16 juin 1944