Le Point.fr
14-05-2013
" Pour le maire de la ville japonaise d'Osaka, les "femmes de réconfort" asiatiques enrôlées de force dans les bordels de l'armée nippone durant la dernière guerre mondiale étaient une "nécessité", une déclaration embarrassante pour le gouvernement japonais qui a prudemment pris ses distances.
"Quand les soldats risquent leur vie sous la mitraille et que vous voulez leur procurer du repos quelque part, c'est clair que vous avez besoin d'un système de femmes de réconfort", a déclaré sans ambageslundi soir Toru Hashimoto, dirigeant de la principale métropole de l'ouest du pays devant toutes les télévisions japonaises.
La plupart des historiens estiment à environ 200.000 le nombre de femmes asiatiques réduitess en esclavage sexuel par le Japon. Ces Coréennes, Chinoises et Philippines notamment étaient obligées de travailler dans des bordels militaires de campagne japonais.
Comme l'an dernier lorsque le maire de Nagoya (centre du Japon) avait mis en doute le massacre perpétré en 1937 à Nankin (est de la Chine) par les troupes japonaises (près de 300.00 personnes selon les chiffres officiels chinois), les déclarations de M.Hashimoto ont été immédiatement condamnées à Séoul et Pékin.
"Nous sommes profondément déçus qu'une personnalité officielle défende de tels crimes inhumains", a déclaré à l'AFP une porte parole du ministère sud-coréen des Affaires étrangères.
"Choqués et furieux", a réagi la porte-parole de la chancellerie chinoise Hong Lei. "De la façon dont il abordera son passé dépendra l'avenir pour la Japon", a-t-elle ajouté.
Le Japon s'est certes excusé pour ces "crimes" mais nie toute responsabilité officielle dans la conduite de ces maisons closes.
Codirigeant du Parti de la Restauration du Japon avec l'ancien gouverneur de Tokyo Shintaro Ishara, lui aussi connu pour ses déclarations choc notamment anti-chinoise, M.Hashimoto a certes concédé que des femmes avaient été enrôlées de force dans ces bordels militaires mais, a-t-il ajouté c'est imputable "à la tragédie de la guerre".
Le secrétaire général du gouvernement Yoshihide Suga, a refusé mardi de commenter directement cette sortie, se contentant de rappeler la position officielle selon laquelle le Japon reconnait les souffrances infligées aux peuples de la région durant la dernière guerre mondiale.
Il demeure que les relations du Japon avec la Chine et la Corée du Sud restent indéniablement marquées au fer rouge de la guerre, notamment depuis le retour aux affaires en décembre dernier du "faucon" Shinzo Abe qui souffle alternativement le chaud et le froid.
D'un côté, il affiche sa volonté de réformer la constitution pacifiste du Japon qui lui interdit le recours à la guerre, et aussi de revoir la déclaration officielle de 1995 sur les "remords" du Japon.
De l'autre, il répète que son gouvernement n'entend pas pour autant revenir sur la reconnaissance par le Japon des souffrances infligées aux peuples d'Asie pendant la Deuxième Guerre mondiale.
Mais parallèlement, près de 170 parlementaires j^ponais se sont rendus fin avril au très controversé sanctuaire de Yasukuni à Tokyo, qui honore les soldats tombés au champ d'honneur mais aussi 14 criminels de guerre condamnés par les Alliés après 1945.
Suite à cette visite, la plus importante de parlementaire nippons depuis 23 ans dans ce lieu symbole par exellence pour les voisins asiatiques du passé impérialiste nippon, Séoul avait annulé un voyage au Japon du chef de sa diplomatie.
D'autres initiatives du conservateur Abe ont été tout aussi mal perçu par les pays voisins: fin janvier, son gouvernement a approuvé un budget militaire en hausse, une première depuis onze ans, à 52 milliards de dollars pour 2013-2014 (38,7 d'euros).
Et pour la première fois, le Japon a célébré fin avril devant l'empereur l'anniversaire de la souveraineté recouvrée du pays en 1952 après sept ans d'occupation américaine."
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