Contrairement à ce que pensent encore aujourd'hui la plupart des gens, la plus grande bataille pour une ville sur le front de l'Est ne serait pas la bataille de Stalingrad, mais la bataille pour Moscou fin 1941.
Selon une étude toute récente qui exploite l'ouverture des archives russes et les témoignages des derniers survivants (The Greatest Battle by Andrew Nagorski), celle-ci a engagé deux fois plus d'hommes qu'à Stalingrad - plus de sept millions - et a causé deux fois plus de pertes - deux millions et demi de tués, disparus, prisonniers ou gravement blessés, dont 1,9 million du côté soviétique !
Pourtant, "la plus grande bataille" du front de l'Est demeure largement méconnue. C'est que tout compte rendu honnête ébranlerait le mythe, encore vivace aujourd'hui, de la "Grande Guerre patriotique".
En effet, les Soviétiques ont été beaucoup plus près de la défaite qu'on ne l'imagine ; si Hitler n'avait pas commis des erreurs encore plus graves que Staline, Moscou serait tombé, ce qui est, bien sûr, passé sous silence dans l'histoire officielle, même de nos jours.
Mais, ce qui a aussi été occulté par les autorités soviétiques et le reste actuellement sous Poutine, c'est le vent de panique qui a soufflé sur Moscou, particulièrement en octobre 1941 : tandis que certaines unités continuaient à se battre héroïquement, des centaines de milliers de soldats lâchaient pied, s'enfuyaient ou se rendaient ; de nombreux civils cédaient à l'affolement et au désordre : à la brutalité, au vol, au pillage... Certains habitants jetèrent même à la poubelle tous les "signes extérieurs de communisme" ! le NKVD brûla ses dossiers...
Même Staline ne savait plus à quel saint se vouer ! Selon un officier témoin, le 16 octobre 1941, à l'acmé de la panique à Moscou, Staline demeura prostré à son bureau, ne cessant de se demander : "Que faire ?", "Que faire ?" Le fameux livre de Lénine portant ce titre ne lui semblait plus d'aucune utilité !