Connexion  •  M’enregistrer

CHAUVY Le drame de l'armée française

Venez nous présenter votre dernière lecture ou des ouvrages qui vous tiennent particulièrement à coeur. Parlons des dernières parutions concernant la seconde guerre mondiale. Une belle photo de la couverture est toujours la bienvenue...
Présentez également vos périodiques préférés. Donnez-nous les sommaires et discutez sur les contenus.
MODÉRATEURS: Gherla

Re: CHAUVY Le drame de l'armée française

Nouveau message Post Numéro: 41  Nouveau message de All  Nouveau message 18 Avr 2010, 07:26

Pour le débat, voici une lettre du général Larminat datant de 1955

Pouvait-on continuer la guerre en Afrique du Nord en juin 1940 ?

Par le général de Larminat

Nous reproduisons ici, sur ce sujet souvent débattu, une lettre du général de Larminat insérée par le journal « Le Monde », du 23 juin dernier.



Paris, le 28 mai 1955

Monsieur le rédacteur en chef,

J'ai lu avec un grand intérêt l'article du général Weygand paru dans votre journal du 10 mars 1955 sous le titre : « Transporter en juin 1940 la lutte en Afrique du Nord eut été la perdre », pour répondre aux affirmations émises sur le sujet par le général de Gaulle dans ses propres Mémoires.

Je ne suis ni nommé, ni directement visé dans l'article du général Weygand ; mais vous conviendrez certainement, Monsieur le rédacteur en chef, que tous ceux qui, dès juin 1940, ont agi en vue de conserver dans la lutte, aux côtés de nos Alliés, les territoires français d'outre-mer, sont solidaires devant les conséquences et les interprétations de leurs actes, comme ils l'ont été dans ces actes. Je vous demande donc d'avoir la courtoisie d'insérer dans votre journal la présente lettre, qui évoque sur le sujet considéré un certain nombre de points de fait, et propose, en face des affirmations apportées par le général Weygand, des arguments que je crois susceptibles d'éclairer utilement la controverse.

Je rappelle brièvement qu'en juin 1940, j'étais, sur recommandation expresse du général Weygand, chef d'état-major du général Mittelhauser, commandant en chef du théâtre d'opérations du Moyen-Orient - que j'y échouai dans ma tentative de garder les forces du Moyen-Orient aux côtés des Alliés - que je fus mêlé peu après à l'essai de résistance de Djibouti - pour être finalement plus heureux et réussir, aux côtés d'Éboué, Leclerc, d'Ornano, Pleven, Sicé, Boislambert, Delange, à rallier le bloc d'Afrique équatoriale - Cameroun qui fut le pivot territorial de la France Libre.

*

Sur le point de savoir si la guerre devait et pouvait être poursuivie dans l'Empire français, la Méditerranée étant la Marne du temps, je propose les points de fait et thèmes de réflexion qui suivent :

- c'est un point de fait que, quels que soient les efforts déployés et l'aide des Britanniques, l'on aurait pu faire passer en Afrique du Nord en juin 1940 beaucoup plus de 50.000 hommes, non dépourvus d'équipement, et que l'Afrique du Nord aurait eu quelque mal à les héberger, sans qu'il y eut là obstacle rédhibitoire dans un épisode aussi tragique et vital - on l'a bien vu en 1943 ;

- c'est un point de fait que la part de ce renfort attribuée à l'armée de terre aurait considérablement valorisé nos troupes d'Afrique pauvres en cadres et spécialiste ;

- c'en est un autre que notre flotte trouvait à Bizerte et Mers-el-Kébir de quoi combattre pendant quelques mois et que cela assurait aux Alliés la maîtrise en Méditerranée. Après cela, elle aurait fait comme tout le monde dans les temps difficiles : cannibalisation, modifications d'armement, etc. En tout cas elle aurait évité ce sort lugubre d'encombrer les fonds de la rade de Toulon, sans avoir combattu ;

- c'est un point de fait que nous disposions alors en Afrique du Nord, en matériels d'aviation modernes, servis par des équipes de première valeur et en nombre surabondant, et disposant d'une infrastructure permettant les manoeuvres :

de 200 avions de chasse (Dewoitine 520 et Curtiss P. 36) soit sept groupes ;

de 110 avions de bombardement (Léo 45, Boston, Glenn Martin) soit neuf groupes, plus bon nombre d'avions de reconnaissance utilisables.

