Vers les deux tiers du film apparaît la Sippenhaft (màm : responsabilité de la tribu ou de la lignée), qui dès lors ne va plus guère quitter l'écran.
Késako ? Une vieille coutume que Himmler tient pour germanique et réactive dans le cadre de la répression suivant l'attentat du 20 juillet 44 : elle consiste à punir d'un acte la parenté du fautif. Ce n'est là qu'une extension aux aryens germanophones d'une pratique déjà mise en oeuvre dans les territoires occupés. Elle est codifiée sous forme de loi, le 1er août, à l'encontre des conjurés du 20 juillet. Il faut attendre le 5 février 1945 pour la voir étendue aux officiers prisonniers qui se mettent au service des Alliés pour dénoncer le nazisme. Et le 5 mars pour qu'un ordre de Keitel l'étende à tout soldat qui s'est rendu sans avoir épuisé ses moyens de combattre. Les peines encourues par les familles ne semblent pas avoir dépassé, ni en théorie ni en pratique, des mesures d'internement.
Dans la bouche d'Arestrup-Choltitz, pris très au sérieux par Nordling-Dussolier, cela donne :
-la "loi Sippenhaft" a été adoptée spécialement pour lui et pour l'obliger à exécuter les ordres de Hitler concernant la destruction de Paris (rappel : sa mission lui est donnée le 7 août, le texte écrit en est connu, il ne parle pas de destructions);
-s'il désobéit, sa femme et ses quatre enfants, dont un bébé de quatre mois, résidant à Baden Baden, seront exécutés sur-le-champ.
Du coup, "Nordling" se sent obligé de trouver à ces cinq personnes une filière d'évasion vers la Suisse et de jouer de ses connexions en Allemagne pour l'activer immédiatement ! Hélas, l'officier envoyé -en cette même nuit du 24 au 25 août 1944- de Paris à Baden Baden revient quelques heures plus tard le bras en écharpe, ayant été arrêté par un barrage de la Résistance (sans doute aussi puissante hors de Paris qu'impuissante à l'intérieur !). Choltitz termine le film persuadé qu'il a fini par sacrifier les siens au salut de "millions" d'autres humains. Happy end : les annonces finales qui défilent sur l'écran précisent que la famille du général n'a pas été inquiétée en raison de la "débâcle allemande".
Alors, Dominord, vaut-il vraiment mieux semer de telles erreurs que de laisser les cervelles en friche ?