Forum Le Monde en Guerre

Le 8 Mai 2015

Bonjour,

En ce jour de commémoration, je vous invite à découvrir dès maintenant le livre "Les années sombres", témoignage d'un Juif résistant pendant la Seconde Guerre mondiale, paru aux Editions du Panthéon.

Ce livre relate les souvenirs de mon grand-père Michel K., fils d'immigrés juifs polonais né en 1922, à Paris et en zone libre entre 1939 et 1945. Ses parents et sa soeur Suzanne ont été intérnés puis déportés à Auschwitz, alors que mon grand-père a réussi à passer en zone libre début Juillet 1942 près de Dax. Ce témoignage est retranscrit sous la forme d'un dialogue entre mon grand-père et moi, et évoque les événements marquants suivants: l'Exode, l'arrivée des Allemands dans la commune de Pouilly-sur-Loire, la Rafle du Vel d'Hiv, l'internement dans les camps de Pithiviers et de Drancy, la déportation vers Auschwitz, les chantiers de jeunesse dans la Drôme (Nyons), le sabordage de la flotte dans la rade de Toulon, et la Résistance dans la région Basses-Pyrénées près de Pau/Jurançon/Oloron-Sainte-Marie.

Caroline D.

Bonjour ou plutôt ... bonsoir,
Merci pour l'info ... mais ... plutôt que de nous renvoyer vers ce réseau social tout juste bon à faire frétiller les boutons des jeunes geeks, tu pourrais, ici, sur ce forum sérieux qui traite de la seconde guerre mondiale depuis près de 12 ans, nous faire un descriptif détaillé de cet ouvrage ...

A te lire

Amicalement

Oui d'autant plus que cela me parait intéressant.



Amicalement et bonne fin de soirée
Prosper

Bonsoir,

J'ai modifié mon premier message en donnant plus de détails sur le livre et en ne faisant pas référence au fameux réseau social

Au plaisir d'échanger avec vous,

Caroline

Bonjour,

Merci pour votre modification.

Votre livre promet d'être intéressant

Bien à vous

Bonjour Caroline,

D'aucun pourraient dire "Encore un livre de plus" (ma femme quand je ramène des bouquins 2GM à la maison par exemple ).

Mais je m'interroge sur ce qui peut vous avoir poussé à écrire ce témoignage. Un lien très fort avec votre grand-père j'imagine dès lors que vous avez choisi un ton de dialogue grand-père/petite-fille ? Ou alors une volonté de votre grand-père de voir partagé son vécu tant qu'il était encore temps ou pour vous la nécessité d'y apporter une forme de postérité ? Voire un rappel à la génération de nos enfants (mon grand-père est né en 1921 et vous et moi sommes pas conséquent de la même génération) pour qui la Seconde Guerre mondiale est une vieille chose estompée ?

Bref, votre motivation m'intéresse... merci d'avance d'accepter de nous en dire un peu plus.

Cordialement.

Daniel

Bonjour Daniel,

Je vous remercie pour votre message. En 2012, au hasard d’une discussion avec mon grand-père, j’ai pu lire des cartes postales que sa sœur lui avait envoyée quelques jours seulement avec qu’elle ne soit arrêtée lors de la Rafle du Vel d’Hiv. Cela m’a beaucoup émue, et c’est alors que cette guerre, que j’avais maintes fois étudiée à l’école de manière « théorique », m’est apparue plus tangible car liée à l’histoire de ma propre famille. J’ai donc questionné mon grand-père lors de nombreux entretiens, afin de recueillir son témoignage sur ce qu’il avait vécu pendant la guerre, et son parcours m’a semblé assez riche et instructif pour en faire un livre.
L’objectif de cet ouvrage est triple :
Je souhaite tout d’abord rendre hommage aux membres de la famille de mon grand-père : ses parents, sa sœur, ses oncles, tantes, cousins et cousines qui ont été déportés, dont plusieurs enfants très jeunes, bien trop jeunes, et dont le souvenir risquait de disparaître avec lui.
Au-delà de l’hommage familial, je voudrais offrir aux générations futures un témoignage particulier, celui d’un jeune adulte qui a échappé par chance aux déportations et qui a dû subvenir seul à ses besoins dans un environnement hostile, voire dangereux. Comme vous l’avez fait remarquer, de nombreux témoignages ont été écrits sur cette guerre, et celui-ci n’en est qu’un parmi d’autres. Mais il est par définition unique, et participe à la multitude des points de vue qui seule permet de comprendre ce que fut la vie quotidienne pendant la Seconde Guerre mondiale en France. La forme et le contenu du témoignage sont par ailleurs particulièrement adaptés à des collégiens et lycéens qui souhaitent comprendre cette guerre à travers les yeux d’un jeune homme qui avait leur âge à l’époque.
Enfin, je désire encourager les personnes de ma génération à recueillir les mémoires de leurs grands-parents, car l’expérience montre que ceux-ci se confient plus facilement à eux qu’à leurs propres enfants. Mais aussi et surtout, parce qu’il sera bientôt trop tard pour le faire.

