Igor a écrit:Jean-Louis Margolin va publier prochainement, aux éditions Armand Colin, un ouvrage sur les crimes de guerre commis par l'armée japonaise.
Un sujet que Romuald a déja longuement évoqué ici même.
L'armée de l'empereur
violences et crimes du Japon en guerre 1937 - 1945
http://www.livresdeguerre.net/forum/con ... ndex=29164
(merci à VB pour l'info)
Nicolas Bernard a écrit:Excellente initiative, de la part d'un historien spécialiste des dictatures asiatiques - sa contribution au Livre noir du communisme figure parmi les meilleures de cet ouvrage. Car il est vrai que les crimes de guerre japonais revêtent à l'heure actuelle une grande importance mémorielle et en conséquence politique.
Ce n'est qu'à partir des années 70 que sera mentionné dans divers manuels scolaires le massacre de Nankin, commis en décembre 1937 par les soldats japonais, dans le cadre de l'invasion de la Chine, et ayant abouti à la mise à mort de plusieurs dizaines de milliers de personnes (le bilan mortuaire le plus élevé atteint les 300.000 victimes). Ce massacre, érigé en symbole de la politique criminelle menée par le Japon lors de ses guerres de conquêtes, est devenu la cible des négationnistes nippons, la publication d'un ouvrage récent - non exempt d'erreurs, sinon de simplifications - consacré à cet événement (Iris Chang, The Rape of Nanking. The forgotten Holocaust of World War II, Penguin Books, 1998) ayant littéralement agité les milieux conservateurs à Tokyo. Voir à ce sujet Joshua A. Fogel, (dir.), The Nanjing Massacre in History and Historiography, University of California Press, 2000, et notamment Takashi Yoshida, « A Battle over History. The Nanjing Massacre in Japan », ibid.), p. 70-132.
Les expériences médicales pratiquées sur des cobayes humains prisonniers de guerre par les Unités 731 et 100 de l'armée nippone ont fait l'objet d'une stratégie similaire d'oubli et de dénégation (voir Peter Williams & David Wallace, La guerre bactériologique. Les secrets des expérimentations japonaises, Albin-Michel, 1990 et Hal Gold, Unit 731 Testimony, Charles E. Tuttle Co., 1996),
romualdtaillon a écrit:À cet effet, une rumeur court à l'effet que la mort de Mlle Chang en 2004, alors qu'elle préparait un livre sur la Marche de la mort de Bataan, ne serait pas dûe à un suicide lié à une profonde dépression, mais à un assassinat par des fanatiques de l'ère shôwa.
Parmi les notes retrouvées dans ses papiers personnels, l'une d'entre elles, datée du 8 novembre, mentionnait ceci : "...Plusieurs jours avant que je quitte Louisville (E-U), j'ai eu de profonds pressentiments quant à ma sécurité. J'ai ressenti soudainement des menaces à ma vie; un sentiment étrange que j'étais suivi dans les rues, un camion blanc stationné en permanence devant ma maison, des colis endommagés dans ma boîte postale. Je crois que ma détention à l'hopital était une façon pour le gouvernement de me discréditer. J'ai considéré m'enfuir mais je ne serai jamais capable d'échapper à mes craintes."
Délire paranoiaque d'une personne épuisée et sous médication ? Ses fans éplorés ne peuvent le croire...
Sur ce sujet, je rappelle à nouveau la citation du juge néerlandais Röling qui déclarait en 1981 en préface d'un article du Bulletin of the Atomic Scientists, "À titre de juge au Tribunal millitaire international d'extrême-orient, c'est une expérience amère pour moi de n'être informé que maintenant que des activités criminelles japonaises de la nature la plus abjecte ordonnées par le gouvernement central, ont été tenues hors de la connaissance du Tribunal par le gouvernement des États-Unis."
Nicolas Bernard a écrit:romualdtaillon a écrit:
Délire paranoiaque d'une personne épuisée et sous médication ? Ses fans éplorés ne peuvent le croire...
Et pourtant, tout indique qu'il s'agit bel et bien d'un délire paranoïaque, résultant dudit épuisement et de ladite médication.
D'abord, les faits : elle était dépressive, ne dormait plus, et les psychiatres ont relevé que son état s'aggravait. L'enquête a révélé qu'elle s'était bel et bien suicidée, en se tirant une balle dans la bouche.
Ensuite, la logique : compte tenu du fait que des ouvrages sont déjà parus sur Nankin et, surtout, Bataan, je vois mal quel mobile aurait pu pousser Tokyo ou Washington à agir...