Ces forces aériennes non négligeables étaient assurées d'être entretenues et renforcées par les envois américains. En vertu des contrats passés, les Curtiss, les Boston, les Glenn Martin et leurs rechanges débarquaient régulièrement en caisse à Casablanca, et il est d'évidence que les envois se seraient intensifiés. Au bout des trois à quatre mois de préparation indispensable, il pouvait y avoir supériorité aérienne locale en notre faveur.

Notons de plus que l'Axe ne possédait pas de porte-avions et que les Britanniques - qui auraient mis tout en oeuvre pour sauver Malte et la route des Indes - en avaient.

- De toutes façons, l'entreprise allemande vers l'Afrique du Nord ne se serait développée qu'après l'échec de la bataille d'Angleterre - car le succès de celle-ci l'eut rendue inutile - et dès lors les chances d'obtenir le consentement de l'Espagne devenaient très douteuses, l'événement l'a prouvé - cependant que les délais nous auraient permis d'organiser la défense (1).

- Une telle opération, menée à partir de bases éloignées dépendant de lignes de communication incertaines, contre un adversaire ayant la maîtrise de la mer et disposant de forces aériennes bien adaptées, comportait des aléas de nature à faire hésiter un Hitler qui a toujours répugné à des aventures outre-mer, et qui dès ce moment s'orientait vers l'Est. Le succès en était douteux si elle avait été tentée.

- Le bénéfice stratégique à attendre du maintien de l'Afrique du Nord et de la flotte française dans la guerre était par contre immense ; c'était à bref délai l'éviction des Italiens d'Afrique et de la Méditerranée, l'économie énorme des moyens qui durent être dépensés par les Alliés pour entretenir, par le Cap, le théâtre d'opérations du Moyen-Orient, conserver Malte, puis prendre pied en Afrique du Nord - sans parler des risques sévères qui furent pris pendant deux ans.

*

Ne serait-il pas plus réaliste d'essayer de comprendre ces décisions de juin 1940 selon l'optique du moment, au lieu d'essayer de les justifier en fonction des événements qui suivirent - ou qui auraient pu suivre ?

J'ai constaté à distance l'effet d'inhibition étonnant produit par la victoire allemande sur des gens qui n'avaient rien à en craindre immédiatement et n'avaient pas subi directement les coups. J'aurais beaucoup d'histoires drôles à conter à ce sujet. Je mentionne simplement que le maréchal Smuts, qui n'avait rien d'un francophile, a avoué au général de Gaulle en 1942 que sans notre coup d'audace d'Afrique équatoriale - qui a rompu l'envoûtement - il n'aurait pu tenir le Sud-Afrique dans la guerre.

Faut-il s'étonner dès lors que des chefs qui avaient vécu toutes les émotions, subi toutes les fatigues, sous le faix d'immenses responsabilités, aient perdu quelque peu de la lucidité et de la fermeté qu'il leur eut fallu pour mettre l'événement à sa vraie place et en tirer les justes conséquences ? Alors qu'ils n'étaient eux-mêmes pas soutenus par un gouvernement ferme, fort et lucide ? Il serait injuste de le leur reprocher.

Mais il faut bien comprendre et se remémorer que sous le coup de massue, et comme presque tous les Français, et au moins jusqu'à l'échec de la bataille d'Angleterre, ils ont admis la victoire totale allemande.

Certains l'ont joué : un marin comme Darlan savait que ses bateaux, une fois enfermés dans nos ports, n'en sortiraient plus que dans le cadre d'une grande flotte « européenne ». D'autres l'ont admise seulement, comme un fait acquis, et ont agi contre ce qui pouvait desservir les intérêts de la France en fonction de ce fait.

Seul le général de Gaulle, et quand bien même tous les éléments de sa conviction n'auraient pas été absolument fondés, a eu la vision transcendantale de l'événement, du salut public, l'héroïsme d'en prôner et d'en adopter les moyens.

*

Pointilleusement et une fois encore, le général Weygand distingue entre capitulation et armistice, la première étant déshonorante et le second honorable.

Cette distinction m'a toujours rempli d'étonnement. Elle sent son ancien régime et le temps des armées de mercenaires, ou l'on voit très bien le maréchal de Saxe se retourner vers la Cour de France : « L'honneur de Maurice de Saxe lui interdit de capituler, et comme son armée ne peut plus se défendre, à Sa Majesté de prendre l'affaire à son compte ». Somme toute, un de ces subtils transferts de responsabilités entre pouvoirs militaires et civils, qui satisfont les points d'honneur à défaut des intérêts nationaux.

