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Eva Braun dans l'intimité d'Hitler

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Nouveau message Post Numéro: 71  Nouveau message de Daniel Laurent  Nouveau message 08 Juil 2007, 06:59

Pacificelectric a écrit:Hitler était-il capable d'amour???? Vaste question!

En effet.
Vaste programme...
:D

Ce qui en a sans doute choque plus d'un a la vue de ce documentaire, c'est l'insidieuse question qu'il genere : "Hitler capable d'amour ?" et son corollaire automatique "Hitler etait-il normal ?"
Diable, l'un des plus grands (Sinon le plus grand) criminels de tous les temps etait "normal" ! Et ca, cela passe mal, d'ou les reactions comme celle de Telerama.

Helas, une petite analyse des enormes et sinistres succes qu'il a obtenu ne peux pas s'expliquer rationellement sans reconnaitre au Fuhrer quelques qualites ! Car il en avait, notamment celle d'etre capable de se faire passer pour un abruti afin d'endormir ses adversaires (Croquemitaine se degonflera), ce qui a tres bien fonctionne, entre autre a Munich, et, au vu du debat sur le blog mentionne plus haut, continue a fonctionner chez certains.

Fascinante, la qualite du mensonge nazi...


 

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Nouveau message Post Numéro: 72  Nouveau message de François Delpla  Nouveau message 08 Juil 2007, 08:01

Audie Murphy a écrit:
Nicolas Bernard a écrit:Mais parce que ce type est un tueur, un Genghis Khan égaré au XXe siècle. Son moteur, ce n'est pas l'amour de l'Allemagne, mais la haine. Ce qu'il essaie de sauver en 1945, y compris même jusqu'à son suicide, c'est moins l'Allemagne que son idéologie.


Hitler est bel et bien rempli de haine, mais son amour de l'Allemagne est quant à moi très évident monsieur Bernard. Je n'ai pas besoin d'amener de preuves, vous en savez plus long que moi là-dessus. Je suis loin d'être en désaccord avec votre vision, mais à la lumière de ce que j'ai lu, je me devais d'apporter cette petite rectification quant à ma vision personnelle de l'homme.



d'accord sauf sur
Je n'ai pas besoin d'amener de preuves, vous en savez plus long que moi là-dessus.


Il ne faut pas s'arrêter en si bon chemin, il faut prouver ! Par exemple au moyen du "testament", lumineusement analysé par Fabrice Bouthillon : http://www.delpla.org/article.php3?id_article=303

ou encore, de la fausse fenêtre de la "terre brûlée", une politique dont Speer est chargé alors que Hitler sait bien (par lui-même) qu'il y est hostile, et ne peut manquer de savoir (par les Gauleiter qui informent Bormann, lequel ne lui cache rien, et aussi par les SS) qu'il l'a déjà sabotée au maximum et qu'il ne peut que continuer :
http://www.delpla.org/article.php3?id_article=67

Nicolas, cela n'a pas de bon sens (comme dirait notre Québecois de service !) de dire qu'il veut sauver non son pays, mais son idéologie. Depuis le tout début (fin 1918), l'un ne va pas sans l'autre, et l'idéologie est serve du projet national.

Sur la question très importante, et méprisée patr l'historiographie jusqu'en 1990, de la paix qui pouvait survenir à l'issue de la guerre-éclair en France, on est réduit à des conjectures, et on doit en faire, une juste analyse du nazisme étant à ce prix.

Contrairement à l'accusation gratuite des fonctionnalistes et de leurs fans envers qui ne partage pas leur religion (le dernier en date étant Samuel Gontier ! cf. http://www.delpla.org/forum/viewtopic.php?t=187), il ne s'agit nullement de considérer purement et simplement que la clé se trouve dans Mein Kampf. Cependant, ce livre est à prendre en compte, et on ne peut qu'être méfiant envers qui l'oublie.

