J'ai survécu au débarquement. Doyon, Marilou et Martine. Éditions JCL. 248 pages. 2012.
Journal de Montréal
Texte de Marie-France Bornais, agence QMI.
`` L'ancien combattant Germain Nault, 92 ans, de Bromptonville, a tout vu du débarquement de Normandie, en juin 1944. Dans sa mémoire, c'est comme si c'était hier, ses amis blessés, tués, maltraités. L'horreur d'être fait prisonnier par les Allemands. La joie de s'en être tiré vivant. Il a tout raconté à ses petites-nièces, Marilou et Martine Doyon, qui livrent son témoignage dans J'ai survécu au débarquement, un document choc.
``J'ai dicté le livre dans le but que ce soit utile pour les autres. J'ai donné des conférences dans les écoles secondaires et les cégeps et j'ai trouvé que les enfants avaient l'air très intéressé``, observe-t-il. Germain Nault a toujours refusé que qui que ce soit écrive ses mémoires. Jusqu'à ce que les petites-filles de sa soeur, les jumelles Marilou et Martine Doyon, le lui proposent. Et qu'il accepte de raconter ses souvenirs, à condition qu'elles n'en changent pas un mot et ne romancent rien. Il est aujourd'hui extrêmement reconnaissant de leur travail, qui a duré quatre ans, et les remercie d'avoir été aussi incrédules et d'avoir vérifié les informations et de s'être assurées que tout ce qu'il disait était véridique.
Choisir de parler
Germain Nault aurait pu choisir de se taire, de ne pas dévoiler l'horreur, la peur, de ne pas raconter comment le courage et le sang-froid lui ont permis de s'en sortir. Mais il a choisi de parler. De raconter son entrainement, son arrivée en Angleterre, ses combats jusqu'au fameux jour V, son retour en Amérique et sa démobilisation.``Il fallait que je me rappelle de tout, mais je me suis embarqué dans ce projet et ce que je déclarais, je peux vous dire que je le voyais encore. Ca a commencé avec l'histoire de Fernand Hains, qui était mon grand ami, décédé à 10h dans l'avant-midi. J'ai ``piqué une braille`` quand je l'ai vu, puis je me suis réveillé en me disant: Germain, t'es pas pour brailler tout le monde ici, il y en a déjà des milliers de morts. À partir de là, tout est entré dans ma mémoire et ca ne m'a jamais dérangé. C'est fait, c'est fini, on n'en parle plus.``
Se rappeler de tout l'inquiétait un peu, mais il s'est fait confiance.``Je voyais les scènes, comme celle de Fernand Haines et du major Lamoureux qui s'est fait couper une jambe. J'ai cherché la jambe et je ne l'ai jamais trouvée. Je revoyais ca comme si c'était hier. Des scènes ou il y avait plusieurs milliers de morts m'ont ému.``
Son attitude fonceuse l'a aidé en tout temps. ``Mon destin était tracé en venant au monde. J'ai un chemin de tracé, et je le suis. Et je suis positif et je crois au destin. Je ne vous dirai pas que je n'ai pas eu pas peur. Et j'aurai peur de quelqu'un qui me dirait qu'il a été à la guerre et n'a pas eu peur. J'ai eu mes hauts et mes bas. Il y a des journées où j'aurai filé pour être chez nous, près de ma mère!``
Les Allemands
Fait prisonnier par les Allemands, Germain Nault a du être plus futé qu'eux pour avoir la vie sauve. Désorientés, ses géôliers lui ont demandé de l'aide et il les a conduits directement dans le camp des Canadiens.``J'ai le sens de l'orientation et je l'ai ai envoyés à l'inverse du lieu où ils auraient rêvé aller.``
Germain Nault était stationné en Angleterre depuis 42 mois lorsque l'opération Neptune a été lancée. ``On était prêts à attaquer. On n'a jamais appris à reculer: C'est intéressant de comprendre que retraiter, c'est plus difficile qu'attaquer. Et tout ce qu'on pense, c'est d'avancer. Le Régiment de la Chaudière a été reconnu comme un très bon régiment.``
Clin d'oeil du destin, Germain Nault a épousé Stella Grégoire, une inconnue qui avait tricoté des bas de laine en cadeau de Noel pour les soldats envoyés au front.``Elle avait glissé un papier avec son nom dans le bas. Je n'avais aucune idée de qui elle était. Je l'avais mis dans mon portefeuille. Je suis allée la remercier. On s'est fréquentés pendant deux ans et on a été mariés pendant 50 ans. Elle est décédée trois mois après notre 50e anniversaire de mariage. Je crois énormément au destin.On a eu un mariage heureux.``
Le Journal de Montréal. Section Livres. dimanche 20 janvier 2013.p.49.