LA DIVISION AZUL
« cliché 1 : Écusson de bras de la division Azul, porté sur la manche droite (sur la manche gauche à la Waffen-SS) »
Décidée à solder la dette d'honneur envers l'Allemagne qui lui a permis de prendre le pouvoir, Franco envoie un contingent de volontaires qui va totaliser 47 000 hommes pour participer à la « croisade contre le bolchevisme » sur le front de Leningrad, au sein de l’unité appelée Division Española de Volontarios mieux connue sous l'appellation de division Azul.
Une dette d'honneur...
Malgré les pressions d'Hitler, le général Franco use de beaucoup de prudence et d'habileté diplomatique pour ne pas céder aux exigences allemandes pour entrer en guerre du côté de l'Axe et permettre à la Wehrmacht d'entrer en Espagne pour attaquer Gibraltar (opération Felix), malgré la signature du pacte antikomintern le 27 mars 1939. Après la rencontre avec Hitler à Hendaye, le 23 octobre 1940, Franco précise avec insistance que l'Espagne ne rentrera en guerre que quand elle le pourra et lui et lui seul en indiquera la date. L'intransigeance du Caudillo laisse un goût amer à Hitler qui lui reproche son manque de gratitude.
L'annonce de l'attaque contre l'URSS est accueillie par de grands cris de joie en Espagne. Toutefois, le Caudillo s'empresse de bien souligner que si l'Espagne a abandonné son statut de neutralité pour la non-belligérance, il maintient son refus d'entrer en guerre contre la Grande-Bretagne dont il craint la puissante Royal Navy qui peut l'asphyxier par un blocus maritime. Mais il veut montrer aussi à Hitler son souhait de participer à la croisade contre le bolchevisme.
Cette dette d’honneur, Ramón Serrano Súñer, ministre des Affaires Étrangères et beau-frère de Franco (surnommé le Cuñadísimo), propose à l'ambassadeur d'Allemagne Eberhard von Stohrer, de l'honorer par l'envoi d'une unité espagnole sur le front russe. Récemment investi du poste de ministre des Affaires Etrangères, sa nomination à la place de Juan Luis Beigbeder jugé anglophile, souligne la volonté de Franco de se ranger du côté de l'Axe tout en conservant, on l'a vu, le statut de non-belligérant.
...que la Russie doit payer.
Serrano Súñer se rend le 2 juin 1941 au quartier-général de la Phalange pour haranguer du balcon la foule enthousiaste de la calle de Alcala, en tenant le discours suivant :
« Camaradas: no es hora de discursos. Pero sí de que la Falange dicte en estos momentos su sentencia condenatoria: ¡ Rusia es culpable!. Culpable de nuestra guerra civil. Culpable del asesinato de José Antonio , nuestro Fundador, y de la muerte de tantos camaradas y tantos soldados caídos en aquella guerra por la agresión del comunismo ruso. La destrucción del comunismo es condición necesaria para la supervivencia de una Europa libre y civilizada. »
« Camarades, l'heure n'est plus aux discours. Mais que la Phalange dicte maintenant sa sentence : la Russie est coupable ! Coupable de notre guerre civile. Coupable de l'assassinat de José Antonio, notre fondateur et de la mort de tant de camarades et de nombreux soldats dans cette guerre, par l'agression du communisme russe. La destruction du communisme est nécessaire à la survie d'une Europe libre et civilisée ».
L'instruction générale du 28 juin 1941 permet le recrutement de volontaires qui pour beaucoup proviennent de la Phalange, des classes moyennes et des étudiants universitaires de la SEU (Syndicats Espagnols Universitaires). Cette nouvelle formation est baptisée Division Española de Volontarios (DEV). Pour la commander, on fait appel au général Agustín Muñoz Grandes. Chef de la 22e Division d'Infanterie et gouverneur militaire du camp de Gibraltar, il a la confiance entière du Caudillo.
« Cliché 2 : le général Agustín Muñoz Grandes, vétéran de la campagne du Rif, il commande la IV Brigada Navarra durant la Guerre Civile ».
Quatre régiments sont formés à partir des centres de recrutement de Madrid (régiment Rodrigo), de Valladolid, Burgos, la Corogne et Valence (régiment Pimentel), Barcelone et Valence (régiment Vierna) et Algésiras et Séville (régiment Esparza). Ils portent selon la tradition militaire espagnole le nom de leur chef de corps. Franco refuse que le corps expéditionnaire soit exclusivement composé de phalangistes et l'encadrement provient en grande partie de l’armée.