Il dit que la victoire contre la France est destinée non à conquérir des territoires mais à "assurer les arrières" d'une conquête de l'espace vital vers l'est.

Autant un Barbarossa violent, judéocide, préparé à loisir pendant un an pour triompher au plus vite et mettre, une fois de plus, la planète devant le fait accompli, se conçoit devant le maintien paradoxal de l'Angleterre churchillienne en guerre, et la réélection subséquente de Roosevelt, imposant d'aller vite et permettant de mobiliser le tréfonds de la nation allemande pour ce faire en jouant sur la fièvre obsidionale, autant, en ayant ramassé les dividendes énormes d'une paix sur le front occidental avalisant ses exactions tchèques et polonaises, donc sanctifiant tout ce qu'il a toujours dit et fait, dans un consensus mondial, il n'a aucun intérêt à rompre le charme en déchirant d'un coup la paix et le pacte germano-soviétique, ce qui, en rendant douteuse la signature à peine sèche du traité avec l'Occident, y fâcherait très fort l'opinion, remettrait en selle un Churchill, permettrait à Roosevelt de solliciter un troisième mandat etc. etc.

Cela si un Blitzkrieg était lancé vers l'est dès l'été 40. Et s'il avait lieu comme l'autre, l'année suivante ? Ce serait laisser retomber la pâte, rendre aléatoire la recherche toujours nécessaire, dans la tactique nazie, d'un prétexte, etc.

Et puis il y a tout le contexte : effectivement, Hitler prépare sa semi-retraite, met Göring sur les rails de la succession, s'abouche avec Speer et Riefenstahl pour l'exploitation "culturelle" de la victoire... Cf. ce que je dis des films d'Eva Braun, à voir dans une perspective non de défaite mais de victoire.

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Nouveau message Post Numéro: 73  Nouveau message de Nicolas Bernard  Nouveau message 08 Juil 2007, 17:28

Navré, mais je ne souscris pas du tout à votre opinion.

Tout d'abord, et même en cas de paix conclue avec la France et la Grande-Bretagne en juin 1940, Hitler n'avait absolument pas la possibilité de se retourner vers l'Est au point de lancer une offensive d'été. Pour des raisons logistiques tout d'abord - il faudra quatre mois, dixit l'O.K.H., pour rameuter la Wehrmacht (ajoutons un autre mois pour les quarante divisions qui n'auront pas à occuper l'Europe occidentale). Pour des raisons diplomatiques, ensuite : si la Hongrie peut être considérée comme une alliée objective du Reich, il n'en est pas encore de même de la Roumanie, de la Bulgarie, de la Yougoslavie, sans parler des relations avec le Japon, toujours aussi indépendant. Or, Hitler a besoin des Balkans pour menacer l'Ukraine et la Crimée, et sécuriser le pétrole de Ploeisti.

En d'autres termes, Hitler n'a certainement pas sérieusement conçu l'idée de s'en prendre à l'Est dès 1940, en cas de victoire totale à l'Ouest. Il lui fallait d'ailleurs préparer les esprits à ce propos.

Bref, la Directive 21 serait entrée en application l'année suivante, et avec un peu d'avance (l'Italie demeure en paix et ne s'attaque pas à la Grèce, la Yougoslavie ne saurait constituer une menace malgré un éventuel coup d'Etat). La tension "belliciste" retombe ? Pas vraiment : il suffit d'exciter le Volk contre le communisme, tirer notamment parti de l'avancée soviétique vers la Baltique et Bucarest, mettre l'accent sur l'existence de minorités allemandes dans les ex-Etats baltes et en Roumanie inquiétée, voire même se revendiquer des Allemands de la Volga : la liste des prétextes à une guerre avec Staline est infinie. Le peuple approuvera parce que l'Allemagne ne se battra pas sur deux fronts et affrontera un adversaire aussi craint que méprisé, en particulier depuis la mésaventure finlandaise.

