Kursk, second coup d’arrêt à l’Est (6 juillet -23 août 1943)
Sous les coups de boutoir des offensives russes, déclenchées à partir de novembre 1942, la ligne de front a reculé vers l’ouest, isolant, définitivement, la 6. Armee dans Stalingrad. Dès la mi-janvier 1943, 450 km à l’ouest de Stalingrad, est apparue une grande brèche de 200 km, entre Woroschilowgrad (l’actuelle Louhansk, en Ukraine), au sud, et Mitrofanowka (bourgade de l’oblast de Soumy), au nord. En février 1943, les troupes allemandes, hongroises, italiennes, roumaines qui refluent, alors, vers la rive droite du Don, s’y engouffrent, tout en tentant d’arrêter la progression soviétique qui cherche à l’exploiter la brèche et s’empare de Belgorod et Kharkov.
Deux cents kilomètres plus au nord, à la jonction des Heeresgruppen Mitte & Süd, l’Armée Rouge parvient, en deux jours (27 & 28 janvier 1943), à rompre les lignes allemandes, à hauteur de Kursk.
Deux mois seront nécessaires pour stabiliser, à nouveau, la ligne de front ; au sud, Kharkov est repris de haute lutte, dès la mi-mars, et Belgorod, dégagé, le 20, mais, dans le secteur de Kursk, si la progression des troupes russes est enrayée, à dater du 25, il n’a pas été possible de les en déloger et les positions allemandes se contentent de le circonscrire ; désormais, sur les cartes d’état-major de l’OKH, apparait une dangereuse verrue, le saillant de Kursk.
Immédiatement, après la stabilisation de la ligne de front, Adolf Hitler avait fixé trois priorités, la nécessaire reconquête – qui n’aboutira pas -, par la 17.Armee/Heeresgruppe A, de la ville portuaire de Novorossisk, en bordure de Mer Noire, sur la façade ouest du Kouban, et, après l’inévitable bourbier de la Raspoutitsa printanière, deux opérations successives d’envergure assez modeste, Unternehmen Habicht (Autour) & Panther, destinées à consolider les positions allemandes du Heeresgruppe Süd, entre Kharkov et Sslawjanks, en éliminant une avancée russe d’une quarantaine de kilomètres de profondeur.
Contrairement à la thèse généralement admise, le projet Zitadelle n’est pas une initiative du Führer, mais, sur la base de récentes recherches d’historiens dans les archives allemandes, d’Erich von Manstein (Oberbefehlshaber Heeresgruppe Süd), qui convainc l’OKH de mener une opération beaucoup plus ambitieuse, l’élimination du saillant de Kursk. Adolf Hitler finit par se rallier à l’avis favorable et unanime de son état-major ; le 15 avril 1943, il ajourne les opérations Habicht & Panther et autorise les préparatifs pour une offensive majeure, dont le déclenchement est fixé début mai, Unternehmen Zitadelle.
Les dimensions du saillant, situé au sud d’Orel et au nord de Kharkov, à la jonction des Heeresgruppen Mitte & Süd, sont, au printemps 1943, de 170 km en largeur (du nord au sud) et 160 km de profondeur (d’est en ouest), la ville de Kursk étant sensiblement, en son centre, à l’aplomb de la ligne de front. L’objectif est d’isoler le saillant, en refermant sur sa base, à l’est de Kursk, les deux pinces d’une tenaille.
Dans un premier temps, l’opération est différée à la mi-mai, en raison des mauvaises conditions climatiques ; puis, elle est reportée en juin, suite aux retards de production, qui décalent d’autant la prise en main, par leurs équipages, des nouveaux blindés, Sturm-Panzer & Sturmgeschütze 8,8 cm K. (Ferdinand). L’accumulation de défauts sur les Panther est telle que les véhicules déjà livrés sont, tous, retournés en usine ; les Panzer-Abteilungen 51 & 52/Panzer-Regiment 39/Pz.Brigade 10 ne perçoivent, finalement, les deux lots de 96 Panther qu’entre le 24 et le 29 juin 1943 !
Tous ces reports profitent à la Stavka, d’autant qu’avec l’aide d’Ultra, le service britannique d’interception et de recoupement des transmissions allemandes encodées Enigma, elle a l’avantage de connaitre les intentions de son adversaire. Joukov, commandant en chef, a considérablement renforcé son dispositif dans le saillant de Kursk, tenu, au sud, par le groupe d’armée Front Voronezh (Vatutin), au nord, par le Front Centre (Rokossovskiy) - ce dernier, sur son seul secteur, creuse 4600 km de tranchées, fortifie le moindre hameau et pose 400 000 mines ! – et, sur ses arrières, les trois armées du Front Steppe (Konev).