Un nouvel uniforme est créé car les volontaires ne pourront pas partir sur l'Ostfront avec la tenue espagnole, le pays n'est pas en guerre et observe un statut de non-belligérant. Ce n'est qu'arrivés en Allemagne que les volontaires endosseront le Feldgrau et seront entièrement équipés à l'allemande. Cette tenue est composée d'un béret basque rouge rappelant les unités carlistes, du pantalon kaki de la Legión Española et la chemise bleue de la Phalange dont la couleur donnera le nom à l'unité de volontaires : la division Azul. Dix-huit mille cinq cents volontaires sont recrutés, beaucoup ayant été refusés, des officiers s'engagent même en tant que simples soldats. Les effectifs sont répartis ainsi : 641 officiers, 2 272 sous-officiers et 15 780 hommes de troupe.
Il faut noter la présence de cinquante-quatre membres de la Guardia Civil, qui échangeront leur célèbre couvre-chef, le tricornio, pour le Stahlhelm et le fameux hausse-col (Ringkragen) caractéristique de la Feldgendarmerie. Mais ce sera le code militaire espagnol et pas allemand qui aura cours. La section sera chargée des tâches de police militaire, patrouilles, du trafic, de la surveillance des bâtiments, etc. Le commandant est le teniente Angel Juarranz Garrido.
Des « étrangers » sont présents dans la division : les Viriatos, volontaires portugais à titre personnel, entre cent à cent cinquante (selon les sources) provenant de la Legión Española équivalent espagnol de la Légion Etrangère, ainsi que quelques Russes émigrés qui serviront d'interprètes.
« Cliché 3 : Madrid, Estacion del Norte, la foule acclame le premier convoi pour l'Allemagne. Au fil du temps et des pertes, l'enthousiasme se refroidira mais les volontaires continueront à affluer dans le cadre de la relève »
« Cliché 4 : Coiffés du béret rouge des Carlistes et de la chemise bleue phalangiste, les volontaires rêvent d'en découdre contre l'ennemi bolchevique et rendre la monnaie de leur pièce. »
Le départ.
Les premiers éléments quittent Madrid le 13 juillet 1941 à la Estacion del Norte sous les chants de la Falange par une foule en liesse criant « Arriba España ! ». Les wagons sont recouverts d'inscriptions guerrières. Les départs vont s'échelonner jusqu'au 23 juillet. Les convois passent la frontière hispano-française à Hendaye, puis Bordeaux. La traversée de la France se fait sous les huées des Français ou plus probablement des réfugiés républicains. A Blois, des coups de feu sont tirés contre des cheminots français. A Sarrebrück, la frontière avec le IIIe Reich est franchie pour se diriger vers la Truppenübungsplatz de Grafenwöhr, l'immense camp d'exercice de la Heer en Bavière, rejoint le 17 juillet.
« cliché 5 : Passage en France, l'accueil est moins exubérant qu'au départ de Madrid, parfois hostile de la part de la population française. »
A Grafenwöhr, l’entraînement prévu pour trois mois sera raccourci. Beaucoup d'éléments ont participé à la guerre civile et sont expérimentés mais les Espagnols s'adaptent mal à la rigoureuse discipline prussienne. La DEV est équipée et armée par la Wehrmacht et réorganisée à l'allemande, avec trois régiments d'infanterie et un régiment d'artillerie. Ainsi, le régiment de volontaires madrilènes Rodrigo est dissous, ses effectifs ventilés dans les trois autres régiments ou affectés au bataillon de remplacement. Le colonel Rodrigo quant à lui, est nommé commandant en second de la division.
Elle est dotée de 5.610 chevaux provenant de Serbie, ce qui provoque l'étonnement car cinq mille conducteurs ont été recrutés dans la perspective d'incorporer une unité motorisée.
Le 31 juillet 1941, Robert Ley chef du Deutsche Arbeitsfront (Front allemand du travail) passe l'unité en revue lors de la prestation de serment.
« cliché 6 : Robert Ley vient saluer la division Azul lors de la prestation de serment »
« cliché 7 : Présentation des couleurs, dans peu de temps le soleil estival bavarois ne sera qu'un lointain souvenir avant d'affronter des températures descendant jusqu'à -40°C »
262º Regimiento de Infantería /Infanterie-Regiment 262 (span.) Regimiento Pimentel.
Coronel Pedro Pimentel Zayas.
I Batallón :
Comandante Ángel Enríquez Larrondo.
1.ª à 3.ª Compañía Fusiles
4.ª Cia. Ametralladoras (Maschinengewehr Kompanie)
« clichés 8 et 8 bis : étandard du IIe bataillon »
II Batallón :
Comandante Matías Sargadoy Allo.
5.ª à7.ª Cia. Fusiles
8.ª Cia. Ametralladoras (Maschinengewehr Kompanie)
III Batallón :
Comandante Ángel Ramírez de Cartagena.
