Guy Bousquet, avocat, publie un livre intitulé René Bousquet cet inconnu / L'homme et Vichy, aux éditions Jean Picollec.
C'est une apologie dans la veine de la défense de Laval par lui-même puis ses héritiers : fallait bien que quelqu'un s'y colle pour limiter la casse.
Il y a néanmoins un gros effort de documentation et d'argumentation, qui pourrait n'être pas entièrement vain, en permettant de mieux cerner certains processus et certaines reponsabilités.
Mais, comme dans tant d'ouvrages anciens ou récents, pas celle de Hitler ! Certes il est censé être à l'origine de tout, puisque Vichy n'a rien fait d'autre que limiter les dégâts. Mais une question n'est jamais posée et pour cause : le seul fait de la poser réduit en cendres une bonne partie de la démonstration.
Hitler et ses sbires sont censés être en échec chaque fois qu'ils présentent une demande et que la "résistance" de Bousquet et de Laval réduit l'addition au terme d'une discussion. A aucun moment l'auteur ne se demande quel prix avait en tête le maquignon allemand au début de la palabre.
De même, l'idée défendue en particulier par Serge Klarsfeld selon laquelle, si les Allemands avaient dû se débrouiller seuls pour attraper les Juifs, ils en auraient pris moins car ils manquaient cruellement d'effectifs, est dénoncée mais non combattue au moyen d 'arguments.
Enfin, le postulat sous-jacent est écoeurant, suivant lequel la livraison des Juifs étrangers était un malheur peu évitable, tandis que la protection des Juifs français était la véritable mission d'un gouvernement français, et a été menée à peu près à bien.
C'est là contrevenir à une des plus vieilles lois de l'humanité, celle de l'hospitalité. Devant un tel cataclysme, la moindre des choses serait de répartir sur tout le monde les maigres moyens de protection dont on dispose -si on croit en posséder. Je n'écris pas cela pour accabler les gouvernants de l'époque, mais pour mettre en évidence le fait que Hitler avait parfaitement su les mettre dans une situation moralement impossible.