Hitler n'a strictement rien à craindre de l'Occident. La France a été mise à genoux, et son appareil militaire probablement démantelé, du moins mis à mal. L'Angleterre s'est débarrassée de Churchill et a mis la pédale douce à son réarmement, outre qu'elle a besoin des Allemands pour modérer les Japonais en Asie, face à Hong Kong et Singapour. Les Etats-Unis ? Ils sont loin, et Roosevelt aurait de toutes les manières été réélu en 1940 - il a eu la chance, en effet, de compter sur un certain Lyndon B. Johnson, véritable génie politicien, pour organiser la campagne démocrate. Et qui crachera sur les Allemands pour leur croisade anticommuniste ? Les Français ne sont pas morts pour Prague, ils ont perdu une guerre perdue d'avance pour Dantzig, alors Moscou et Leningrad... Tout au plus y aurait-il eu l'espoir de voir les Allemands s'enliser, comme Napoléon en 1812.

Que vaut un pacte, un traité dans les années quarante, lorsque l'ordre nazi règne sur l'Europe, par annexions, Etats fantoches ou Etats soumis interposés ? Hitler risquait de susciter l'ire de l'Amérique le 22 juin 1941, dans un contexte infiniment moins favorable que celui de notre uchronie : il n'en a pas moins attaqué la Russie. Par quel scrupule moral se serait-il abstenu d'agir de même dans l'hypothèse d'une paix occidentale en juin quarante ? Il ne risquait rien. Il pouvait agir comme bon lui semble. Le Droit, chez lui, c'est la Force. Etant le plus fort, il était en droit d'anéantir l'URSS. Et vu la violence de l'invasion, le génocide juif en aurait résulté. Par peur d'encourir des représailles militaires, les Occidentaux auraient-ils cédé leurs Juifs ? On peut le supposer : il suffisait de faire croire à l'existence d'une réserve, quelque part dans les territoires soviétiques occupés...

Ayant à subir le choc de 200 divisions allemandes et balkaniques, et faute de bénéficier d'un appui anglo-américain, Staline perd évidemment la guerre. Kiev tombe en septembre 1941, Leningrad en octobre, Moscou en novembre. Nouvelle campagne l'année suivante, cette fois vers le Caucase. En 1943, l'armée allemande atteint les monts Oural. Entre-temps, les Juifs de Pologne et d'URSS ont été liquidés. La guerre se prolonge néanmoins contre une quasi-guérilla soviétique en Sibérie, pas de quoi menacer le Reich, mais ce fait permet à Hitler de maintenir son empire en état d'alerte permanente. Le Japon, qui a pu occuper la Sibérie orientale grâce à l'effondrement du régime stalinien, peut transférer l'armée du Kwantung en Chine centrale, et liquide le régime de Tchiang Kaï-chek ainsi que la guérilla de Mao, pouvant ainsi faire contrepoids aux Américains dans le Pacifique.

Dans une telle perspective, qu'aurait donc à craindre Hitler ? Facile : que dalle. D'une certaine manière, allié japonais et effondrement soviétique obligent, il domine le monde.
« Choisir la victime, préparer soigneusement le coup, assouvir une vengeance implacable, puis aller dormir… Il n'y a rien de plus doux au monde » (Staline).

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Nouveau message Post Numéro: 74  Nouveau message de Nicolas Bernard  Nouveau message 08 Juil 2007, 17:35

François Delpla a écrit:Nicolas, cela n'a pas de bon sens (comme dirait notre Québecois de service !) de dire qu'il veut sauver non son pays, mais son idéologie. Depuis le tout début (fin 1918), l'un ne va pas sans l'autre, et l'idéologie est serve du projet national.


Je n'ai pas dit qu'il ne veut pas sauver son pays : j'écris précisément que l'idéologie passe avant le pays, ce qui ne signifie pas que la première exclut le second.