Mais nous sommes au vingtième siècle, et la guerre contre Hitler mettait en jeu le total. Et là je ne peux plus suivre, ni comprendre et admettre cette dissociation de l'armée et du gouvernement. Celle-ci pouvait et devait capituler, en bloc ou par parties, après avoir épuisé ses moyens de défense, selon les ordres du gouvernement et pour lui donner les moyens de conduire la suite de la guerre aux mieux des intérêts du pays.

Il n'y a pas de code de justice militaire qui tienne contre cette évidence.

*

Pour en terminer sur le sujet, je pense que le meilleur argument que le général Weygand aurait pu invoquer contre le transfert de la guerre en Afrique est que cette guerre ayant été mal préparée et conduite en France, dans des conditions réputées normales, par le parlement et le gouvernement du temps, les mêmes eussent à fortiori été bien incapables de mener outre-mer une guerre autrement difficile, sinon désespérée.

Cet argument ne manque pas de valeur et il n'y a pas à dissimuler que si quelque chose, et même de grandes choses, ont pu être faites avec de modestes moyens, c'est bien parce que le général de Gaulle a, pendant cinq ans, disposé d'une autorité non contestée.

Il ne me satisfait cependant point. Ce n'aurait pas été la première fois que les Français se seraient ressaisis dans le malheur et auraient fait preuve de cohésion pour en conjurer les effets. En tout cas la mise en jeu dans la guerre de tous les moyens qui nous restaient, la position morale et matérielle que cela nous assurait dans le camp allié, le maintien de la légitimité dont firent bon marché à tort les hommes du 10 juillet, et par voie de conséquence celui de l'unité morale du pays, tout cela devait avant tout être considéré.

Veuillez agréer, Monsieur le rédacteur en chef, les assurances de ma haute considération.




1) Deux bonnes divisions, bien armées, pouvaient être prélevées sur le Levant et transportées en Afrique du Nord.



Extrait de la Revue de la France Libre, n° 81, septembre-octobre 1955.


Cette lettre provient de ce site http://www.france-libre.net/temoignages ... guerre.php


 

Voir le Blog de All : cliquez ici


Re: CHAUVY Le drame de l'armée française

Nouveau message Post Numéro: 42  Nouveau message de Pierre.S  Nouveau message 18 Avr 2010, 07:56

....."Seul le général de Gaulle, et quand bien même tous les éléments de sa conviction n'auraient pas été absolument fondés, a eu la vision transcendantale de l'événement, du salut public, l'héroïsme d'en prôner et d'en adopter les moyens.".....

Quand une vision est partagée par un plus grand nombre elle perd son caractère transcendantal pour devenir raison et conviction...Mettez un moine boudhiste dans la campagne bretonne et essayez de faire croire aux paysans du coin que c'est lui qui détient la vérité et qu'il faut le suivre.....(en juin 40, bien sûr, aujourd'hui ce serait différent... :) )


 

Voir le Blog de Pierre.S : cliquez ici


Re: CHAUVY Le drame de l'armée française

Nouveau message Post Numéro: 43  Nouveau message de Audie Murphy  Nouveau message 18 Avr 2010, 21:01

L'Allemagne était militairement vaincue en 18 tandis que la France ne l'était pas en 40 ?

Vous m'excuserez, mais pour ceux qui croient encore fermement en la possibilité de continuer le combat en 40, j'y vois la même opiniâtreté qu'Hitler à la fin de la Grande Guerre !

De Gaulle pouvait encore crier haut et fort que la guerre n'était pas perdue, il était à Londres !


 

Voir le Blog de Audie Murphy : cliquez ici


Re: CHAUVY Le drame de l'armée française

Nouveau message Post Numéro: 44  Nouveau message de huck  Nouveau message 20 Avr 2010, 03:35

Les deux dates de 18 et 40 sont fortement différentes. L'Allemagne s'est battue pendant 4 ans et est passée plusieurs fois bien près de faire basculer la guerre en sa faveur. Elle ne s'est pas faite débordée en 1 mois. Même si elle est altérée par l'armistice, elle n'a pas l'impression d'être vaincue. Ce n'est pas le cas de la France qui perd la bataille de France. La France a non seulement perdue la guerre en 40, mais elle perdra aussi l'honneur. Les FFL et les résistants, à défaut de venger la défaite, lavèrent ce déshonneur (en tout cas, une partie). Le gouvernement français aurait très bien pu faire comme le gouvernement polonais et continuer le combat. Il n'est point besoin de rappeler le prestige et la tenue des forces polonaises auprès de alliés. La France avait aussi des hommes aguerris qui ne demandaient pas mieux.