9.ª et 10.ª Cia. Fusiles
11.ª Cia. Ciclista
12.ª Cia. Ametralladoras (Maschinengewehr Kompanie)
13.ª Cia. Apoyo de Artillería
14.ª Cia. Antitanques (Pak Kompanie)
263º Regimiento de Infantería /Infanterie-Regiment 263 (span.) Regimiento Vierna.
Coronel José Vierna Trápaga.
I Batallón :
Comandante Joaquín de los Santos Vivanco.
1.ª à 3.ª Cia. Fusiles
4.ª Cia. Ametralladoras
II Batallón :
Comandante Vicente Gimeno Arenas.
5.ª à 7.ª Cia. Fusiles
8.ª Cia. Ametralladoras
III Batallón :
Comandante Ricardo Suárez Roselló.
9.ª et 10.ª Cia. Fusiles
11.ª Cia. Ciclista
12.ª Cia. Ametralladoras
13.ª Cia. Apoyo de Artillería
14.ª Cia. Antitanques
269.º Regimiento de Infantería / Infanterie-Regiment 269 (span.) Regimiento Esparza.
Coronel José Martínez Esparza.
I Batallón :
Comandante José González Esteban
1.ª à 3.ª Cia. Fusiles
4.ª Cia. Ametralladoras
II Batallón :
Comandante Miguel Román García
5.ª à 7.ª Cia. Fusiles
8.ª Cia. Ametralladoras
III Batallón :
Comandante José Pérez Pérez
9.ª et 10.ª C ia. Fusiles
11.ª Cia. Ciclista
12.ª Cia. Ametralladoras
13.ª Cia. Apoyo de Artillería
14.ª Cia. Antitanques
250º Regimiento de Artillería / Artillerie-Regiment 250 (span.) Regimiento Badillo.
Coronel Jesús Badillo Pérez.
I Grupo Ligero : Comandante Ramón Rodríguez Vita.
3batteries de 105 mm
II Grupo Ligero : Comandante Mariano del Prado O'Neil.
3 batteries de 105 mm
III Grupo Ligero : Comandante Ramón Díez Ulzurrun.
3 batteries de 105 mm
IV Grupo Pesado : Comandante Fernando Castro Escudero.
3 batteries de 150 mm
Panzerjäger-Abteilung 250 (span.)
Aufklärungs-Abteilung 250 (span.)
Pionier-Bataillon 250 (span.)
Feldersatz Bataillon 250 (span.)
250.Ski-Kompanie (Compañía de Esquiadore )
Infanterie-Division-Nachschubführer
Divisionseinheiten 250
En route pour le front.
Le 20 août, la division embarque à bord de 128 trains pour l'Ostfront et arrive à Suwalky, en Pologne. Sa destination est le Heeresgruppe Mitte du Generalfeldmarschall Fedor von Bock et la 9.Armee du Generaloberst Adolf Strauß.
La colonne s'étire sur trente kilomètres, en direction de Smolensk. Les Espagnols font mauvaise impression, indisciplinés, se comportant en « voleurs de poules », marchant débraillés et en désordre, négligeant les chevaux balkaniques, ce qui entraîne la perte de 1 200 quadrupèdes. Les rapports tombent sur le bureau de von Bock, pas question d'accepter ces « gitans » comme il les appelle, qui tardent à parcourir le millier de kilomètres pour rejoindre le front.
La nouvelle parvient à Muñoz Grandes, une gifle pour l'honneur espagnol ! Le 3 octobre, il faut rebrousser chemin pour remonter en train de Vitebsk vers le nord, direction le front de Leningrad pour intégrer le Heeresgruppe Nord du Generalfeldmarschall Wilhelm von Leeb. Sa destination : Novgorod pour se positionner dans le secteur de la 16.Armee du Generaloberst Ernst Busch, entre le lac Ilmen et Lubkovo, sur un front de 40 kilomètres le long de la Volkhov, rivière émissaire du lac Ilmen et qui se jette dans le lac Ladoga.
Les Espagnols, fourbus, doivent relever les 126 et 18.ID et occuper leurs positions à partir du 10 octobre. Le quartier-général est établi à Grigorovo. On leur avait promis un secteur calme, le temps de se familiariser avec le front, ils n'en auront pas le temps. Une offensive ambitieuse est projetée pour s'emparer de Tikhvin et faire la jonction avec l'armée finlandaise sur le fleuve Svir, par le lac Ladoga afin de compléter l'encerclement de Leningrad. Pour cela, le HG Nord est réorganisé et la division dépend du Kampfverband du General der Infanterie Franz von Roques.
.... nous retrouverons la division Azul cet automne sur le front du Volkhov.
Alex