Bonjour !
Je me souviens d'avoir lancé une information, trouvée sur un site en principe sérieux : les Britanniques auraient, à partir du 10 septembre 40, intoxiqué les Allemands pour les convaincre de débarquer chez eux. Je ne me rappelle plus sur quel fil j'en avais parlé, mais cette mise au point sera aussi bien ici, à titre de présentation d'un livre récent et des plus importants.
Je suis allé aux archives nationales de Londres la semaine dernière, entre mille autres choses pour lire la page du 10 septembre 1940 du journal de Liddell qu'était censée résumer, sur leur site, la phrase : "Nous utilisons XX pour convaincre l'ennemi de débarquer". Or le texte est beaucoup moins affirmatif :
Une réunion s'est tenue avec le renseignement militaire pour discuter de la politique à suivre en matière de communications à envoyer à l'ennemi par nos divers agents. Devons-nous l'encourager à débarquer ou jouer la montre ? Le DMI (Director of Military Intelligence -Henry Davidson, biographie ici : http://www.kcl.ac.uk/lhcma/cats/davidson/da60-0.shtml) est plutôt partisan de les encourager mais lorsque l'affaire est portée devant les chefs d'état-major (Chiefs of Staff, abrégé CoS) on décide de ne rien leur laisser ignorer de la force de nos défenses.
Voilà qui change tout... et rend éminemment suspect et inutilisable le résumé en ligne. De toute manière j'ai appris à la fin de mon séjour que le journal était édité, et ce depuis deux ans ! Coordonnées : http://www.amazon.co.uk/exec/obidos/sea ... gel%20West
Si la phrase ci-dessus avait été exacte, elle signifiait un accord profond des décideurs sur une intox aussi audacieuse qu'inavouable, donc une implication forte de Churchill. Là on en est au stade des parlotes, les services de renseignement ont l'idée de cette intox mais ne réussissent qu'à obtenir une décision contraire, et l'opinion de Churchill est inconnue. Peut-être la consultation, que je compte faire prochainement, des comptes rendus des réunions des CoS, permettra-t-elle de suivre l'affaire de plus près.
En tout cas, d'après les sondages que j'ai faits bravement sur écran avant de connaître l'existence du livre, ce journal est une mine des plus précieuses pour préciser de nombreux points et en renouveler certains complètement (par exemple, début 1941, l'étrange détention de l'amiral Muselier à Londres), et le relatif silence dans lequel cette publication est actuellement confinée en dit long sur l'inappétence de beaucoup, qui croient que tout ce qui est important a été dit depuis longtemps.