Bataille de la mer des Philippines
La Bataille de la Mer Philippine est une bataille navale et aérienne de la Guerre du Pacifique pendant la Seconde Guerre mondiale, et qui a opposé la Marine impériale japonaise et la Marine des États-Unis en Mer des Philippines, au large des îles Mariannes du 19 au 20 juin 1944, pendant que les troupes américaines s'emparaient Saipan pour ensuite envahir Tinian, deux îles des Mariannes du Nord.
L'opération américaine avait pour nom opération FORAGER. Son but était la prise de contrôle des îles Mariannes et plus particulièrement Saipan et Tinian, deux îles qui appartenaient au Japon depuis 1917, et Guam, une île américaine depuis 1899, la plus grande des Mariannes située au sud de l'archipel, que le Japon avait été envahie trois jours après l'attaque sur Pearl Harbor.
La 5e Flotte était constituée principalement des forces de débarquement ("Forces expéditionnaires Jointes") sous les ordres du vice-amiral R.K. Turner, et des porte-avions rapides et de leur escorte (Task Force 58 ou TF58) sous les ordres du Vice-amiral Marc A. Mitscher.
Le 11 juin, la force d'invasion américaine fit précéder l'attaque principale par une série de frappes aériennes sur les Mariannes, faisant comprendre aux Japonais que l'objectif de l'attaque était les Mariannes. Ceci était une surprise pour eux puisqu'ils qui s'attendaient plutôt à une attaque plus au sud, soit dans les Carolines, éventuellement à Palaos.
La Force Mobile quitta Tawi-Tawi le 13 juin en direction des Mariannes. Les plans de Ozawa supposaient l'attaque de la Flotte par des bombardiers basés dans les Mariannes avec le soutien de l'aviation embarquée de la Force Mobile.
Cependant, comme on l'a vu, la Force Mobile avait été repérée par des sous-marins américains et de toute façon, le code secret japonais avait été décrypté. Tous les mouvements de la Force étaient donc connus de la 5e Flotte et de la TF58. Par ailleurs, les raids américains du 11 juin sur les aérodromes de Rota, Saipan, Tinian et Guam avaient mis à mal la capacité aérienne de ces bases, puisque selon les rapports américains, 150 (des 250) avions japonais furent détruits soit au sol soit en vol (alors que 11 avions américains avaient été abattus).
Le 14 juin, Spruance, ayant reçu des informations relatives à de possible renforts aériens japonais de Iwo Jima et Chichi Jima dans les îles Bonin. Sachant que plusieurs jours se passeraient avant l'engagement avec la flotte japonaise, il envoya deux Task Groups, le TG 58.1 de Clarck et le TG 58.4 de Harris vers ces îles, qu'ils atteignirent et attaquèrent le 16 juin, infligeant de graves dégâts aux capacités aériennes de leurs aérodromes.
Le 15 juin, l'invasion de Saipan commençait. Le 18 juin, l'amiral Mitscher avait rassemblé la TF 58 près de Saipan et se préparait à la bataille. Peu avant minuit ce jour là, l'amiral Chester Nimitz envoya à Spruance un message l'informant que la force japonaise se trouvait à environ 560 km à l'ouest-sud-ouest de la TF 58 et Mitscher demanda l'autorisation de se porter à l'ouest pendant la nuit, afin de se trouver dans une bonne position d'attaque à l'aube.
Spruance refusa de donner cet ordre. Il craignait en effet que les Japonais tentent d'éloigner sa Task Force de la zone d'invasion avec une force de diversion et attaquent ensuite sa flotte par le flanc en mettant en danger l'invasion de Saipan. Il ordonna donc à la TF de rester sur place, laissant aux Japonais l'initiative, et donna l'ordre aux deux Task Groups envoyés dans les Bonin de rejoindre la Task Force le 17 juin.
La position attentiste de Spruance fut critiquée à l'époque et encore maintenant, quoiqu'il soit intéressant de comparer la prudence de Spruance à l'époque avec l'impétueuse poursuite d'une force de diversion par l'amiral William Halsey pendant la bataille du golfe de Leyte.
Premiers mouvements 19 juin
A 05h30, la TF 58 commença à lancer des patrouilles aériennes. Dans le même temps, l'aviation japonaise basée à Guam lançait 50 avions, à la recherche de la Task Force.
Vers 05h50, un Mitsubishi Zero trouva la TF 58 et réussit à en transmettre la position avant d'être abattu.
Moins d'une heure plus tard, le reste des forces aériennes de Guam se regroupait pour attaquer la Task Force.
Ces mouvements ayant été repérés par radar, un groupe de Grumman Hellcats du CVL Belleau Wood, fut lancé et attaqua alors que les avions japonais se rassemblaient pour l'attaque, rejoints par des avions provenant des autres îles.
Une bataille aérienne s'ensuivit, au cours de laquelle 35 avions japonais furent abattus. La bataille n'était pas encore terminée lorsque les Hellcats furent rappelés par leurs porte-avions à 10h00.
Les raids japonais
L'ordre de rejoindre les porte-avions avait été donné parce que la TF 58 venait de détecter un certain nombre de contacts radars à 240 km à l'ouest. Il s'agissait du premier raid de 69 avions lancé par la Force Mobile et la TF 58 lança la quasi totalité de ses avions embarqués.
