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Re: Les élites françaises entre 1940 et 1944

Nouveau messagePosté: 20 Juil 2016, 08:09
de JARDIN DAVID
j'ai attaqué la lecture et effectivement c'est assez cash...
Mais je ne pense pas qu'ALR était membre du PCF ... En tout cas pas après sa dérive d'après 1956 ...
JD

Re: Les élites françaises entre 1940 et 1944

Nouveau messagePosté: 10 Aoû 2016, 09:47
de JARDIN DAVID
Bonjour à tous, c'est la mi-temps !
Lecture faite pour la partie "Du Blitzkrieg ..." (les élites fricotent avec l'Allemagne), il me reste à analyser "vers la Pax americana", titre qui se passe de commentaire.

Je reviens sur une première impression, le livre est digeste. Oui Môssieur ! Je trouve même que ce nouvel opus est une nouvelle rédaction, plus aboutie qu'une simple suite du "Choix" ou des "Industriels et banquiers". Bien entendu il est difficile d'être plus précis en 500 pages qu'en 4 ou 5 fois 500, mais ALR affine maintenant ses analyses sans renier bien entendu ses premiers écrits. Et j'insiste (ou alors je me suis darwinement adapté ?) la lecture est presque agréable.

Comment ne pas saluer la mise au jour de documents bien référencés (12 pages de sources et biblio, sans parler des notes) et souvent inédits ? Avec une telle "fureur de lire", il est évident que l'auteur ne peut pas vomir ses 3/4 livres annuels, comme nous y habituent quelques professionnels de la plume salonnarde plus ou moins bien pensants. C'est un vrai travail de recherche très original. Exemple : certaines séries des AN, les archives de la préfecture de police. Toutes les sources sont référencées très précisément. Ce qui me fait, au passage, une belle jambe pour celle que je voulais consulter in extenso ... et qui est soumise à dérogation. Sur ce point, chapeau Madame !

J'ai bien quelques interrogations sur l'utilisation de certaines citations, tronquées forcément par manque de place et aussi pour renforcer le propos. C'est généralement une marque de fabrique dans les textes d'ALR, ce qui ne facilite pas la lecture. Exemples nombreux un peu partout, avec parfois une obligation de relecture attentive pour séparer ce qui tient de la citation, du complément proposé entre [ ] ou de l'analyse de l'auteur. Mais après tout, chacun est libre d'aller récupérer le texte initial. J'écris cela aussi car certaines affirmations sont excessives et destinées à emporter le morceau. Pour moi, ce sont justement des excès qui détruisent une partie de la validité du raisonnement. Ex : MAURRAS (p70 et suivantes) germanophile, non, ça ne colle pas ! Il aurait été préalablement excommunié (p129) car ... trop pro anti-allemand, avant de se tourner dans la bonne direction ??? Les chantiers de jeunesse pro-allemands (p125) ???
Je passe sur le grand Kapital du Creusot et du Comité des Forges, dont l'enrichissement non dénoncé est comparé au petit chiffonier juif JOINOVICI. Pour lui, bien entendu, c'était choquant !
A lire donc entre les lignes mais aussi dans le texte pour les bonnes analyses du haut personnel des coulisses de Vichy. Exemples : GUERARD, MENETREL, et les synarques.
Un terme est récusé en bloc, celui de "vichysto-résistant", qui n'est en fait pour ALR que la face affichée lors de la reconversion des élites du tuteur allemand-nazi vers le tuteur américain-capitaliste. Mais je suis en pleine transition avec la seconde partie ...
Un bon moment de lecture, mais à suivre avec bloc de papier et crayon.
A suivre.
JD

Ceci dit, je recommande cette acquisition (avec ou sans Aspro) en ajoutant "s'il n'y avait qu'un ouvrage d'ALR à lire, ce serait celui-là".

Re: Les élites françaises entre 1940 et 1944

Nouveau messagePosté: 10 Aoû 2016, 19:04
de pierma
JARDIN DAVID a écrit:Un terme est récusé en bloc, celui de "vichysto-résistant", qui n'est en fait pour ALR que la face affichée lors de la reconversion des élites du tuteur allemand-nazi vers le tuteur américain-capitaliste.

Cette histoire de conversion des tuteurs nazis vers les tuteurs américains c'est vraiment la logomachie du PCF au début de la guerre froide.

