L'Express.fr
17-02-2014
Sébastien Vannier
Diplomatie de Volker Schlondorf- Paris tenu
« Dans son film «Diplomatie», Volker Schlondorf nous raconte ce qui aurait pu être le dernier jour de Paris. Un duel magistral entre André Dussolier et Niels Arestrup.
La Berlinale semble avoir voulu souhaiter à sa manière les 70 ans du Débarquement allié. Avec deux réalisateurs de renom qui se sont intéressés à cette année 1944. D'un côté George Clooney et son très attendu Monuments Men qui retrace l'histoire de cette unité spéciale dont la mission était de sauver les œuvres d'art européennes des griffes des national-socialistes mais également des Russes. De l'autre le très francophile Volker Schlöndorff et son Diplomatie qui relate cette nuit d'août 1944, où, avant de quitter Paris, les Allemands avaient bien l'intention de réduire la capitale en miettes. De match, il n'y a pas vraiment eu. George Clooney réussit certes toujours à faire s'égosiller ses fans de tous âges mais son film sent l'épopée américaine à plein nez. Décevant de la part de celui qui nous avait habitués à être plus critique de son propre pays.
Volker Schlöndorff en revanche nous offre un duel au sommet entre le général Dietrich von Choltitz et le consul général de Suède Raoul Nordling. Les troupes alliées avancent sur le territoire français- l'équipe de George Clooney donc aussi certainement si on voulait calquer les deux films- et les soldats allemands comprennent que Paris est perdu. Hitler veut cependant adopter la politique de la terre brûlée et raser Paris. «Paris ne doit pas tomber aux mains de l'ennemi, ou alors dans un champ de ruines». La Tour Eiffel, l'Arc de triomphe, le Louvre, tous les ponts, tous est déjà miné et prêt à sauter. Jusque-là, les faits sont historiquement vérifiés. Quelles sont cependant les raisons qui ont poussé l'inflexible Général von Choltitz à désobéir au Fuhrer ?
La pièce de Cyril Gély, reprise donc par Volker Schlöndorff, nous propose une version diplomatique. André Dussolier, alis Raoul Nordling, mu par amour de Paris, tente de convaincre un général von Chltitz tiraillé. Ce duel verbal entre deux hommes qui savent que l'Histoire les jugera sur ce moment précis et qui jonglent entre intérêts personnels et leurs propres nations, est un exemple de stratégie, de rhétorique et de suspens. Même si, on doit bien l'avouer, on se doute un peu de la fin. Car, en toile de fond de ce film, se pose la véritable question: quelles auraient été les conséquences si Paris avait vraiment volé en éclat, ce qui était en passe d'être le cas ? Il y a fort à penser que les relations franco-allemandes et même l'itinéraire de Volker Schlöndorff, qui prouve encore une fois ici son admiration pour la France et Paris, en auraient été fort différents.»
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