Certes, ce n'est officiellement qu'un "roman", mais l'ouvrage de Jonathan Littel,
Les Bienfaisantes, publié en 2006, couronné par plusieurs prix majeurs (Académie Française, Goncourt) et vendu à plus de 700 000 exemplaires, traite très longuement du problème sous toutes ses formes, dès les premiers jours de l'été 1941.
Son personnage principal craque rapidement en commandant des exécutions par balles; il s'agit, à l'origine, d'un étudiant en droit, qui, doté d'une licence ou d'un diplôme équivalent, avait intégré la
SS-General, avant d'être recruté par les services de HH, pour se retrouver, dès l'été 1941, propulsé à la tête d'un
Einsatzgruppe. Il avait beau être un fayot de première, mentalement le lascar n'avait pas supporté la besogne qu'on lui avait confiée, au point qu'on le retrouve, fin 1941, dans un "sanatorium" sur le rivage de la Mer Noire, en train d'essayer de soigner une dépression nerveuse monumentale.
Bref, c'est du roman, mais Jonathan Littel avait très sérieusement bosser son sujet. " L'abattage par balles" avait très vite montré ses limites, y compris parmi les exécuteurs les plus impitoyables, qui finissaient, eux-aussi, par craquer mentalement "devant" l'importance de leurs charniers. Littel explique bien le choix de solutions "moins traumatisantes" pour les exécutants (!), d'abord, les gaz d'échappement - mais le processus était long et les "effectifs traités" limités -, puis l'adoption de la solution des "chambres à gaz". La narration est épouvantable, mais elle décrit bien la démarche, résultat de "l'expérience".