Cela étant, si les Soviétiques ont au moins jugé certains membres de l'Unité 731, ils ont également su profiter de leurs découvertes, et ont rapatrié les condamnés au Japon en 1956...
Si je ne considère pas le procès de Tokyo comme une farce, il demeure qu'il ne saurait constituer une réussite à la hauteur de Nuremberg. L'Empereur n'y a pas été jugé, et le Ministère public américain s'est arrangé avec les accusés pour le blanchir - non sans gaffes, néanmoins, puisque la vedette du procès, l'ex-général Tojo, confiera un jour en audience que jamais il n'aurait agi sans le consentement de Sa Majesté.
romualdtaillon a écrit:Je partage votre avis. Selon moi, les menaces dont elle a été victime, la contreverse et la haine dont elle a fait l'objet, conjugué au fait de toujours patauger dans des sujets éprouvants, ont eu raison de son équilibre et l'ont mené au suicide.
Elle m'inspire néanmoins beaucoup de sympathie. Je ainsi garde en mémoire le moment où en pleine télévision, dans un débat animé par Elizabeth Farnsworth en 1998, elle a remis à sa place l'ambassadeur japonais, Kunihiko Saito, qui tergiversait selon le caractère alambiqué usuel de la diplomatie nipponne quant à la position de son gouvernement à l'égard des crimes de guerre des forces shôwa! ...
Oui, la "relative" clémence des soviétiques a fait couler beaucoup d'encre. Plusieurs pensent que c'était le seul moyen d'obtenir des informations précises sur les travaux de recherche bactérilogique. Au moins, le procès de Khabarovsk aura permis de recueillir de précieux renseignements.
Absolument; non seulement Shôwa mais TOUTE la famille impériale a échappé à la justice. Ce n'est certes pas un modèle d'équité.
Faible consolation, Bonner Fellers, qui avait entre autres permis aux prisonniers d'échanger leurs notes avant le procès, aura été rapatrié dans la disgrâce à Washington...
Nicolas Bernard a écrit:J'ai apprécié son ouvrage sur Nankin, quoique... mettons, "incomplet", ou parfois pas assez "nuancé", au moins s'agissant des responsabilités impériales - même si je pense effectivement que le massacre découle d'une stratégie dictée, au moins dans ses grandes lignes, par l'Empereur.
Malgré quelques réserves, je dirais que le livre constitue une introduction recommandable (entre autres ouvrages) pour les curieux. Je serais curieux de savoir ce que vous en pensez.
romualdtaillon a écrit:À c e sujet, il serait intéressant de reprendre éventuellement l'intéressant débat que nous avions laissé en plan dans la rubrique appropriée. Je suis toujours convaincu du fait que l'implication de Hirohito se limite à son approbation de la directive du mois d'août suspendant l'application des conventions internationales sur les droits des prisonniers de guerre et à ses pressions sur l'état-major afin qu'ils prennent Nanking "à tout prix".
L'ouvrage de Mlle Chang a principalement été critiqué pour deux choses : l'inexactitude des données statistiques
et de certains faits ainsi que les légendes sous certaines photos.
Mlle Chang a fait un important travail de révision depuis la publication de son première édition. Il est d'ailleurs intéressant de souligner ici qu'originalement elle identifiait, conformément à la décision du Tribunal de Tokyo, Iwane Matsui comme étant le principal responsable des atrocités. Après avoir fait de nouvelles recherches, elle a, sur la base de l'ordre écrit d'Isamu Cho et de la maladie du général, identifié le prince Asaka.
Concernant les photos. Certaines ont été dénoncées par plusieurs organisations négationnistes comme la Tsukurukai.
Pour la première, Fujioka et les négationistes reprochent à Chang d'avoir indiquer que les cadavres étaient ceux de civils chinois et soutiennent qu'il s'agit en fait de soldats.
Pour la seconde, on reproche à Chang d'avoir laissé entendre que la femme serait violée alors que la Tsukurukai soutient qu'i s'agirait simplement d'une "photo souvenir" prise dans un bordel par un soldat shôwa.
Ces controverses n'enlèvent pas à mon avis le mérite de l'ouvrage qui se veut un pavé lancé dans la mare. Sans The rape of Nanking, probablement ne discuterions nous même pas de ce sujet aujourd'hui...
En dépit de tous ses défauts, il demeure une oeuvre utile.
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