Dans tous les pays de l'est les politiques modérés qui empêchent la mise en place d'une "démocratie populaire" (c'est un abus de langage : il s'agit d'une dictature stalinienne) sont systématiquement accusé par le Parti Communiste local d'avoir collaboré avec les nazis.

Re: Les élites françaises entre 1940 et 1944

Nouveau messagePosté: 11 Aoû 2016, 08:08
de JARDIN DAVID
Tout à fait d'accord avec Pierma. Ce livre abonde en refrains du même tonneau. Mais en faisant abstraction de cette manie (comme les preuves de la synarchie etc) on peut découvrir des documents rares.
À ne pas mettre entre toutes les mains.
JD

Re: Les élites françaises entre 1940 et 1944

Nouveau messagePosté: 15 Aoû 2016, 16:00
de JARDIN DAVID
Je termine la lecture et je vous rassure : le soleil n'a pas tapé trop fort sur mon littoral d'échouage habituel.

La seconde partie traite du passage du "tuteur nazi au tuteur américain". Comme prévu.
J'ai bien aimé les pages 254 et suivantes : le Comité des Forges a peur de de Gaulle et invente Weygand puis Giraud. On apprend au passage que Loustaunau-Lacau était un agent allemand ! Avec des arguments limités. Je ne suis pas convaincu, passons. Autre scoop, l'arrivée "prévue" de Darlan en AFN juste pour Torch ! Henri Frenay, cagoulard "hautement probable" ! Et l'évasion de Giraud (à mettre en partie au crédit de la Résistance-Alsacienne) c'est tout du pipeau ! Une sortie organisée par le grand-kapital pour préparer le retournement de tuteur. Etonnant que rien n'ait fuité jusqu'ici, ou alors tous les exécutants étaient encore plus stupides que prévu ? C'était peut-être la séquence frissons du livre ...

Par contre, plus sérieux, intéressant car bien documenté, les tentatives pour en arriver à une paix de compromis germano-américaine en 1943-44, par le truchement de Murphy, Lemaigre-Dubreuil & Cie, les discussions de Madrid et aussi celles de Nice. Je confirme avec les pièces dont je dispose de mon côté et qui s'emboîtent parfaitement : il y eut bien une négociation Vichy-Giraud-(USA)-Abwehr. Mais faut-il pour autant aller aussi loin que l'auteur dans la recherche par Vichy de cette porte de sortie ? Là où je confirme, c'est bien sur la bonne foi des parlementaires allemands lors de ce qui s'est appelé "opération Rittmeister". Je peux en donner le nom : Max Buchholz, capitaine de l'Abwehr. Quant-à l'envoyé spécial de Giraud dont Knochen ne voulut plus se souvenir du nom ... c'est bien entendu "notre" Paul Dungler ! Le monde est petit. Sur ce point, de nouvelles sources documentaires apparaissent et complètent les trous du dossier Nosek. On dira ce qu'on voudra sur ALR, je persiste à apprécier ses qualités de découvreuse d'archives. Je la suis dans son démontage (ce n'est pas écrit ainsi, mais l'idée est la même) des grandes justifications de Gabriel Jeantet (Petain contre Hitler), rédigées à Thann chez son ami Dungler. Tiens tiens. L'aspect "complot contre Hitler" est tout à fait anecdotique et surtout, Max Buchholz n'a pas trahi sa hiérarchie, ce qui met par terre la théorie de G Jeantet. Dommage qu'ALR n'ait pas été tout à fait au bout de son paragraphe.
On peut en tirer des conclusions diverses. Contrairement à ALR je penche plutôt, concernant "l'affaire de Nice" pour une de ces nombreuses tentatives de la diplomatie souterraine. Diverses voies sont travaillées, mais une seule est retenue au final, les autres, devenues inutiles, étant oubliées ou désavouées. Le retournement des alliances (avec évacuation de la France sans combats) n'eut donc pas lieu, avec les conséquences que l'on sait.

Autre axe de travail intéressant, le combat de de Gaulle (ALR le classe tout de même dans les dangereux réactionnaires) contre le nouveau tuteur US et son agent Monnet !
On retrouve cela dans une phrase bien troussée de la conclusion : "Il [de Gaulle] a imposé sa marque au double titre de rebelle à la tutelle allemande et américaine." fermez le ban !

JD

Re: Les élites françaises entre 1940 et 1944

Nouveau messagePosté: 15 Aoû 2016, 18:18
de Christian27
Autre axe de travail intéressant, le combat de de Gaulle (ALR le classe tout de même dans les dangereux réactionnaires) contre le nouveau tuteur US et son agent Monnet !

