Otto ABETZ et les Français ou l'envers de la collaboration de Barbara LAMBAUER

Otto ABETZ et les Français ou l’envers de la collaboration – Barbara LAMBAUER
Thèse remarquable de Barbara LAMBAUER - Autrichienne, Barbara Lambauer est chercheur associé au Centre d'histoire de l'Europe du vingtième siècle (FNSP). Elle a soutenu en 2000 une thèse très remarquée sur la période d'activité de l'ambassadeur du IIIe Reich en France occupée.

J'avais commencé la lecture de ce solide pavé de quelques 800 pages, il y a déjà quelques années, peu après sa publication d'ailleurs/début des années 2000. J'en ai repris la lecture, il y a quelques semaines avec la ferme intention d'aller jusqu'au bout.

Cet ouvrage dresse le portrait d'Otto ABETZ - personnage emblématique de la période sombre de l'Occupation mais certainement très ambigu.
Avant même l'Armistice, Otto ABETZ fut désigné par Hitler pour suggérer aux vaincus qu'il y avait moyen de s'entendre avec les vainqueurs. Il fut en quelque sorte durant 4 ans la cheville ouvrière de la manipulation de l'opinion, des intellectuels, des milieux économiques et bien sûr des responsables gouvernementaux de Vichy et Paris.

"Découvrant, à l'occasion d'une première rencontre franco-allemande en Forêt Noire en 1930, la disposition des jeunes Français à un rapprochement avec l'Allemagne et s'adaptant aux limites imposées par l'arrivée d'Hitler au pouvoir, Otto Abetz élargit ce champ d'activité aux anciens combattants désireux de préserver la paix. Fin 1935, défiant la crise des relations franco-allemandes officielles, il réussit à provoquer la création d'un Comité France-Allemagne, qui compte un grand nombre de notables français prêts à prendre influence en faveur d'une entente franco-allemande. L'œuvre d'Abetz, devenu l'émissaire officiel du ministre allemand des Affaires Etrangères en 1938, doit être interrompue en 1939 après son expulsion, ses tentatives de prise d'influence étant devenues véritablement gênantes au moment même où une nouvelle guerre s'annonce. En 1940, il retourne triomphalement en France comme Ambassadeur de la puissance d'occupation. Si sa position et ses tâches restent floues à l'origine, l'axe de la collaboration qu'il réussit à instaurer avec Pierre Laval lui permet d'étendre considérablement son champ d'action, d'abord dans ses relations avec le gouvernement de Vichy et la mise en place d'une collaboration politique et économique, ensuite en un contrôle de la vie intérieure de la France. Ainsi il joue un rôle-clé dans plusieurs domaines caractérisant ce régime d'occupation : politique de persécution antijuive, pillage d'œuvres d'art, exploitation économique et surtout division de la France sur le plan intérieur. Son image de francophile et de nazi modéré aidant, il parvient effectivement à entraîner la France sur une voie de collaboration qui dépasse de très loin la convention d'armistice de 1940. En 1944, c'est lui qui mène la colonie des expatriés français à Sigmaringen. Après son arrestation par la police française en octobre 1945 et son procès en juillet 1949, il réussit à maintenir une certaine ambiguïté sur sa francophilie, et ce au-delà de sa mort en 1958. L'importance d'Otto Abetz dans l'histoire de la France de ces années noires était jusqu'à présent trop sous-estimée. "

https://www.cairn.info/revue-les-cahier ... ge-151.htm
https://journals.openedition.org/bcrfj/40