Re: On A Volé Le Maréchal
Posté: 20 Nov 2012, 14:27
Bonjour,
Copie d'un article du Parisien de 2004 et qui fait référence au bouquin d'un acteur de l'opération commando:
Archives
Thiais
« Comment j'ai exhumé le maréchal Pétain »
Benoît Hasse | 12.04.2004
Sur le cercueil du maréchal Pétain, deux initiales sont gravées au canif. Michel Dumas les y a inscrites - « sur le métal de la frette en bronze qui cerclait la bière à l'avant droit », précise-t-il - pour laisser une trace de la folle équipée du cercueil de Pétain. C'était en février 1973. Pendant trois jours, la dépouille du « maréchal de France » exhumée du cimetière de l'île d'Yeu disparaissait dans la nature ! Enlevée par un mystérieux commando d'admirateurs de Pétain qui voulait le transférer à Verdun, « conformément à ses dernières volontés ». L'opération avait rapidement tourné au fiasco en même temps qu'elle avait ridiculisé les autorités de l'époque. Le cercueil, retrouvé dans un garage de Saint-Ouen, a été ramené à l'île d'Yeu. Et les cinq membres du commando aux allures d'apprentis barbouzes avaient été arrêtés. Parmi eux, Michel Dumas, alors âgé de 40 ans et gérant d'une société de pompes funèbres proche du cimetière parisien de Thiais, qui avait été « recruté » pour ses compétences dans l'art funéraire. Opération bricolée et affaire d'Etat Plus de trente ans après les faits, cet habitant du Val-de-Marne revient sur cette improbable histoire de cercueil baladeur dans un livre à paraître chez Albin Michel*. Son titre : « la Permission du Maréchal », en référence à la remarque de M e Tixier-Vignancourt, l'avocat d'extrême droite à l'origine de l'opération, qui lui avait écrit : « Vous avez offert au vainqueur de Verdun trois jours de permission. » Embringué dans l'aventure par amitié, « mais sans conviction politique » assure-t-il, l'entrepreneur de pompes funèbres raconte sa « maraude » avec le cercueil de Pétain très simplement. Comme on décrirait une banale virée entre amis. Le récit qui alterne les anecdotes sur la « grande » et la « très petite » histoire met ainsi en lumière les innombrables couacs d'une opération qui apparaît comme quasi improvisée sous la plume de l'auteur. Il y a d'abord les airs de comploteurs des profanateurs qui réussissent la prouesse d'inquiéter la serveuse du restaurant où ils s'arrêtent pour déjeuner sur la route de l'île d'Yeu ; l'ouverture plus difficile que prévu (en pleine nuit et sous les fenêtres d'une gendarmerie tout de même) du tombeau dont les joints, faute de matériel, seront partiellement colmatés avec du papier journal ; le chauffeur de l'estafette du transport du cercueil, qui, à moitié sourd, ne comprend pas les consignes que ses complices lui chuchotent lors de l'exhumation clandestine, le rendez-vous manqué chez un « noble » vendéen censé garder la dépouille quelques jours, la découverte quasi instantanément de la profanation, l'alerte, le retour précipité du commando (et du cercueil) à Paris, les interpellations... Au total, un amateurisme qui contraste avec l'ampleur de l'affaire d'Etat causée par la disparition du cercueil d'un maréchal de France. Trente ans plus tard, Michel Dumas, acteur désintéressé de cette rocambolesque équipée, la décrit avec le naturel amusé de celui qui se remémore un canular de jeunesse. Le même naturel qui le poussait à répondre à ses compagnons de garde à vue qui lui demandaient la raison de sa présence au Quai des Orfèvres trois jours après les faits : « J'ai exhumé le maréchal Pétain. » L'affaire - qui a relancé à l'époque le débat national sur la double dimension de Pétain, homme de Vichy et vainqueur de Verdun - n'a finalement valu à Michel Dumas qu'un (bref) passage à la Santé... et pas mal de souvenirs. « La Permission du Maréchal », Michel Dumas. Ed. Albin Michel. 186 pages. 15 euros.
