Bonsoir Olaf,
Olaf a écrit:J'ai déjà acheté un livre qu'on m'avait conseillé, "le soldat oublié", qui m'a l'air pas mal du tout.
Excellent choix.
Bon, cedant a mon instinct primaire de base, je reponds (En toute amitie, Olaf) a la provocation et t'en remets une couche quant a ce livre :
Biographie :
Guy Mouminoux est né à Paris le 13 janvier 1927 d’un père français et d’une mère allemande. En 1940, il est avec sa famille en Alsace et est fortement impressionne par les soldats allemands. A 16 ans, en 1942, il s’engage Wehrmarcht. Il sera envoyé sur le Front de l'Est. De cette expérience traumatisante, il tirera "Le soldat oublié" publié sous le nom de jeune fille de sa mère, "Guy Sajer". Commence en 1952, ce livre sera publie en 1958.
Rentre vivant du front de l’Est, il fera une carrière de dessinateur. Après avoir dessiné pour plusieurs publications, il rentre en 1959 au sein du "Journal de Spirou" et y publie plusieurs "Oncle Paul".
En 1962, par l'intermédiaire de Benoît Gillain, Guy Mouminoux fait la connaissance de Jijé dont il devient rapidement l'ami.
De cette amitié va naître trois scénarios pour Valhardi : "Le retour de Valhardi", "Le grand rush" et "Le duel des Idoles".
"Je dessinais tout ce qui était technique, principalement les voitures, ainsi que certains décors. Jijé rajoutait les personnages. Je travaillais chez lui, parfois chez moi, et nous avons dû trop souvent nous fier à la poste. On a eu pas mal d'aventures dans ce domaine, parce qu'il y a eu des planches qui se sont perdues et qui ont été retrouvées par la suite. Entre-temps, nous les avions redessinées ! Certaines planches ont ainsi été réalisées deux fois... Mais cette collaboration a été vraiment très drôle et nous avons vécu des moments mémorables !" (interview par Henri Filippini, janvier 1978 in "Tout Jijé 1963-1964", Dupuis, 1996).
Après "Blason d'Argent" dans "Coeurs Vaillants", "Prémolaire" dans "Formule 1" et "Goutatou et Dorochaud" dans "Pilote", Mouminoux créé "Rififi" dans "Tintin" et prend le pseudonyme de Dimitri Lahache.
Sous ce nom, il dessine "Les Familleureux" dans "Le Journal de Spirou" et "Le Goulag" dans "B.D.", "Charlie Mensuel" et "L'Écho des Savanes".
Dans les années 80 et 90, il signe de nouvelles séries comme "Kaleunt", "Koursk" et des one shot comme "Sous le pavillon du Tsar".
Le Soldat oublie, notes de lecture :
Guy Sajer n’est pas un historien. Il nous raconte la vie au jour le jour du Landser sur le front de l’Est. D’abord engage dans une unité du train, la rollbahn, il est ensuite volontaire pour la Division d’élite Grossdeutschland. Chaque fois qu’il replace ce qu’il nous raconte dans un cadre plus général, il prend la précaution de dire «J’ai appris beaucoup plus tard que…» car le troufion de base n’a aucune idée de ce qu’il se passe vraiment sur le champ de bataille ou il se trouve.
Il n’est pas non plus un nostalgique du IIIeme Reich, au contraire. La première partie du livre, ou il explique pourquoi il a rejoint la Wehrmacht, est un bon compte rendu quant a l’efficacité de la propagande allemande a laquelle il a cru, comme des millions d’autres.
Il est encore moins un spécialiste de terminologie militaire. Pour lui, une MG42, c’est un F.M. voire un P.M.
Mais il est un témoin et un acteur qui est ressorti totalement traumatise de ces années sur ce terrible front de l’Est dont il nous révèle une partie. Une partie car il regrette, a plusieurs reprises, de ne pas pouvoir raconter comme il le souhaiterait, de ne pas trouver les mots et remarquant que, a part ceux qui y étaient, personne de toute façon ne peut vraiment comprendre.
La boue, le sang, l’horrible froid, le manque de sommeil, la fatigue, la faim, l’immonde crasse et les poux, la détresse quand le copain étripé agonise en hurlant sans que l’on ne puisse rien y faire, la me..., la trouille, l’ignoble trouille qui retourne les boyaux sous les déluges de fer et de feu mais aussi l’amitié, la camaraderie qui uni ses soldats. La dernière partie, qui se passe entre Memel, Dantzig et Gotenhafen, est à mon avis la plus poignante : Les débris de la Wehrmacht, composes de soldats dépenaillés, crasseux, sous-équipés, a moitié morts de froid et de faim, qui se battent sans espoir de victoire mais pour donner le temps a la Marine d’évacuer un maximum de civils vers l’Ouest.
Certains ont critique Guy Sajer, mettant en doute certains passages de son récit. Mais, en tenant compte du fait qu’il n’est ni historien, ni spécialiste militaire, ces critiques sonnent creux. De plus, son style de langage montre clairement qu’il n’est pas non plus un écrivain. Simplement un témoin qui raconte comme il peut
Au-delà du front de l’Est, ce livre est un témoignage de ce que les soldats qui doivent retraiter dans des conditions difficiles ont pu vivre, quelle que soit l’armée dans laquelle ils se trouvaient et quelle que soit l’époque.
A recommander donc a ceux qui, de temps en temps, se laisse un peu prendre au mythe de la fleur au fusil. Mais attention, âmes sensibles s’abstenir.