 

Voir le Blog de huck : cliquez ici


Re: CHAUVY Le drame de l'armée française

Nouveau message Post Numéro: 45  Nouveau message de Audie Murphy  Nouveau message 20 Avr 2010, 21:12

Oui, mais la Pologne est en exil elle aussi et elle sait très bien que le combat ne peut se poursuivre en se retranchant un peu plus au sud ou un peu plus à l'est. Il est impératif de refaire ses forces à l'abri de l'ennemi. Continuer le combat ? Oui, mais de façon intelligente et non en sacrifiant des vies inutilement.


 

Voir le Blog de Audie Murphy : cliquez ici


Re: CHAUVY Le drame de l'armée française

Nouveau message Post Numéro: 46  Nouveau message de JARDIN DAVID  Nouveau message 24 Avr 2010, 12:58

Je pense que Daniel te répondra certainement, et je lui en laisse le soin, ne partageant pas toujours 100% de ses convictions. Simplement, pour bien comprendre sa position, il faut savoir que Daniel s'est souvent et longuement exprimé ici et sur d'autres sites, essaye donc de relire par ex ses différentes interventions sur les sujet en rapport avec 1940, Vichy, CHURCHILL ... et tu comprendras mieux son message. Eventuellement, tu pourras alors essayer de tenter de commencer à trouver les indices montrant la direction à approfondir pour sonder les failles de son raisonnement :mrgreen: comme celles-ci :censored_sm: Beaucoup de réponses à tes questions sont déjà quelque part sur ce forum ! Un conseil, avec Daniel, bétonne ta casemate car les obus de gros calibre peuvent tomber d'un moment à l'autre.
De plus Daniel est très pointilleux sur la question des sources (moi aussi et nous ne sommes pas les seuls). Après tout, chacun est en droit d'avoir une intime conviction, mais il est préférable de nous dire si la thèse en question est le résultat de cogitations et de confrontations d'archives ou alors une simple théorie perso, à valider. Le poids n'est pas le même.
Tu risques aussi de vexer notre camarade Daniel si tu lui donnes du Monsieur. Enfin je ne peux que te recommander d'étudier le site de F DELPLA (www.delpla.org), c'est gratuit, instructif, et te donnera envie d'en savoir encore plus.
"Laisse faire le temps, ta vaillance et ton roi" (Le Cid)

vétéran
vétéran

Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 8863
Inscription: 22 Aoû 2009, 20:49
Région: Principauté de Salm
Pays: FRANCE

Voir le Blog de JARDIN DAVID : cliquez ici


Re: CHAUVY Le drame de l'armée française

Nouveau message Post Numéro: 47  Nouveau message de Monte Cassino  Nouveau message 25 Avr 2010, 10:24

La France pouvait-elle gagner la guerre ? Le fait est qu'elle a cessé le combat en 1940.

Audie Murphy a écrit:S'il y a eu des erreurs historiques causées par un désir de sauver la face du régime de Vichy, il ne faudrait pas faire d'abus dans le sens opposé et croire que sans le Maréchal, la France serait sortie victorieuse !

C'est une bonne remarque. Pétain n'est pas responsable de la débacle de l'armée française.

Faut-il faire le procès de Pétain et du régime de Vichy ? Il faudrait créé un autre fil. Ce n'est pas le sujet du présent fil. La question est de savoir si l'armistice était la meilleure solution. On peut en débattre. Si Pétain avait refusé sa nomination à la présidence du Conseil le 17 juin, Albert Lebrun aurait nommé un des nombreux partisans de l'armistice (Baudoin, Bouthillier, etc). Il me semble évident que la nomination de Pétain n'était pas nécessaire pour que le gouvernement français demande aux Allemands, par l'intermédiaire du gouvernement espagnol, les conditions d'un armistice.

Les adversaires de l'armistice étaient peu nombreux. On pense à Pierre Mendès France et Jean Zay, par exemple.