Copie d'un article du Parisien de 2004 et qui fait référence au bouquin d'un acteur de l'opération commando:
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Thiais
« Comment j'ai exhumé le maréchal Pétain »
Benoît Hasse | 12.04.2004
Sur le cercueil du maréchal Pétain, deux initiales sont gravées au canif. Michel Dumas les y a inscrites - « sur le métal de la frette en bronze qui cerclait la bière à l'avant droit », précise-t-il - pour laisser une trace de la folle équipée du cercueil de Pétain. C'était en février 1973. Pendant trois jours, la dépouille du « maréchal de France » exhumée du cimetière de l'île d'Yeu disparaissait dans la nature ! Enlevée par un mystérieux commando d'admirateurs de Pétain qui voulait le transférer à Verdun, « conformément à ses dernières volontés ». L'opération avait rapidement tourné au fiasco en même temps qu'elle avait ridiculisé les autorités de l'époque. Le cercueil, retrouvé dans un garage de Saint-Ouen, a été ramené à l'île d'Yeu. Et les cinq membres du commando aux allures d'apprentis barbouzes avaient été arrêtés. Parmi eux, Michel Dumas, alors âgé de 40 ans et gérant d'une société de pompes funèbres proche du cimetière parisien de Thiais, qui avait été « recruté » pour ses compétences dans l'art funéraire. Opération bricolée et affaire d'Etat Plus de trente ans après les faits, cet habitant du Val-de-Marne revient sur cette improbable histoire de cercueil baladeur dans un livre à paraître chez Albin Michel*. Son titre : « la Permission du Maréchal », en référence à la remarque de M e Tixier-Vignancourt, l'avocat d'extrême droite à l'origine de l'opération, qui lui avait écrit : « Vous avez offert au vainqueur de Verdun trois jours de permission. » Embringué dans l'aventure par amitié, « mais sans conviction politique » assure-t-il, l'entrepreneur de pompes funèbres raconte sa « maraude » avec le cercueil de Pétain très simplement. Comme on décrirait une banale virée entre amis. Le récit qui alterne les anecdotes sur la « grande » et la « très petite » histoire met ainsi en lumière les innombrables couacs d'une opération qui apparaît comme quasi improvisée sous la plume de l'auteur. Il y a d'abord les airs de comploteurs des profanateurs qui réussissent la prouesse d'inquiéter la serveuse du restaurant où ils s'arrêtent pour déjeuner sur la route de l'île d'Yeu ; l'ouverture plus difficile que prévu (en pleine nuit et sous les fenêtres d'une gendarmerie tout de même) du tombeau dont les joints, faute de matériel, seront partiellement colmatés avec du papier journal ; le chauffeur de l'estafette du transport du cercueil, qui, à moitié sourd, ne comprend pas les consignes que ses complices lui chuchotent lors de l'exhumation clandestine, le rendez-vous manqué chez un « noble » vendéen censé garder la dépouille quelques jours, la découverte quasi instantanément de la profanation, l'alerte, le retour précipité du commando (et du cercueil) à Paris, les interpellations... Au total, un amateurisme qui contraste avec l'ampleur de l'affaire d'Etat causée par la disparition du cercueil d'un maréchal de France. Trente ans plus tard, Michel Dumas, acteur désintéressé de cette rocambolesque équipée, la décrit avec le naturel amusé de celui qui se remémore un canular de jeunesse. Le même naturel qui le poussait à répondre à ses compagnons de garde à vue qui lui demandaient la raison de sa présence au Quai des Orfèvres trois jours après les faits : « J'ai exhumé le maréchal Pétain. » L'affaire - qui a relancé à l'époque le débat national sur la double dimension de Pétain, homme de Vichy et vainqueur de Verdun - n'a finalement valu à Michel Dumas qu'un (bref) passage à la Santé... et pas mal de souvenirs. « La Permission du Maréchal », Michel Dumas. Ed. Albin Michel. 186 pages. 15 euros.