Voici donc mon compte-rendu:
Günter Gallisch est né à Berlin. Dans un quartier où la majorité des gens étaient d'allégeance communiste, il se situait quant à lui plus au centre. Aucun des deux régimes ne lui convenait car il n'a jamais aimé se faire dicter ce qu'il devait penser. Il a été témoin du lendemain de la Kristall Nacht et a tristement constaté que Berlin ne serait jamais plus la même suite à cette tache indélébile sur sa réputation.
Claustrophobe de nature, il aurait été incapable d'exercer le métier de sous-marinier malgré le prestige que cette branche de la marine représentait. Il était matelot sur un rafiot modifié en navire de guerre. Il nous a raconté les difficultés rencontrées lors du mitraillage des avions qui volaient à haute vitesse. L'astuce était de tirer loin devant pour réussir à atteindre la cible. Une anecdote teintée d'humour : «Nous avions moins de mal à atteindre les aéronefs qui fonçaient droit sur nous, mais eux aussi nous avaient dans la mire. Cependant, je ne sais pas lequel des deux avait le plus peur!»
Je lui ai demandé s'il avait lu le Mein Kampf, et si oui, comment n'avait-il pas deviné qu'Hitler voulait la guerre? Il a été incarcéré à un certain moment (pour insubordination, je crois) et on ne lui a fourni que deux livres à lire : la Sainte Bible et le Mein Kampf. Günter Gallisch avoue ne pas avoir été épaté par cette brique indigeste. Son jeune âge a fait en sorte qu'il n'a peut-être pas saisi entièrement le message colporté par Hitler et son bras droit Rudolf Hess. Il m'a fait remarquer également que le Führer, en bon politicien, ne faisait pas toujours ce qu'il disait et qu'il ne disait pas tout le temps ce qu'il comptait faire.
L'un des convives se demandait quand il avait commencé à douter de la victoire de l'Allemagne. De façon surprenante, il a avoué que c'était dès le déclenchement de Barbarossa en juin 41. M. Gallisch insiste pour dire qu'il n'était pas attiré par le national-socialisme, mais qu'il avait senti un fort élan de patriotisme monter en lui à l'époque. Avant l'arrivée d'Hitler au pouvoir, M. Gallisch se demandait s'il allait pouvoir manger le lendemain; après, il se demandait plutôt quel plat serait au menu. Difficile de ne pas apprécier un homme qui permet aux familles de regagner leur dignité, même si pour ce faire, certaines libertés sont bafouées.
Günter Gallisch était à Berlin quand le comte Claus von Stauffenberg avait attenté à la vie du Führer en juillet 44. Il se souvient du message radiodiffusé de Goebbels pour annoncer l'infamie. Parmi la population, la nouvelle avait fait aussi peu de vagues que si on avait annoncé la météo du lendemain. Il faut comprendre que la cote de popularité d'Adolf Hitler avait chuté drastiquement vers la fin du conflit. Il était d'ailleurs beaucoup plus populaire dans le sud du pays à ses débuts en politique.
M. Gallisch a été emprisonné en France après la capitulation de l'Allemagne. Il raconte avoir perdu la moitié de son poids en très peu de temps à cause des privations. Selon lui, le responsable du camp se graissait la patte sur le marché noir avec les denrées destinées au prisonniers. Il ne peut blâmer les Français pour les mauvais traitements car il comprend très bien les idées revanchardes d'un peuple qui a subi l'humiliation de l'occupation pendant au moins 4 ans. Günter Gallisch aurait seulement préféré ne pas être le bouc-émissaire d'un régime dont il ne partageait pas l'idéologie.
M. Gallisch a décidé de s'exiler suite à son internement car il ne se reconnaissait plus dans l'Allemagne d'après-guerre. Il a marié une Française même si sa mère aurait préféré une autre bru. Au premier regard, il a su que cette femme deviendrait Mme Gallisch. Curieuse coïncidence, elle avait déclaré vouloir marier cet homme en uniforme quand elle l'avait vu en photo. Pourquoi avoir choisi le Québec comme terre d'accueil? Parce que la vie nous réserve parfois de belles surprises!
- Günter Gallisch et Jean-Pierre Vallée qui a collaboré à la rédaction de son ouvrage.
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- Le héros de la journée dans le garage d'un collectionneur de véhicules militaires.
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- M. Gallisch commence à nous entretenir de sa vie sous le règne d'Hitler.
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- Günter Gallisch a fait l'honneur à votre humble serviteur de bien vouloir poser avec lui.
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