Bien cordialement,

Caroline

Vous évoquez je trouve plusieurs aspects intéressants du témoignage, de sa transmission et de sa conservation.

Caroline D. a écrit:Comme vous l’avez fait remarquer, de nombreux témoignages ont été écrits sur cette guerre, et celui-ci n’en est qu’un parmi d’autres. Mais il est par définition unique, et participe à la multitude des points de vue qui seule permet de comprendre ce que fut la vie quotidienne pendant la Seconde Guerre mondiale en France.

Effectivement, les passionnés d'histoire savent à quel point chaque témoignage est unique et apporte un point de vue particulier sur l'ensemble. C'est effectivement la multiplication des témoignages et des sources qui petit à petit apporte un éclairage de l'ensemble. Vous aurez bien compris que "Encore un livre de plus" était évidemment un boutade.

Caroline D. a écrit:La forme et le contenu du témoignage sont par ailleurs particulièrement adaptés à des collégiens et lycéens qui souhaitent comprendre cette guerre à travers les yeux d’un jeune homme qui avait leur âge à l’époque.

Voilà une démarche tout à fait originale pour, effectivement, intéresser les adolescents d'aujourd'hui au destin éloigné dans le temps d'un adolescent d'hier. Envisagez-vous une promotion particulière de votre ouvrage à travers les lycées et les collèges ou via les professeurs d'histoire ?

Caroline D. a écrit:Enfin, je désire encourager les personnes de ma génération à recueillir les mémoires de leurs grands-parents, car l’expérience montre que ceux-ci se confient plus facilement à eux qu’à leurs propres enfants. Mais aussi et surtout, parce qu’il sera bientôt trop tard pour le faire.

Un aspect qui m'intéresse particulièrement. Mes grands-parents m'ont peu transmis leur expérience de combattant (mon grand-père) puis de résistants (mon grand-père et ses parents et ma grand-mère). Et pourtant, ils partagent et encouragent mon intérêt pour le 2GM depuis plus de 30 ans. L'évocation de souvenirs douloureux semble pesante (mon grand-père a bien plus raconté ses souvenirs de combattant et presque pas son activité de résistant). Ma grand-mère a des souvenirs très précis de la libération mais bien moins, ou s'en ouvre moins, sur l'occupation. Je ne parlerai même pas des mes arrières grand-tante et oncle survivants d'Auschwitz qui n'en ont jamais rien évoqué. Sans oublier leur passé, tous 4 regardaient surtout vers l'avenir.

Mais je partage votre expérience, le peu que j'ai appris de mes grands-parents, mes parents n'en avaient pour ainsi dire jamais entendu parler. Je trouve ça interpellant.

Avez-vous un avis sur cette question en particulier ?

Bonjour, Caroline, bonjour Daniel,
Il est vrai que j'ai entendu parler de la Seconde Guerre mondiale surtout de la part de mon grand père et de ma grand mère et en moindre mesure via ma mère.
Bien cordialement
Prosper

Bonjour Daniel, bonjour Prosper,

D’après les discussions que j’ai pu avoir à l’occasion de mes recherches pour le livre, c’est apparemment un phénomène très fréquent que les grands-parents d’aujourd’hui n’aient transmis que peu de souvenirs à leurs enfants. Je pense que la douleur des souvenirs, une certaine pudeur et une forte volonté d’aller de l’avant empêchaient alors la transmission précise de la mémoire.
J’émets l’hypothèse que ceci est renforcé par le fait que la curiosité de certains trentenaires d’aujourd’hui vis-à-vis de cette guerre se trouve particulièrement aiguisée tant son déroulement leur paraît incompréhensible et incroyable, ce qui les pousse à interroger leurs grands-parents. Pour ne parler qu’en mon nom, j’ai grandi dans les années 80 et 90 dans un environnement dont les « acquis » culturels et sociaux - par exemple l’antiracisme, l’abandon du service militaire, la consommation, l’amitié franco-allemande - m’empêchent presque de comprendre comment cette guerre a pu avoir lieu (alors que justement, ces « acquis » sont en grande partie une conséquence de cette guerre). C’est sans doute au fond ce qui m’a poussé à écrire ce livre, pour essayer de comprendre.
Je souhaite en effet faire la promotion de ce témoignage auprès des professeurs d’Histoire des classes de 3ème et de lycée, même si je n’ai pas encore défini la méthode (si vous avez des idées, je suis bien sûr preneuse !).

Bien cordialement,

Caroline