Dimanche prochain auront lieu à St Donat-sur-Herbasse dans la Drôme, les commémorations des événements du 15 juin 1944.
Nous y serons présents ainsi que d'autres auteurs qui ont écrit sur le sujet et j'espère aussi beaucoup de monde et notamment des jeunes.
Voici le texte du communiqué de presse rédigé par notre éditeur et une des affiches composées pour l'occasion.
15 juin 1944 – 15 juin 2014
Le 15 juin 2014, les habitants de la Drôme des Collines et ceux de Saint-Donat-sur-l'Herbasse célébreront le 70° anniversaire du drame du 15 juin 1944. De nombreux témoins et acteurs de la résistance sont encore vivants et seront présents, une occasion de transmettre aux jeunes générations le flambeau du devoir de mémoire. A cette occasion, exceptionnellement, la maison Chancel, située rue Pasteur, près de la Mairie, sera ouverte au public et présentera une exposition d'une journée. Plusieurs auteurs dédicaceront leurs ouvrages.
Le 15 juin 1944 : rappel des faits
Après le débarquement du 6 juin 1944, dans toute la France, le danger est permanent. En Drôme, la milice est là qui rôde et qui surveille. Un garçon du village, pour se rendre intéressant, se rend à la Gestapo à Valence et dénonce des allées et venues « suspectes ». Le 15 juin 1944 à 8 h 30, quatre Messerschmitt 103 survolent le village à très basse altitude et mitraillent, à cinq passages, les rues, les jardins et les maisons en mesure de représailles. Trois colonnes de camions, d’automitrailleuses et de tanks, venant de Valence, encerclent le bourg. Les soldats investissent Saint-Donat en tirant des coups de feu, perquisitionnent, pillant systématiquement maisons et commerces.
D’autres interpellent des habitants, les chassent de leurs maisons, en les frappant. Quatre-vingt trois otages, de tout âge, sont rassemblés à midi, face au mur devant la poste. Au moindre geste, ils sont sauvagement frappés. Ils sont interrogés individuellement, violemment, par un officier assisté d’un milicien. Aucun ne parlera. Six d’entre eux sont particulièrement maltraités et emmenés à Valence, trois sont relâchés. Le lendemain, les trois autres, Louis Fau, gendarme, Émile Gay, 73 ans, et Albert Bernard, 20 ans, seront transférés au fort Monluc à Lyon puis fusillés avec trente autres compagnons, à Portes-lès-Valence, le 8 juillet 1944.
Les autres otages sont libérés vers seize heures.
Après cette mise à sac du village, les soldats s’emparent des femmes, jeunes filles et fillettes et les violent. Parmi ces victimes, se trouve Jeannie Chancel, la fille aînée de Mady et Jean Chancel. Dès le début de l’attaque, l’hôpital clandestin, près de la boulangerie Ronjat, a pu être évacué. Aragon et Elsa Triolet, qui ont gagné la colline et se cachent dans la campagne, ont échappé au massacre.
À leur retour, ils trouvent leur maison saccagée comme les autres. Quelques jours plus tard, au cours d’un déplacement à Lyon, ils rendent visite à Jeannie, hospitalisée. Elle meurt quelques jours plus tard des suites de son agression, à treize ans et demi. Pour elle, Aragon composera un poème, «D’une petite fille massacrée».
La transmission aux jeunes générations
Nous vivons dans une grande période de commémoration. L'attaque de Saint-Donat préfigure celle du Vercors. Cependant les résistants, à Saint-Donat, sauront surmonter la haine : la défense des valeurs de liberté, d'égalité et de fraternité conduira la ville à se jumeler avec les communes de Ottobeuren en Allemagne (depuis 1994), et Oulx en Italie (depuis 1984), les deux pays qui ont successivement occupé la Drôme pendant la seconde guerre mondiale. Mais fraternisation ne signifie nullement oubli, bien au contraire.
Pour cette raison, la maison Chancel sera ouverte la journée du dimanche 15 juin et présentera une exposition réalisée par l'association Patrimoine du pays de l'Herbasse. Cette exposition sera l'occasion de transmettre cette histoire particulière aux jeunes générations.
Des auteurs de livres consacrés à la résistance seront présents :
· Jean Sauvageon et Danielle Bertrand pour Jean-Pierre aime la Citronelle,
· Derry et Pago pour la bande dessinée les Lucioles – résistances en Drôme des collines, 15 juin 1944
· L'Association du patrimoine du pays de l'Herbasse pour Un événement, des vies à Saint-Donat sur l'Herbasse, Guerre de 1939-1945 et 15 juin 1944,
· Michel BRET ( fils de Claire Bret chez qui se réfugièrent Louis Aragon et Elsa Triolet) pour Louis Aragon et Elsa Triolet à Saint-Donat.
Lors de la commémoration qui se tiendra à 11 heures avenue Georges Bert, des textes, des poèmes et des lettres de résistants de Saint-Donat seront lus par des jeunes. Nul doute qu'après ce grand moment d'émotion, le verre de l'amitié servi ensuite par la municipalité permettra aussi à chacun de poursuivre sa réflexion, d'interroger les témoins présents.
Ce 15 juin 2014, à Saint-Donat, sera bien une étape incontournable dans la suite des commémorations concernant la libération de la Drôme et dont le point d'orgue sera la cérémonie nationale du 21 juillet à l'occasion du vingtième anniversaire du mémorial de Vassieux.
François Baudez
- Affiche pour le 15 juin 2014.jpg (215.19 Kio) Vu 1067 fois