Post Numéro: 7 de zambdav 10 Nov 2007, 10:58
Le problème de l'armée italienne n'a jamais été un manque de combativité. Ceux qui prétendent le contraire sont soit mal informés ou involontairement victimes des remugles de la propagande alliée d'hier, pétrie de ressentiments anti-italiens et de racisme purement anglo-saxon. Idem pour les Allemands qui, comme vous le savez, avaient la manie d'attribuer la paternité de leurs âneries militaires à leurs alliés.
N'oubliez pas que l'Italie est en guerre depuis 1935, que le pays est faiblement industrialisé et que son économie ne sera jamais intégralement tournée vers la guerre. Comme pour la France, son Etat Major est dépassé et pense que l'infanterie reste la reine des batailles. Les programmes de moderniasation des matériels sont retardés par le manque de matières premières et des strétagies erronées, sans parler de la lourde bureaucratie fasciste et de l'influence des "grandes familles" industrielles: de ce fait, des avions ou des blindés relativement modernes au moment de leur étude ne sont livrés que des années plus tard, comme le char M 11/39 ou le biplan Fiat CR.42. Songez que les pilotes italiens vont se battre sur ce dernier jusqu'à l'été 1943, sur sa version chasseur-bombardier! Je pense qu'il faut être "sévèrement burné", au contraire, pour accepter d'affronter des Spit ou des P-38 sur ces vénérables engins, ne croyez-vous pas? Idem pour les chars: les Britanniques, durant l'opération Compass, triomphent avec la plus grande des logiques de chenillettes L 3 et de M11/39 ou M 13/40 truffés de défauts et dont le blindage, riveté et constitué de mauvais acier, tue systématiquement, sous l'impact des obus antichars ennemis, les pauvres hères qui se trouvent à l'intérieur. Imaginez-vous des Français allant affronter des Panzer IV à bord des chenillettes Renault auxquelles on aurait "greffé" une paire de mitrailleuses? Impensable! Je ne sais pas ce qu'ils avaient "greffé" aux Italiens pour les contraindre à le faire (remplacez juste les Panzer IV par des matildas, et le tour est joué!), mais ils l'ont fait... et ça n'a pas été concluant, c'est le moins que l'on puisse dire.
Quand vous agrégez tous ces paramètres et de nombreux autres qu'il serait trop long d'énumérer ici (manque évidente de foi dans le fascisme et l'alliance avec l'Allemagne, notamment en haut lieu, société italienne très inégalitaire malgré les efforts du fascisme de juguler "la lutte des classes", un Etat ruiné, des privations, des soldats qui rentrent rarement dans leurs foyers, l'absence de matières premières, des stratégies erronées motivées, surtout entre 1940 et 41, par la volonté du Duce de tenter de concurrencer Hitler en "l'éloignant" de la sphère d'influence italienne en Europe tout en maintenant étroitement l'alliance de peur que l'Allemagne ne règle son compte à l'Italie, etc.), vous obtenez nécessairement des prestations très moyennes, sans compter que la malchance a joué bien des tours aux Italiens dans de nombreux affrontements! Mon expérience personnelle et mes recherches (et c'est le cas de beaucoup d'autres comme moi) ont prouvé que le soldat italien était quelqu'un de "capable". Les anciens combattants du Commonwealth ou allemands que j'ai interrogés ces 15 dernières années ont le plus souvent loué leur bravoure, avec mention spéciale puisqu'ils ajoutaient qu'ils n'étaient pas bien lotis du côté du matos, la plupart du temps. Teseo Tesei, le père des torpilles humaines, disait: "un pays riche n'envoie pas des hommes affronter des cuirassés; nous, nous menons une guerre de pauvres". Je crois que ça résume parfaitement l'affaire.
Je terminerai en soulignant que, pendant longtemps, les Italiens n'ont rien fait pour tenter d'infirmer les "légendes" autour de leurs pauvres prestations militaires. Le "bon italien" -sympa, un peu couillon, qui gratte des mandolines (ce "Capitaine Correlli", écrit par un Anglais, est truffé de ces stéréotypes d'une insondable mauvaise foi et d'une redondance xénophobe aussi dure que du béton!) fait du baratin aux jeunes filles des zones occupées et fait un bras d'honneur àl'officier, nécessairement fasciste, qui lui ordonne d'attaquer la position adverse- devait s'opposer au "méchant allemand" dont il avait été l'allié "involontaire". Et tout ceci est faux, bien entendu. Mais dans le monde de l'après-guerre, il fallait faire profil bas afin d'espérer que l'Italie retrouve vite une place honorable dans le concert des nations.