Tom a écrit:Oui, Nicolas, je suis moi-même, comme je l'ai déjà dit, quasiment convaincu de la culpabilité de René Hardy dans cette "affaire". Si je maintiens toutefois ce terme de "quasiment", c'est que je ne parviens pas à être sûr à cent pour cent de la parole d'un Klaus Barbie, gestapiste tortueux et fabulateur,
Certes, mais va-t-il balancer un énorme bobard à ses supérieurs, quitte à se faire muter sur le Front de l'Est si son "secret" est éventé ?
laquelle alimente les archives allemandes,
Encore une fois, est-il imaginable qu'un flic aussi zélé aille inventer la trahison d'un Résistant pour couvrir la fuite de ce dernier ? Et si Knochen allait lui demander de reprendre contact avec le faux traître ? Et s'il demandait une enquête ?
Pourquoi ne pas tout simplement admettre que si Barbie mentionne Hardy/Didot comme étant le traître, c'est tout simplement parce qu'il a trahi ? Pourquoi aller couper les cheveux en quatre et proposer des spéculations embrouillées qui, d'ailleurs, ne résistent pas aux faits quand on les y confronte ?
et de celle de l'agent "multiple" Edmée Deletraz, maîtresse de Moog, qui a, entre autres, laissé arrêter Berty Albrecht et qui, au sujet de Caluire, ne dit certainement pas toute la vérité et ment sur plusieurs points.
Je suis curieux de connaître ces éléments fondamentaux sur lesquels elle ment...
Qu'elle ait contribué à faire tomber Albrecht, c'est évident. Qu'elle commette des erreurs de mémoire ne l'est pas moins. Qu'elle mente et accuse Hardy d'avoir trahi pour camoufler son propre rôle est tout simplement délirant. Pour rappel et
bis repetita on ze road again, et quoique ayant été la maîtresse de Robert Moog, elle
bossait in fine pour la Résistance, à savoir le réseau Groussard. Son témoignage, qui au contraire de celui de René Hardy n'a pour ainsi dire pratiquement jamais varié, est extrêmement crédible, a été corroboré par d'autres témoins ou sa fiabilité assurée par des Résistants au-dessus de tout soupçon.
Drôle d'agent "multiple", en vérité, que cette personne qui se démène comme un beau diable pour prévenir la Résistance de l'imminence d'une rafle le 21 juin 1943 (fait historiquement prouvé, et absolument incontestable), alors qu'elle pourrait se faire choper par la
Gestapo. Croyez-moi, si Barbie avait appris ces petits détails, négligés par ses contempteurs, elle avait droit à l'intégralité de son répertoire tortionnaire... Et j'ai des raisons de croire qu'elle a sciemment cherché à retarder Klaus Barbie dans la recherche du lieu de la réunion.
De surcroît, René Hardy a été incapable de fournir un alibi pour la contrer, autrement qu'un
faux témoignage - ce qu'il a fini par admettre quarante ans plus tard.
Outre les dires de ces deux agents, un certain nombre d'éléments, ainsi que je le reconnais ci-dessus, tendent à incriminer René Hardy lors de son arrestation et de son évasion à Caluire, mais aucun n'est une preuve formelle,
Votre avis perso. Franchement, je ne vois pas quoi ajouter. Nous avons un ensemble de preuves et d'indices concordants en faveur de la culpabilité, et des mensonges, des omissions, des spéculations, des hypothèses en faveur de l'innocence. Mon choix est fait.
excepté, s'il est vraiment probant plusieurs années après, l'examen "scientifique" du veston de René Hardy, qui, en 1949, conclut à un tir effectué à une quarantaine de centimètres.
Pourquoi ces guillemets ? Pouvez-vous m'énumérer les raisons qui vous poussent à mettre en doute la compétence et l'honnêteté des experts ayant formulé ces conclusions ?
En fait, on peut aussi bien imaginer le scénario suivant : René Hardy, de nouveau arrêté par Klaus Barbie qui l'a, cette fois, identifié comme "Didot", le chef du sabotage Fer, n'a d'autre solution que d'accepter de collaborer avec le gestapiste, mais il dupe ce dernier en lui livrant un plan partiel et périmé des sabotages avant de chercher à lui échapper (d'où ses craintes constantes d'être suivi et sa réticence à se rendre à la réunion de Caluire).
Pourtant, il... accepte. Beau geste, non ?
Et naturellement, le fait que Barbie détienne des otages, en l'occurrence la femme dont il est amoureux, n'a pas une aussi grande importance que ça.
Par ailleurs, Barbie était, dans l'hypothèse, assez imprudent. Car il file Hardy de très près : au pont Morand, le 20 juin, les deux hommes se trouveront assis
sur le même banc ! Il le filait de si près que René Hardy se retrouvera au QG de la
Gestapo quelques heures avant la rafle !
Néanmoins repris à Caluire où les Allemands sont parvenus en suivant d'autres résistants tel Aubry
Mais alors, pourquoi Barbie ne s'en vante-t-il pas ?
Qui plus est, il faut
prouver qu'Aubry était suivi.
ou parce qu'ils connaissaient déjà l'adresse de la maison Dugoujon,
Mais comment la connaîtraient-ils ? Qui aurait parlé ?
René Hardy réussit à s'évader
Les Allemands étant aussi motivés et adroits au tir que dans le film
Quand les aigles attaquent...
Etonnant Barbie, tout de même. Il se fait duper à plusieurs reprises par René Hardy, mais sa filature colle à la peau de ce dernier. Il cherche à se venger de cet homme, mais le laisse pratiquement s'enfuir sans réellement tenter quoi que ce soit. Il tient des otages (la famille Bastien), mais ne commet à leur encontre aucune représaille. Sans parler de la nouvelle évasion de René Hardy d'un hôpital... aux mains des Allemands, quelques jours plus tard. Un avis de recherche, au fait ? Tiens ! Il n'y en a pas !
Ce ne sont pas là les signes d'une obsession, ou après coup d'une rancune. Le seul tort que Barbie causera à René Hardy, en définitive, a été de le dénoncer comme traître dans un rapport à usage interne. Et encore ! Barbie limite sa vengeance à ses supérieurs, car, doté d'un stupéfiant sens de l'honneur, il n'avouera jamais à ses victimes arrêtées qu'elles ont bel et bien été livrées par lui.
Vachement surprenant, de la part d'un gestapiste que certains présentent comme soucieux de camoufler ses prétendues bourdes vis-à-vis de ce Résistant, outre de chercher à se venger.
Soyons sérieux deux minutes. Votre hypothèse jure avec les faits, et apparaît passablement incohérente.
et se tire effectivement une balle dans le bras, de peur que ses camarades ne l'accusent d'avoir trahi et ne veuillent l'éliminer (comme tenteront de le faire les Aubrac avec leur pot de confiture empoisonnée !).
1) Comme l'a dit F.D., c'est Lucie Aubrac qui a eu l'idée, Raymond était en taule.
2) Donc, Hardy est si soucieux de se dédouaner auprès des Résistants qu'il commet un geste qui pourrait l'amener à se faire repérer par le premier soldat allemand/flic/milicien venu, outre que ledit geste le conduira dans un hôpital tenu... par les Allemands. Et d'où il s'évadera de nouveau. Oui, décidément, ce "Didot" est un sacré génie !
Ce qui ne répond pas à la question de savoir où il se trouve et ce qu'il fait au cours des deux heures qui s'écoulent entre la rafle et sa réapparition auprès de ses collègues...