Il n'est pas inutile de comprendre l'origine de l'anti américanisme, à ce moment précis et même avant. Déjà au 19è siècle les Américains s'opposaient aux Britanniques sur la question des colonies, c'est bien expliqué dans le livre d'Eric Hoesli La Conquête du Caucase. On peut critiquer cette attitude américaine mais elle a opposé effectivement les Américains aux Français et Britanniques.

Re: Les élites françaises entre 1940 et 1944

Nouveau messagePosté: 16 Aoû 2016, 15:03
de JARDIN DAVID
Donc pas d'autres lecteur d'ALR sur ce forum ?
JD

Re: Les élites françaises entre 1940 et 1944

Nouveau messagePosté: 16 Aoû 2016, 17:07
de Loïc Charpentier
Christian27 a écrit:[highlight=#FFFFFF
Il n'est pas inutile de comprendre l'origine de l'anti américanisme, à ce moment précis et même avant. Déjà au 19è siècle les Américains s'opposaient aux Britanniques sur la question des colonies, c'est bien expliqué dans le livre d'Eric Hoesli La Conquête du Caucase. On peut critiquer cette attitude américaine mais elle a opposé effectivement les Américains aux Français et Britanniques.


De part son statut de "colonie libérée", les Américains se voulaient et se targuaient, dès 1783, d'être le "phare" de "l'anti-colonialisme" (avant la lettre)... oui, je sais, çà fait beaucoup de guillemets. :D
Historiquement, c'est assez amusant - tout est relatif! -, car sa population émigrée "anéantira" les autochtones (tribus indiennes), chassera l'autorité espagnole, qui avait l'antériorité historique, du Texas et de la Californie (entre autres), n'honorera jamais sa dette financière, vis-à-vis de la France, après la cession de l'immense Louisiane, ira fourrer son nez à Cuba, dans les Philippines, face à la royauté espagnole, pour des motifs totalement pipeaux.
La France et les Etats-Unis en viendront aux mains, durant la Révolution, pour le même motif. Comme quoi, l'alliance " indéfectible" franco-américaine est très surfaite! :D
Hormis, l'intervention navale américaine, en Méditerranée, en 1801- 1802, face aux gouvernements d'Alger & Tripoli et leurs flottes "nationales"de pirates, dans un premier temps, cette hégémonie USA s'était voulu locale - quoique les Philippines ne sont pas, franchement, mitoyennes de la Californie! -, mais à partir de 1918, elle se veut universelle. A partir de 1945, durant les premiers mois de combats, en Indochine, face aux cadres nippons qui commandent premières unités Viet-MInh et aux troupes japonaises qui en constituent l'ossature, nous allons en baver grave, car ni les Brits, ni les Américains ne voulaient lever le petit doigt pour nous fournir du matériel.... Vous n'avez rien à foutre en Indochine !... Côté anglais, vu qu'ils avaient été priés d'abandonner leur Empire des Indes, il n'était pas question que les "Grenouilles" puissent camper en Indochine! Certes, l'attitude américaine évoluera, un peu, avec le déclenchement de la Guerre de Corée, mais les USA feront, quand même, les gros yeux aux deux nations "colonialistes", en 1956 - devant les Soviétiques morts de rire -, à l'occasion de "l'Affaire de Suez" et ferons, gravement, "caguer" la France, avec l'Algérie ; sauf, que, pas bol, cette dernière ira se jeter dans les bras de l'URSS§ Celà dit, ce n'est pas la seule! En gros, entre 1946 et 1980, dès qu'une nation accède à l'indépendance, avec ou sans armes, grâce à l'aide américaine (enfin, pas toujours!), cette ingrate fonce se réfugier dans les bras de Moscou...sauf les anciennes colonies françaises, à l'exception de la Guinée et l'Algérie et des anciens Dominions britanniques! Vous avouerez que c'est ballot, non ? Hormis que personne ne se remettra en cause à Washington! Bon, à ce moment-là, il est vrai qu'on arrive à l'ère très passagère du "marchand de cacahuètes", Donald Carter!

Moi, j'aime bien, sans préjuger des conséquences, quand une puissance, qui se veut arbitre mondial, passe 70 ans à se planter, régulièrement, sans en tirer les conséquences, sous prétexte qu'elle était intervenue, du "bon côté", dans le 1er conflit mondial, et que , "industriellement" et par son éloignement géographique, elle avait gagné la seconde.