Le 18 juin, considérant que le contexte ne correspond plus à l’objectif initial de l’opération, l’état-major des Opérations de l’OKW propose au Führer d’annuler Zitadelle, d’autant que la situation militaire en Méditerranée exige de constituer deux puissantes réserves, l’une, en Allemagne, l’autre sur les arrières du Front Est, pour qu’elles puissent, rapidement, être acheminées en Italie ou dans les Balkans; le 20 juin, Hermann Hoth, Oberbefehlshaber 4. Pz.Armee estime, malgré l'accroissement considérable des forces soviétiques et de leurs moyens défensifs, que l’opération conserve de bonnes chances de réussite, mais que sa durée risque d’être très supérieure aux prévisions les plus pessimistes. De son côté, Walter Model, à la tête de la 9. Armee, fer de lance de la « Pince Nord », jusque-là chaud partisan de Zitadelle, révise son opinion ; soupçonnant une probable offensive ennemie, il suggère au Generalfeldmarschall von Kluge, Oberbefehlshaber Heeresgruppe Mitte, de modifier le planning afin l’exploiter. Le 25 juin, Adolf Hitler met fin au débat en fixant, au 5 juillet, la date de déclenchement de l’opération Zitadelle !
et la carte qui va bien...
En résumé, Dodolf n'était pas totalement sourd et entendait parfaitement les critiques qui étaient formulées dans son dos par ses généraux. En envoyant balader le "projet" Manstein, il était bon pour être considéré comme un borné avec des oeillières, totalement incompétent en tant que chef militaire; on ne se gène pas, en petit comité, pour lui attribuer les revers de Stalingrad et en Afrique du Nord (où la capitulation germano-italienne est, déjà, entérinée). Donc, vu l'unanimité qui applaudit au projet ambitieux d'opération concocté par Manstein - il était, quand même à l'origine de la "percée des Ardennes", en mai 1940! -, il finit par donner son aval, mais avec une petite idée derrière la tête...si jamais, çà plante, il pourra, toujours, mettre le nez de son état-major dans son "caca". En juin 1943, quand çà commence à ouvrir le parapluie, il rétorque que le projet n'était pas son intention première, mais comme ils étaient, tous, vent debout pour le soutenir, désormais, ils sont priés de le mener à bien! Scrogneugneu!
Il semble, même, à posteriori, que Dodolf n'y croyait qu'à moitié. Certes, il n'aurait, surement, pas craché sur une victoire qui aurait sérieusement redoré son blason, mais, c'est une des très rares situations, où, dans un délai de 15 jours, il ordonne et prend les dispositions pour passer de l'offensive à la contre-offensive "défensive", en laissant 8 jours à Manstein pour démontrer que ses vues justes, tout en confiant, au même moment, carte blanche à Model pour limiter la "cata" qui est en train de se dessiner.
Tarpan a écrit:"Baptisée « Citadelle », cette opération réunit deux fois plus d'hommes et de moyens que « Barbarossa », l'invasion de l'URSS, deux ans plus tôt !
Il y a des bouquins et des sites qui racontent n'importe quoi!
Partons à la chasse aux poncifs.
1) Ordre de bataille, 21 juin 1941 (documents officiels, brut de décoffrage!). L'opération Barbarossa couvrait les Heeresgruppe Süd, Mitte, Nord.
2) Dotation blindées Barbarossa
3) OdB Zitadelle (sur la base des documents officiels existants, Schematische Kriegsgliederungen, tableau établi avec repérage, sous un jeu de flèches noires, des unités directement engagées dans les Pinces Nord & Sud ü(Heeresgruppe Mitte & Süd).
4) Dotation blindées front Est, les unités engagées dans Zitadelle sont repérées en rouge et , sur la droite du tableau principal figure le décompte exact des effectifs engagés dans les Pinces Nord & Sud (Heeresgruppe Mitte & Heeresgruppe Süd)
5) ...et, pour que le panorama "Blindés Teutons" soit complet, ci-après le "Sturmartillerie-Lage" au 30 juin 1943. Il convient de ne prendre en compte, pour la Pince Nord, que les unités de StuGe subordonnées à la 2. Pz.Armee, 9. Armee, 2. Armee (Pince Nord), 4. Pz.Armee & Armeeabteilung Kempf (Pince Sud). Attention, les Flk.Kompanien figurent sur les inventaires Panzer etStuGe.
Pour Koursk, il en est également question ===> ICI