Le lancement de cette première vague d'avions à 08h00, très en avant des autres raids, était une première erreur, commise par le contre amiral Obayashi qui commandait les porte-avions de la force Van du vice-amiral Kurita et qui décida de cette attaque sans attendre les ordres, remettant en cause toute cohérence dans l'attaque japonaise.
La seconde erreur fut commise par les aviateurs japonais, qui interrompirent leur avance à 100 km de la Task Force pour se regrouper avant l'attaque. Cette manœuvre donna aux avions américains un délai supplémentaire de 10 minutes et un premier groupe de Hellcats atteint les avions japonais à 100 km de la Task Force à 10h36. 25 avions japonais furent rapidement abattus alors que les Américains ne devaient déplorer la perte que d'un appareil.
Un avion japonais abattu alors qu'il attaquait le USS Kitkun Bay
Les avions japonais restants furent ensuite attaqués par un autre groupe d'avions américains, et 16 autres furent abattus. Les survivants tentèrent d'attaquer deux destroyers américains, le Yarnall et le Stockham sans causer de dommage. Une bombe atteint le cuirassé South Dakota, mais aucun avion japonais ne réussit à approcher les porte-avions américains et seuls 27 avions japonais rejoignirent leur porte-avions.
Entre-temps, à 09h00, Ozawa avait lancé le raid aérien principal, 129 avions lancés des porte-avions de la Force A, mais ne lança pas ceux de la Force B commandée par le vice-amiral Takaji Joshima. Après son absence de réaction à l'impétuosité de Obayashi, ce fut la première erreur de Ozawa.
A 11h07, la seconde vague japonaise fut détectée. Les avions américains les engagèrent à 100 km de la Task Force et 70 avions japonais furent abattus avant d'atteindre la Flotte. Six avions attaquèrent le Task Group 58.2 du contre amiral Montgomery et causèrent des dégâts mineurs sur deux des porte-avions. Un petit groupe d'avions lanceurs de torpilles attaqua l'Enterprise et une torpille explosa dans son sillage. Des 129 avions, 97 avaient été abattus
Un troisième raid de 47 avions fut intercepté à 13h00 à 75 km de la Task Force. 7 furent abattus, et les Japonais firent demi-tour, 40 avions rentrant à leur base.
Le raid final de cette journée, 82 avions, fut lancé entre 11h00 et 11h30. Le groupe d'attaque avait cependant reçu des informations incorrectes sur la position de la Task Force et fut incapable de la trouver. L'escadrille se sépara en deux groupes pour se diriger vers Guam et Rota afin de refaire le plein. Le groupe de dirigeant vers Rota rencontra le TG 58.2 de Montgomery. 18 d'entre eux furent engagés par les chasseurs américains qui en abattirent 9, tandis qu'un groupe de 9 bombardiers attaquaient les porte-avions Wasp et Bunker Hill sans leur causer le moindre dommage, tandis que 8 de ces bombardiers étaient abattus. Le groupe qui espérait se ravitailler à Guam fut intercepté par 27 Hellcats alors qu'ils s'apprêtaient à atterrir. 30 des 49 avions japonais furent abattus, le reste étant endommagé gravement.
Une bombe japonaise explose près du USS Bunker Hill (CV-17), 19 juin 1944
Au soir du premier jour, la Force Mobile japonaise avait donc déjà perdu l'essentiel des forces aériennes basées sur les îles Mariannes et Bonin, et plus de 200 avions, soit près de la moitié, de son aviation embarquée.
Le poids des sous-marins
Le 16 juin, le sous-marin américain Cavalla repéra un des groupes de pétroliers qui suivait une course au nord de la Force Mobile. Le commandant du Cavalla rapporta ce contact et son souhait d'attaquer les pétroliers, mais le commandant en chef des sous-marins du Pacifique (ComSubPac), le vice-amiral Lockwood, lui donna l'ordre de suivre les pétroliers pour arriver à la force principale, ce qui arriva le 17 juin au soir, lorsque Ozawa vint se ravitailler une dernière fois avant la bataille. Le Cavalla rapporta sa découverte et se mit à suivre la Force Mobile.
Le 18 juin, un autre sous-marin américain, le Albacore, avait rejoint le Cavalla. Le 19 juin au matin, le Albacore passa à l'attaque. Son choix se porta sur le Taiho, le navire amiral de la Force, qui venait de lancer 42 avions dans le cadre du second raid.
Le système de calcul de tir de l'Albacore étant tombé en panne, il fut obligé de lancer ses torpilles au jugé. Quatre des six torpilles lancées ratèrent leur objectif, une cinquième fut arrêtée par le sacrifice d'un pilote japonais qui lança son avion sur celle-ci, mais la sixième atteignit le Taiho près des réservoirs de combustible. A première vue, les dégâts ne paraissaient pas sérieux, et la vitesse du bâtiment en fut à peine réduite.
Peu après, le Cavalla attaqua le Shokaku vers midi. Trois torpilles atteignirent le Shokaku qui fut sérieusement endommagé. L'incendie atteignit les réserves de munitions vers 15h00, et le Shokaku explosa et coula rapidement.
Entre-temps, le Taiho était victime d'une erreur d'un officier de contrôle de dégâts qui donna l'ordre d'utiliser le système de ventilation à pleine puissance pour évacuer les gaz explosifs du vaisseau. Cet ordre eut en fait pour conséquence que les gaz se répandirent dans tout le bâtiment, avec pour conséquence une explosion qui le coula vers 17h30.
source : http://fr.wikipedia.org/wiki/