L'armistice faisait l'objet d'un consensus. Tout est expliqué dans Wikipedia :

Le 16 juin 1940, Paul Reynaud présente la démission du Gouvernement et suggère, suivi en cela par les présidents du Sénat et de la Chambre des députés, de confier la présidence du Conseil au maréchal Pétain, choix aussitôt approuvé par le président de la République Albert Lebrun.
[...]
Le 17 juin 1940, suivant le conseil énoncé le 12 juin par le général Maxime Weygand, chef d’État-Major des armées, Pétain annonce son intention de demander aux Allemands, par l'intermédiaire du gouvernement espagnol, les conditions d'un armistice.
[...]
L’armistice est finalement signé le 22 juin 1940 dans la clairière de Rethondes, après avoir été approuvé par le Conseil des ministres et le président de la République.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Philippe_P%C3%A9tain


 

Voir le Blog de Monte Cassino : cliquez ici


Re: CHAUVY Le drame de l'armée française

Nouveau message Post Numéro: 48  Nouveau message de brehon  Nouveau message 25 Avr 2010, 11:11

Bonjour,
Monte Cassino a écrit:Faut-il faire le procès de Pétain et du régime de Vichy ? Il faudrait créé un autre fil
Inutile, il y en a déjà!
Monte Cassino a écrit:Tout est expliqué dans Wikipedia
Attention, Wikipedia n'est pas une référence absolue puisque n'importe qui peut y contribuer. Ce qui ne signifie pas que le contenu de cet article soit entièrement faux.
Cordialement.
Yvonnick

vétéran
vétéran

Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 11128
Inscription: 14 Déc 2009, 15:45
Région: Bretagne
Pays: France

Voir le Blog de brehon : cliquez ici


Re: CHAUVY Le drame de l'armée française

Nouveau message Post Numéro: 49  Nouveau message de J.Fernandez  Nouveau message 26 Avr 2010, 01:50

¡Hola chicos!

Daniel Laurent et "Pacifiste" débattent de l'armée allemande et de l'Afrique du Nord.
Pacifiste a écrit:Vous dites que Hitler est beaucoup plus intéresse par l'Est que par l'Afrique. Votre raisonnement n'est valable que si la France signe un armistice. Si elle continue le combat, Hitler sera tenté d'attaquer l'Afrique du nord pour se débarrasser de la menace que représente l'armée française.

Ce raisonnement me semble assez logique. On imagine mal Hitler lancer une grande offensive à l'Est (Barbarossa) avant d'avoir essayé de neutraliser une menace importante à l'Ouest. Hitler acceptait-il l'idée de faire la guerre sur deux fronts ? En juin 1941 Hitler attaque à l'Est sans avoir neutraliser l'Angleterre. Mais personne ne pourra nier qu'il a d'abord essayé de régler le problème de l'Angleterre avant d'attaquer l'URSS. Il a fait le maximum de ce qu'il était possible de faire pour inciter l'Angleterre à négocier.


Pacifiste a écrit:- l'armée allemande peut masser des troupes au Maroc espagnol (avec l'autorisation de Franco) et attaquer en direction de l'Algérie et de la Tunisie.

L'OKW considérait l'opération comme parfaitement réalisable. Il s'agit d'acheminer plusieurs Panzerdivisionen vers le Maroc espagnol en traversant la péninsule ibérique. J'ai déjà créé un topic à ce sujet. Le topic s'intitule "1940 : le soutien de Franco à Hitler". Il est consultable en cliquant le lien ci-dessous.

viewtopic.php?f=17&t=24435


Daniel Laurent répond à "Pacifiste" :
Daniel Laurent a écrit:
Vous occultez deux problèmes :
- l'armée allemande peut masser des troupes au Maroc espagnol (avec l'autorisation de Franco) et attaquer en direction de l'Algérie et de la Tunisie.

Vieille antienne petainiste pour justifier l'armistice.

Attention !!! Les pétainistes ne sont pas les seuls à évoquer la perspective d'une attaque allemande avec la coopération de Franco.

