Post Numéro: 14 de huck 03 Sep 2010, 18:05
Lee Enfield a écrit:Qu'en est-il des citoyens canadiens d'origines germanique ?
Ont-ils été eux aussi interné ?
Si oui, réclame-t-on des excuses à ce jour ?
Qu'en est-il des citoyens d'un pays allié en général, originaire d'un pays de l'Axe ?
Lee Enfield
Il a eu de l'internement de japonais (comme aux états-unis, je n'ai pas les chiffres, mais aux États-unis le nombre d'internés était plus élevé, ce qui fit dire à un prof de droit de Yale, E. V. Rostow dans un article du Harper's Magazine que l'évacuation japonaise était la "plus grave erreur - américaine - de la guerre" ) sur le sol canadien, et surtout du déplacement familial dans des zones isolées (le Canada n'en manque pas) avec une réduction de l'activité (ça veut dire que le père de famille n'a plus sa job à l'usine ou son lopin de terre et que ses biens lui sont confisqués). Les internés étaient pour la plus part membres ou sympathisants à des mouvements qui selon l'occasion, étaient interdits. Par exemple en 1940, on internat les communistes (je ne crois pas qu'ils aient été dédommagés). On interdit le parti communiste également. Des syndicalistes furent aussi frappés par ces déportations. Ces mesures se dissipèrent pour le reste de la guerre lorsque l'URSS entra dans le camps des alliés. Les italiens, et les allemands ou sympathisants (comme Arcand) qui furent internés, le furent parce qu'il était proche de l'idéologie fasciste ou nazi, ou parce qu'ils étaient un peu "trop patriotique" envers leurs pays d'origines.
J'ai lu que sur les 26 camps d'internement canadiens, principalement deux reçurent des canadiens, les autres servaient aux prisonniers étrangers (marine marchande, soldats ennemis etc.. que l'Angleterre envoyait se faire emprisonner au pays du sirop d'érable).
À noter également qu'il n'y a pas eu que des opposants idéologiques ou "patriotiques" dans ces camps, on y trouva également des opposants à la guerre. La figure emblématique de Camillien Houde, maire de Montréal, illustre bien le propos. Voici ce qu'on trouve sur Wikipedia :
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Toutefois, à l'été de 1940, le gouvernement libéral fédéral de King décide d'imposer l'enregistrement obligatoire de tous les Canadiens valides en vue de la conscription. Cet enregistrement obligatoire doit se faire les 19, 20 et 21 août 1940. Le 2 août 1940, malgré la censure, Camillien Houde remet à la presse une déclaration contenant notamment le passage suivant : « (...) Je me déclare péremptoirement opposé à l'enregistrement national, qui est, sans aucune équivoque, une mesure de conscription, et le gouvernement, fraîchement élu en mars dernier, a déclaré par la bouche de ses chefs, de M. King à M. Godbout, en passant par MM. Lapointe et Cardin, qu'il n'y aurait pas de conscription sous quelque forme que ce soit. Le Parlement, selon moi, n'ayant pas de mandat pour voter la conscription, je ne me crois pas tenu de me conformer à ladite loi et je n'ai pas l'intention de m'y conformer. Je demande à la population de ne pas s'y conformer, sachant ce que je fais et ce à quoi je m'expose. Si le gouvernement veut un mandat pour la conscription, qu'il revienne devant le peuple et sans le tromper cette fois. » [29]
Le soir du lundi 5 août 1940, à sa sortie de l'hôtel de ville, Camillien Houde est arrêté par des agents en civil de la Gendarmerie royale du Canada, emmené de nuit et confiné sans procès[réf. nécessaire] et en secret dans un camp de concentration à Petawawa, en Ontario, où on tentera de le briser psychologiquement. Détenu numéro 694, il est assigné à couper du bois. On ne lui permet pas de communiquer avec qui que ce soit à l'extérieur, ni sa famille, ni un avocat. Personne n'est informé de ce qui lui arrive ni du lieu où il se trouve. Aux élections municipales du 9 décembre 1940, en l'absence de Houde, Adhémar Raynault reprend le poste de maire de Montréal. À la fin de 1941, Houde est transféré dans un autre camp de détention, près de Fredericton, au Nouveau-Brunswick. Là, on permettra occasionnellement à sa femme de venir le visiter. Ce n'est qu'après 16 mois de détention que sa femme est autorisée à le visiter, pour 30 minutes. Mais les humiliations ne cessent pas pour autant. On ne leur permet pas de se parler dans leur langue, le français, les geôliers ne les autorisant à se parler qu'en anglais, langue que Camillien Houde n'a appris que sur le tard et que sa femme connaît très peu.
Au cours des années, des voix commenceront à se faire entendre, d'abord timidement, puis de façon croissante, pour réclamer sa libération. Les députés Liguori Lacombe (libéral) et Sasseville Roy (conservateur) soulèvent la question au Parlement. À l'été de 1942, l'avocat Jean Drapeau rédige une requête à cet effet au gouvernement fédéral. Mais puisque Houde est détenu en tant que dissident d'opinion, le gouvernement répond qu'il n'envisagera pas de le libérer tant qu'il n'acceptera pas de se rétracter et qu'il doit présenter lui-même une requête pour sa libération. Drapeau réplique : « Vous n'avez pas demandé sa permission pour l'interner ; vous n'avez pas besoin de sa requête pour le libérer. Si vous avez le pouvoir de l'interner sans procès, vous avez celui de le libérer sans procès. »[30],[31]. En février 1943, l'Association des électeurs de Sainte-Marie présente une requête aux ministres fédéraux rappelant que l'infraction reprochée à Houde prévoyait une amende de 200 $ ou un emprisonnement ne dépassant pas trois mois, alors que Houde est détenu sans procès depuis plus de trente mois. Le ministre fédéral de la Justice, Louis Saint-Laurent, déclare que la détention est un acte préventif et non punitif.
En mai 1943, Houde se fait intimer de signer un document, rédigé uniquement en anglais, qui, lui explique-t-on, l'engagerait non seulement à taire ses opinions politiques mais encore à favoriser par son attitude les objectifs du gouvernement. Il refuse de signer. Il demande soit d'être libéré, soit qu'on lui permette de subir un procès, ou à tout le moins de comparaître devant une commission administrative. Mais, à la fin de 1943, de plus en plus inquiet pour sa famille laissée sans ressources, Houde accepte de signer ce qu'on lui impose. En juillet 1944, Paul-Émile Marquette, du Congrès canadien des métiers du travail, se rend à Ottawa à la tête d'une délégation ouvrière et rencontre le ministre Saint-Laurent, qui lui annonce que Houde serait libéré. Le gouvernement retarde néanmoins encore sa libération jusqu'après les élections générales québécoises d'août 1944. Houde est libéré le 14 août 1944. Sa résistance pacifique et digne en face de la répression pendant ces années d'épreuve lui ont acquis l'estime publique. Lorsque, le soir du 16 août 1944, il arrive à la gare Windsor de Montréal, une foule de plusieurs dizaines de milliers de personnes, pleine d'émotion, est venue l'attendre et l'accueillir. Camillien Houde entre alors dans la légende."
L'atmosphère n'est pas à la rigolade dans notre doux Canada, à cette époque.
Je ne trouve pas de chiffres précis sur le nombre d'internés, si Carcajou ou Audie avaient ça sous le coude...