Hors-sujet, et affaire déjà classée, puisque il est historiquement prouvé (et je l'ai constamment rappelé, preuves à l'appui) que Himmler s'est bel et bien suicidé.
S'agissant de la famine en Ukraine, il demeure que
Daniel Laurent a repris sur ce forum les théories négationnistes d'Annie Lacroix-Riz, écrivant notamment l'énormité suivante :
Madame Annie Lacroix-Ritz [sic] [...] demontre, de maniere difficilement contestable, que la "famine" en Ukraine en 1933 est une legende batie par les Nazis et leurs allies du moment, a savoir la Pologne, l'Italie et le Vatican.
Enormité
typiquement négationniste, en tous ses aspects :
1) mise en valeur de l'auteur de la théorie négationniste, notamment en usant des termes
"démontre" et surtout
"de manière difficilement contestable" (!) ;
2) usage des guillemets pour tempérer la véracité du terme même de
"famine", alors que le fait est absolument indiscutable - seule fait relativement débat la pertinence du terme
"génocide" (et, si l'on veut, le nombre de millions de morts) ;
3) usage du mot
"légende" pour qualifier cette famine ;
4) reprise d'une théorie du complot, en l'occurrence le complot fascisto-impérialisto-catholique (même combat !), pour expliquer la naissance de cette
"légende".
Ces considérations s'ajoutaient à des attaques personnelles de contradicteurs d'Annie Lacroix-Riz, qu'ils soient historiens ou internautes (ainsi "Igor" a-t-il eu droit à des remarques peu agréables - voir le fil).
A ce propos, il faisait preuve d'une certaine incohérence révélant son hypocrisie. Daniel Laurent notait, s'agissant du (il est vrai discutable) historien Stéphane Courtois :
Monsieur Stephane Courtois, ex-maoiste decu, est devenu un "pro" de l'anticommunisme primaire qui n'hesite pas a faire de vertigineux raccourcis.
Source peu fiable.
Il est bel et bon d'etre anti-totalitariste, mais il convient de le faire en evitant des amalgames a des fins politiques d'actualite, ce que ce monsieur fait sans vergogne.
Car il n'est pas anti-totalitarisme, Stephane Courtois, il est seulement contre "certains" totalitarismes... et sa haine anti-communiste lui fait preter le flanc a des amities nauseabondes, de l'autre cote.
Ce qui ne l'empêcherait pas d'énoncer peu après, non sans impudence :
Je ne suis pas sur les forums pour echanger des insultes du style "nauseabond" avec des membres et proferer des jugements degradants vis-a-vis de chercheurs que la Faculte n'a pas encore expulse.
Faites ce que je dis, pas ce que je fais. Ce n'est pas ce que j'appelle "débattre", moi. D'ailleurs, lorsqu'il s'est agi de débattre sur cette famine, Daniel Laurent s'est - évidemment - esquivé. Pas de surprise.
En vérité, la famine en Ukraine n'a rien de véritablement "légendaire". Le lecteur intéressé pourra consulter, en ligne, le
remarquable dossier constitué par l'historien Nicolas Werth (merci à Francis Deleu de m'avoir signalé cette page web), de même que
cette excellente mise au point parue sur Wikipedia. S'agissait-il d'un génocide ? Yaroslav Bilinsky, Professeur émérite de science politique et des relations internationales de l'Université du Delaware,
répond par l'affirmative, quoique l'argumentation soit parfois lacunaire.
En matière d'ouvrages, nombreux sont ceux, parus à l'étranger, qui constituent une description serrée de la famine et un recensement des responsabilités du Kremlin et des activistes communistes locaux. Il conviendra, au regard des manipulations d'Annie Lacroix-Riz sur les compte-rendus diplomatiques de la chose, de se procurer
The Foreign Office and the Famine. British Documents on Ukraine and the Great Famine of 1932-1933, de Bohdan S. Kordan, Marco Carynnyk, et Lubomyr Luciuk (Limestone Press) ainsi que, du même auteur,
Days of Famine, Nights of Terror. Firsthand Accounts of Soviet Collectivization, 1928-1934 (Kashtan Press, 1995). Il existe évidemment de nombreuses études en langue russe et ukrainienne, mais inaccessibles, je le crains, au lectorat francophone.
En français, justement, il faut se reporter sur Robert Conquest,
Sanglantes Moissons, publié dans
La Grande Terreur, Robert Laffont, Bouquins, 1995. Conquest n'a pas eu accès aux archives soviétiques mais a réussi, par un patient travail de recherche fondé sur des documents ayant échappé à la police politique d'URSS et de nombreux témoignages, ainsi qu'à des articles publiés par des Soviétiques eux-mêmes, à brosser un panorama des origines, du déroulement et des conséquences de la collectivisation, de la "dékoulakisation" et de la famine qui frappa l'Ukraine. Phénomène remarquable, l'ouverture des archives russes, si elle a complété les conclusions de Conquest, ne les a pas contredites.
On pourra consulter également Myron Dolot,
Les Affamés. L'Holocauste masqué. Ukraine 1929-1933, Ramsay, 1986. Des témoignages et des documents ont été réunis par Georges Sokoloff,
1933, l'année noire. Témoignages sur la famine en Ukraine, Albin Michel, 2000. Enfin, il serait vain d'oublier les différents travaux de Nicolas Werth, et notamment sa remarquable contribution au parfois imparfait
Livre Noir du Communisme, Robert Laffont, 1997. Voir aussi Jean-Jacques Marie,
Staline, Fayard, 2000, qui consacre un chapitre entier à la sinistre année 1933.
Pour inégaux qu'ils soient, ces différents ouvrages constituent une lecture autrement plus historique que les délires commis par Annie Lacroix-Riz, qui nie l'existence de la famine pour mieux nier qu'il s'agit d'un génocide. Mais qu'attendre d'une prétendue historienne, authentique stalinienne ? Quel autre qualificatif pourrait venir à l'esprit, s'agissant d'une militante communiste avouée, qui inscrit sur
la page de liens de son propre site des références à des pages web
cherchant à réhabiliter Staline ? Qu'attendre d'une personne qui ose écrire
une telle déclaration d'amour à la politique stalinienne (voir mes commentaires
ici) ? Soyons sérieux. L'Histoire est une chose, la propagande en est une autre. Que Daniel Laurent ait sciemment cherché à répandre les inepties d'Annie Lacroix-Riz, ou qu'il soit tombé dans le panneau de cette rhétorique n'enlève rien au fait qu'il faut
toujours se méfier des falsificateurs de l'Histoire : quel que soit le nombre de notes infrapaginales qu'ils aligent, il y a
toujours une arnaque.