Hitler veut-il sauver l'Allemagne ? Evidemment. Mais pas pour la transformer en R.F.A. A ce titre, il importe de sauver, d'une manière ou d'une autre, le national-socialisme en tant que tel. Il escompte que les Britanniques et les Américains, suffisamment cyniques pour ne pas toucher à Franco (sans parler de Staline !), sauront faire primer leur anticommunisme sur leur moralité. Manque de chance, il a certes vu juste, mais a sous-estimé leur anti-hitlérisme.
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Nouveau message Post Numéro: 75  Nouveau message de Audie Murphy  Nouveau message 09 Juil 2007, 03:26

Pacificelectric a écrit:Hitler était-il capable d'amour???? Vaste question! L'inverse était sans doute vrai, l'Allemagne vénérait Hitler (enfin, avant que les choses se gâtent pour de bon), mais quand on met "Hitler" et "amour" dans une même phrase, j'ai quelque peine à croire à la vision de l'amour qu'ont les individus mentalement équilibrés. Je pense plutôt à une forme de délire de possession par lequel Hitler a tenté d'imposer ses desseins à un pays tout entier et même à l'univers tout entier. Ce n'est qu'une hypothèse de ma part....


Sauf que cette vision de Hitler est celle du Führer. Il a pourtant montré son "amour" pour l'Allemagne avant même de savoir qu'il choisirait la politique un jour pour mener à bien sa "mission". Pour preuve, il n'hésite pas à s'enrôler pour combattre avec ce pays qu'il chérit alors qu'il a tourné le dos à son Autriche natale. Ses propos alors qu'il sert l'Allemagne comme estafette démontrent clairement qu'il désire plus que tout la victoire pour son pays d'adoption. On ne peut l'accuser alors d'avoir déjà l'idée d'exterminer les Juifs ou je n'ai rien compris ! La défaite de l'Allemagne le plongera dans un état dépressif et les traités de Locarno et de Versailles achèveront de le convaincre qu'il lui faut faire quelque chose pour cette Allemagne qu'il adore par-dessus tout.

Maintenant, quand un homme jaloux aime une femme et qu'il est possessif, on peut penser qu'il aime mal, mais est-ce que ça remet en cause son amour ? Je ne crois pas. Hitler a peut-être mal aimé l'Allemagne, mais je suis convaincu qu'elle était sa seule maîtresse.


 

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Nouveau message Post Numéro: 76  Nouveau message de Audie Murphy  Nouveau message 09 Juil 2007, 03:28

Nicolas Bernard a écrit:Je n'ai pas dit qu'il ne veut pas sauver son pays : j'écris précisément que l'idéologie passe avant le pays, ce qui ne signifie pas que la première exclut le second.


Là-dessus, monsieur Bernard, je crois que vous marquez un point !


 

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Nouveau message Post Numéro: 77  Nouveau message de François Delpla  Nouveau message 09 Juil 2007, 06:07

Audie Murphy a écrit:
Nicolas Bernard a écrit:Je n'ai pas dit qu'il ne veut pas sauver son pays : j'écris précisément que l'idéologie passe avant le pays, ce qui ne signifie pas que la première exclut le second.


Là-dessus, monsieur Bernard, je crois que vous marquez un point !


Certainement, mais gare à la contre-attaque !

Blague à part, je rapelle que nous sommes en train d'essayer de débrouiller des points d'histoire et non de prendre en défaut un adversaire. Et surtout que, si un point est marqué, la question n'est pas débrouillée pour autant.

Certes NB n'a pas dit que Hitler voulait sauver l'idéologie aux dépens du pays, mais que le salut du pays était second. L'erreur me semble plus grave, et j'en reviens à l'image de l'isolement dans un no man's land.

Les camarades internautes ici présents qui nient que Hitler aient aimé, soit l'Allemagne, soit qui ou quoi que ce soit, ont pour eux la quasi-totalité des analyses antérieures à 1990. Jusque vers 1970 c'était un pur monstre et ensuite Speer en a remis une couche en disant en long et en large dans ses mémoires (il l'avait déjà dit à Nuremberg mais sans beaucoup d'écho) qu'il était le plus près possible d'être son ami mais que ce n'était pas possible. Et on a peu critiqué ce témoignage... comme s'il émanait d'un moraliste insoupçonnable !

