romualdtaillon a écrit:MA était vraisemblablement meilleur à l'offensive qu'à la défensive. Si l'opération Carwheel a été un succès, sa stratégie à Bataan était contraire aux ordres du quartier général de Washington qui lui avait recommandé d'éviter l'affrontement direct avec les troupes de Homma,
C'est effectivement la seconde erreur commise par le général américain. Il est vrai qu'il se croyait fort de pouvoir rejeter les Japonais à la mer. Les effectifs de l'envahisseur étaient deux fois inférieurs aux siens - mais son adversaire nippon, le général Homma, bénéficiait de la supériorité aérienne, outre qu'il pouvait compter sur son armement lourd et sur une infanterie bien entraînée. En face, les soldats philippins ont vite cédé à la panique. Comme le signale l'historien William Manchester, "Mac" avait su où les Japonais débarqueraient, mais commettra l'impair de rechercher l'affrontement direct.
Il me paraît exagéré d'écrire que MacArthur était meilleur attaquant que défenseur. Sa retraite vers Bataan est habile. Il est vrai qu'Homma fera preuve d'une certaine lenteur. N'empêche que le plan
Orange, qui prévoyait un tel décrochage, sera appliqué avec succès. De fait, les Japonais perdront du temps.
résultat : les américains et les philippins se sont retrouvés assiégés à Bataan alors que Dugout Doug, le surnom que lui avait donné ses officiers par dérision en raison de sa crainte apparente du front, se réfugiait piteusement en Australie en abandonnant ses hommes. Il fallait une stratégie médiatique bien efficace pour faire de ce «I shall return» une phrase à connotation héroïque...
Il me semble que MacArthur s'est plutôt fait tirer l'oreille par Roosevelt pour quitter les Philippines, non ? Le Président Quezon avait également formulé une telle demande.
Effectivement, il ne faut pas oublier que l'abdication de Hirohito a été réclamée par les frères de Hirohito et publiquement à deux reprises par son oncle, le prince Higashikuni. Sans parler des commentaires publics de Konoe, du juge en chef de la Cour suprême du Japon, du président de l'Université impériale ou du poète Tatsuji Miyoshi.
L'attitude du Prince Higashikuni, Premier Ministre du Japon de 1945 à 1946, est effectivement éloquente. L'homme, esprit brillant, a soutenu les faucons dans les années trente, et ses responsabilités militaires l'ont amené à participer, certes de loin, au massacre de Nankin. Mais sitôt la capitulation décidée et lui-même nommé à la tête du Cabinet, il se lance dans une politique de repentance tous azimuts, s'efforçant de damer le pion aux Américains en matière d'esprit civique.
La stratégie était pour le moins habile. Le Prince ne s'opposait même pas au principe d'un procès des criminels de guerre, mais envisageait de confier ces affaires à des juges nippons.
Sa volonté de voir Hiro Hito abdiquer procédait de cette politique de repentance. Quelles que soient ses anciennes compromissions, Higashikuni aura la lucidité de reconnaître que la politique impériale avait été erronée - je ne crois pas me souvenir qu'il ait approuvé l'entrée en guerre du 7 décembre 1941.
Il me revient ici en mémoire la lettre adressée par Kido à son souverain en octobre 1951 : «Votre Majesté a été justement exonérée mais afin d'honorer la maison impériale, elle soit considérer l'abdication à un moment approprié ... L'abdication serait un acte conforme à la vérité... Si votre Majesté laisse passer cette opportunité, elle fera en sorte que seule la famille impériale aura renoncé à assumer sa responsabilité...»
Nul doute qu'une inculpation aurait fait grand bruit mais qu'une destitution avec la mise en place d'une régence aurait aisément pu être faite n'eut été de l'obsession présidentielle de MA.
Toujours est-il que la rumeur de l'abdication a circulé parmi la population. Cette dernière avait accepté
"l'inacceptable" défaite de 1945 : la mise à la retraite de Hiro Hito n'aurait guère rencontré de résistance. Mais l'abdication de l'Empereur aurait eu pour directe conséquence de l'envoyer dans le box des accusés du Tribunal militaire international pour l'Extrême-Orient, qui allait débuter ses assises en 1946. MacArthur ne pouvait se le permettre.
Le fait d'avoir exonéré tous les membres de la famille impériale, les dirigeants des zaibatsu et les membres des unités de Shiro Ishii peut également être questionné. Pour les derniers, l'ordre venait de Washington mais MA ne l'a jamais contesté. Dans le premier cas, quelles auraient été les implications politiques d'accuser des mécréants comme Fushimi, Asaka et Takeda ? Y aurai-il vraiment eu «révolte» ?
A mon sens, vu l'état de la situation économique du pays en 1945-1946, le Japonais moyen s'en serait sans doute désintéressé. Mais "Mac" avait des idées bien arrêtées sur la pacification, et Washington également. S'agissant des experts de l'Unité 731 par exemple, il fallait absolument récupérer leurs précieux secrets, au nom de la Guerre Froide.
Un homme d'extrêmes en effet, dont l'auréole s'est toutefois rapidement ternie à la fois aux USA et au Japon, après les révélations faites au congrès sur sa gestion pendant la guerre de Corée. Outre ses recommandations célèbres d'atomiser la Chine qui ont fait grand bruit en Occident, les japonais eux se rappellent surtout de sa déclaration livrée en 1952 à un comité sénatorial devant lequel il a affirmé que le peuple américain était «un adulte de 45 ans» et le peuple nippon «un enfant de 12 ans».
Dommage... Un homme si brillant, si proche de la réussite totale : il a toujours réussi à tout gâcher à la dernière minute. Cela dit, à la différence de certains de ses collègues, tel que le général Charles Willoughby, son adjoint proche de l'extrême droite américaine, ou encore le général Edwin Walker, commandant de la
24th I.D. en Allemagne de l'Ouest et patron de l'association extrémiste
John Birch Society, il ne s'engagera pas sur la voie de la dissidence et respectera le jeu démocratique américain.