Le journaliste et historien Paul-Marie de la Gorce n'était pas pétainiste, bien au contraire. Il fut conseiller de l'ancien Premier ministre gaulliste Pierre Messmer. Il était bien connu des lecteurs du journal L'Express et Le Monde diplomatique.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Paul-Marie_de_La_Gorce

Comme le dit Paul-Marie de la Gorce, un engagement massif des forces allemandes en vue de conquérir l'Afrique du Nord n'était concevable qu'à la condition de franchir l'Espagne. La supériorité navale alliée en Méditerranée rendait impossible un débarquement en provenance des côtes de France ou d'Italie. L'engagement de la Luftwaffe pour faciliter le passage des troupes allemandes n'aurait pas suffi. « C'est par l'Espagne qu'elles auraient dû passer, avec les plus grandes chances de succès.» (P-M de la Gorce)


Paul-Marie de la Gorce, 39-45, une guerre inconnue, Flammarion, 1995


 

Voir le Blog de J.Fernandez : cliquez ici


Re: CHAUVY Le drame de l'armée française

Nouveau message Post Numéro: 50  Nouveau message de Chef Chaudart  Nouveau message 26 Avr 2010, 12:05

Quelques réponses un peu lapidaires:

- lors de la réunion du 16 juin, le gouvernement Reynaud est partagé entre les deux options: suivre Churchill et continuer la lutte, ou demander l'armistice, dont Pétain s'est fait l'écho. Ce jour là, si Pétain gagne, et bien que certains historiens pensent que Reynaud a déjà choisi son camp avant cet évènement, les jeux ne sont pas faits et le camp de l'armistice pas si assuré, sa solution par forcément si évidente que çà.

- Churchill n'a pas, alors, son siège de Premier Ministre bien assuré, et rien ne dit qu'il va y rester. La GB pouvant ainsi "doubler" les Français en demandant la paix à l'Allemagne. Mais on peut raisonner à l'envers. D'une part, si le gouvernement Français avait choisi la lutte, il l'aurait conforté dans sa position. D'autre part, rien ne dit qu'Hitler ("qui n'est pas un gentleman", et on le sait en France et en GB) soit un interlocuteur plus fiable dans des négociations d'armistice que l'allié Britannique dans la continuation de la lutte.

- Il est hors de doute que la Wehrmacht ne pouvait se redéployer rapidement pour attaquer l'AFN, si la France s'y était réfugiée. Il lui aurait fallu plusieurs mois. Mais il est aussi fort probable que, à terme, elle aurait pu, si elle l'avait voulu, vaincre en passant par l'Espagne.

- Cela dit, il n'y a à l'époque aucune étude entreprise en France pour savoir si la résistance est possible en AFN, et pour combien de temps. L'option a été écartée comme une ânerie par Weygand, sans même avoir été examinée. La décision de demander l'armistice est politique et n'a aucun fondement militaire sérieux. La GB, pourtant confrontée aux mêmes doutes et menaces sur son île, fera néanmoins un choix différent. Et elle a moins à perdre dans des négociations de paix que les Français.
...never give in, never give in, never, never, never, never-in nothing, great or small, large or petty - never give in except to convictions of honour and good sense. Never yield to force; never yield to the apparently overwhelming might of the enemy.

vétéran
vétéran

Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 764
Inscription: 13 Oct 2009, 16:06
Région: Ile de France
Pays: France

Voir le Blog de Chef Chaudart : cliquez ici


PrécédenteSuivante

Connexion  •  M’enregistrer

Retourner vers LES LIVRES ET LES MAGAZINES DU FORUM




  • SUR LE MEME THEME DANS LE FORUM ...
    Réponses
    Vus
    Dernier message
 
  ► Les 10 Derniers Posts du jour Date Auteur
    dans:  Identification marquage Jeep 
il y a 8 minutes
par: Dog Red 
    dans:  Quiz suite - 7 
il y a 44 minutes
par: Prosper Vandenbroucke 
    dans:  Les Feux de la rampe 2.0 : La guerre en Indochine, 1 er septembre 1939/14 septembre 1956. 
il y a 45 minutes
par: iffig 
    dans:  Wehrmacht 1940 : la Kriegsmarine et ses uniformes 
il y a 54 minutes
par: iffig 
    dans:  Les Feux de la rampe 2.0 : Connaissons-nous bien la British Expeditionary Force (BEF) ? 
Aujourd’hui, 09:52
par: iffig 
    dans:  Front de Leningrad 
Aujourd’hui, 09:43
par: Loïc Charpentier 
    dans:  Que faisaient-ils en 1914-1918 
Hier, 23:03
par: Prosper Vandenbroucke 
    dans:  Big red one - juin 1944 
Hier, 22:11
par: Liberator 6-1944 
    dans:  80e Anniversaire du débarquement en Normandie 
Hier, 20:46
par: Liberator 6-1944 
    dans:  Un prochain mariage 
Hier, 20:11
par: Liberator 6-1944 

Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum: Aucun utilisateur enregistré et 197 invités


Scroll