Ca ressemble à quoi de concéder qu'il aimait son pays, mais moins que son idéologie ? Moi, en tout cas, qui ai déjà quelques difficultés à faire admettre qu'il avait jusqu'au bout une politique, quand beaucoup continuent de croire qu'il était un zombie terré dans son bunker en obligeant son entourage à taire les mauvaises nouvelles, je ne vais pas en plus prétendre qu'il courait deux lièvres à la fois !

Voici donc comment je vois la chose : il considère bien sûr le nazisme comme l'idéologie par excellence du salut de l'Allemagne, mais il admet qu'elle devra hiberner. Ce qui compte, c'est de sauver un certain nombre de réalités matérielles qui permettront un jour de faire refleurir "l'esprit". Et, tout en faisant semblant de tenir la balance égale, il choisit nettement le camp occidental, donc la survie sous la forme d'une puissante RFA anticommuniste. Par ailleurs il affecte de croire jusqu'au bout que la situation peut se retourner et l'Occident se dresser contre l'URSS avant sa mort ou, quand le 28 au soir il décide d'en finir, avant la fin de la guerre : par une entente d'Eisenhower avec Dönitz, que flanque Himmler.

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Nouveau message Post Numéro: 78  Nouveau message de François Delpla  Nouveau message 09 Juil 2007, 06:26

PS.- Le fait de bricoler jusqu'au bout avec tout ce qu'il a sous la main, en parlant de retournement possible, donc en affichant en plein naufrage des espoirs de victoire finale, a deux vertus : d'une part cela peut, finalement, marcher, il est déjà remonté deux fois des abîmes, en 1923 et 1932; d'autre part, même écrasé, le nazisme ne se sera pas couché, "pas de novembre 1918", mieux vaut l'écrasement total, par un ennemi juif et nègre, d'un peuple qui ferme sa gueule et n'en pense pas moins.

D'où l'importance stratégique de Nuremberg (et la limite, enfin, de Churchill, qui voyait au départ dans ces assises plus de risques que de chances) : par la vertu du respect des droits de la défense, les Allemands ont eu la parole, ont été mis en mesure et en demeure de s'expliquer. Le nazisme était sale et, en définitive, (à part Schacht dont l'acquittement était tiré par les cheveux mais pas catastrophique au regard de la stigmatisation du nazisme, puisque précisément il signifiait que le triste sire avait réussi à se faire passer pour entièrement extérieur au régime), seul Göring prit de haut le tribunal... mais en niant tout lien entre le régime et le judéocide, abondamment documenté par ce même tribunal, ce qui ruine sa performance. Par sa précocité et l'abondance de ses matériaux, Nuremberg a rendu le nazisme inséparable du crime contre l'humanité et c'est bien là, là seulement, que le calcul hitlérien a été déjoué.

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Nouveau message Post Numéro: 79  Nouveau message de François Delpla  Nouveau message 09 Juil 2007, 09:14

Nicolas Bernard a écrit:
en cas de paix conclue avec la France et la Grande-Bretagne en juin 1940, Hitler n'avait absolument pas la possibilité de se retourner vers l'Est au point de lancer une offensive d'été.


Je ne souscris pas à toute l'argumentation, mais il est plausible en effet qu'il se soit abstenu. C'est d'ailleurs ce que je dis moi-même !

Le débat porte donc sur le caractère concevable ou non d'une offensive "Barbarossa" démarrant en mai ou juin 41, avec la même brutalité, la même obsession de porter un coup foudroyant, que celle que nous connaissons, en dépit du fait que la guerre n'aurait plus lieu que sur un front (donc avec une rapidité supérieure).

Bref, la Directive 21 serait entrée en application l'année suivante, et avec un peu d'avance (l'Italie demeure en paix et ne s'attaque pas à la Grèce, la Yougoslavie ne saurait constituer une menace malgré un éventuel coup d'Etat). La tension "belliciste" retombe ? Pas vraiment : il suffit d'exciter le Volk contre le communisme, tirer notamment parti de l'avancée soviétique vers la Baltique et Bucarest, mettre l'accent sur l'existence de minorités allemandes dans les ex-Etats baltes et en Roumanie inquiétée, voire même se revendiquer des Allemands de la Volga : la liste des prétextes à une guerre avec Staline est infinie. Le peuple approuvera parce que l'Allemagne ne se battra pas sur deux fronts et affrontera un adversaire aussi craint que méprisé, en particulier depuis la mésaventure finlandaise.


Ton raisonnement me paraît trop provincial. Que fait, que pense le vaste monde pendant tout ce temps-là ? Et les Allemands, soulagés comme après Munich d'une victoire sans pertes humaines (enfin presque, cette fois -puisque la guerre s'arrête à Dunkerque après un impeccable "Sichelschnitt" et que les pertes de juin 40 ont été évitées) ?

Hitler n'a strictement rien à craindre de l'Occident. La France a été mise à genoux, et son appareil militaire probablement démantelé, du moins mis à mal. L'Angleterre s'est débarrassée de Churchill et a mis la pédale douce à son réarmement, outre qu'elle a besoin des Allemands pour modérer les Japonais en Asie, face à Hong Kong et Singapour. Les Etats-Unis ? Ils sont loin, et Roosevelt aurait de toutes les manières été réélu en 1940 - il a eu la chance, en effet, de compter sur un certain Lyndon B. Johnson, véritable génie politicien, pour organiser la campagne démocrate. Et qui crachera sur les Allemands pour leur croisade anticommuniste ? Les Français ne sont pas morts pour Prague, ils ont perdu une guerre perdue d'avance pour Dantzig, alors Moscou et Leningrad... Tout au plus y aurait-il eu l'espoir de voir les Allemands s'enliser, comme Napoléon en 1812.


Là nous sommes au coeur de l'affaire.
Prenons le pb de la réélection de Roosevelt : elle va contre une règle non écrite mais tout de même impérieuse, la coutume instaurée par George Washington de ne faire que deux mandats, sans quoi la tyrannie menace (règle rendue absolue par un amendement de la constitution, malgré ce précédent ou justement à cause de lui, après la guerre). Pour passer outre, il fallait bien la menace d'un Hitler triomphant et d'une guerre non tranchée. Si la paix revient fin mai 40, pas question d'un troisième mandat, à moins que... que cela n'apparaisse comme une fausse paix, précisément, un armistice pour permettre à l'Occident surpris de se remettre sur ses jambes.

Que vaut un pacte, un traité dans les années quarante, lorsque l'ordre nazi règne sur l'Europe, par annexions, Etats fantoches ou Etats soumis interposés ? Hitler risquait de susciter l'ire de l'Amérique le 22 juin 1941, dans un contexte infiniment moins favorable que celui de notre uchronie


mais précisément, il est alors complètement coincé et mis en demeure par le miracle churchillien de la guerre maintenue; et comme il mesure tout, ou du moins l'essentiel, en termes de "Providence", il pense qu'alors elle le tente, et qu'il n'a plus qu'à appliquer le programme à la hussarde, toute violence dehors, cela doit marcher parce que cela ne peut que marcher, étant donné qu'il a été envoyé ici bas pour effacer 2000 ans de christianisme. Marcher, c'est-à-dire que l'URSS va s'effondrer en trois mois, permettant à l'Allemagne de se rendre inexpugnable grâce aux richesses de l'Ukraine et du Caucase. Et à Hitler de convaincre ses larges masses de l'excellence de l'idéologie raciste.

: il n'en a pas moins attaqué la Russie. Par quel scrupule moral se serait-il abstenu d'agir de même dans l'hypothèse d'une paix occidentale en juin quarante ?


mais justement pas par des scrupules moraux ! Toujours par de froids et cyniques calculs. Pour employer une image anachronique, mais très légèrement, il sait qu'il vient de bouleverser le monde par une réaction nucléaire, rien n'urge plus que de laisser refroidir pour consolider les gains.

Il ne risquait rien. Il pouvait agir comme bon lui semble. Le Droit, chez lui, c'est la Force. Etant le plus fort, il était en droit d'anéantir l'URSS. Et vu la violence de l'invasion, le génocide juif en aurait résulté. Par peur d'encourir des représailles militaires, les Occidentaux auraient-ils cédé leurs Juifs ? On peut le supposer : il suffisait de faire croire à l'existence d'une réserve, quelque part dans les territoires soviétiques occupés...


là, n'importe quoi !
et tu te tires une balle dans le pied : effectivement, si Hitler compromet sa paix à l'ouest par un massacre comme si de rien n'était des Juifs sous sa domination, c'est un comportement de maître du monde qui présuppose qu'il entend se faire livrer les Juifs du monde entier.

Donc il est fou, sur toute la ligne. Insensé non seulement idéologiquement, mais pratiquement. Il n'accumule les succès que pour mieux édifier un grand bûcher dont il sera la victime suprême.

Ayant à subir le choc de 200 divisions allemandes et balkaniques, et faute de bénéficier d'un appui anglo-américain, Staline perd évidemment la guerre. Kiev tombe en septembre 1941, Leningrad en octobre, Moscou en novembre. Nouvelle campagne l'année suivante, cette fois vers le Caucase. En 1943, l'armée allemande atteint les monts Oural. Entre-temps, les Juifs de Pologne et d'URSS ont été liquidés. La guerre se prolonge néanmoins contre une quasi-guérilla soviétique en Sibérie, pas de quoi menacer le Reich, mais ce fait permet à Hitler de maintenir son empire en état d'alerte permanente. Le Japon, qui a pu occuper la Sibérie orientale grâce à l'effondrement du régime stalinien, peut transférer l'armée du Kwantung en Chine centrale, et liquide le régime de Tchiang Kaï-chek ainsi que la guérilla de Mao, pouvant ainsi faire contrepoids aux Américains dans le Pacifique.

Dans une telle perspective, qu'aurait donc à craindre Hitler ? Facile : que dalle. D'une certaine manière, allié japonais et effondrement soviétique obligent, il domine le monde.


Je ne te le fais pas dire. Reste que la métamorphose du manipulateur virtuose des années 30 en brute primaire des années 40 n'est pas expliquée du tout.

Et puis tu donnes dans l'anti-américanisme, une chose un peu inattendue chez toi, surtout sous une forme aussi primaire. Ayant laissé leurs amis français et anglais abandonner la lutte en mai 40, ils font et pensent quoi, les States, par rapport à leur obsession de tout le siècle, de repousser le plus loin possible les frontières de leur sécurité et d'obliger la planète entière à s'ouvrir à leurs marchandises ? Le Reich autarcique dominant outrageusement l'Europe, est-ce acceptable pour eux ? Et ils ne seraient même pas fichus, débarrassés pour un temps de soucis dans l'Atlantique, de ramener le Japon dans son archipel, pire, ils lui permettraient de s'étendre encore, aux dépens de la Russie comme de la Chine ?

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Nouveau message Post Numéro: 80  Nouveau message de Daniel Laurent  Nouveau message 09 Juil 2007, 10:06

Bonjour,
Amusant, il aura fallu un "What if" pour que les polemiques NB-FD deviennent interessantes, du moins a mon niveau, et j'espere ne pas etre le seul.

Ceci dit, par rapport a Eva Braun, on baigne dans le Hors Sujet flagrant mais souhaitons que les moderateurs continuent de faire semblant de ne pas le remarquer.


 

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