C'est le cas de toute évidence... et le monde y reste largement aveugle, y compris bon nombre d'historiens. Mais les choses changent en ce moment même.
Je viens de commettre sur mon forum
http://www.delpla.org/forum/viewtopic.p ... 693#p17693 une analyse de la transition entre drôle de guerre et Barbarossa, que j'adapte ci-après. L'occasion était une resucée de la vieille discussion sur Hendaye et Montoire, dans laquelle un contributeur avait assimilé à Fabius (Cunctator, précisé-je tout de suite pour ne pas alarmer Prosper !) les sieurs Franco et Pétain.
S'il y a un Cunctator dans cette affaire, c'est bien Hitler. Son année d'entre les 22 juin (armistice en 1940, Barbarossa en 1941) aurait pu et dû attirer l'attention, non seulement sur son fétichisme des dates (découverte récente) mais sur ses talents de stratège et de metteur en scène. C'est son chef-d'oeuvre, empêché d'être perçu comme tel uniquement parce que Churchill a fait verser dans le fossé le camion qui l'amenait à l'exposition.
Fabius Cunctator est renommé pour avoir harcelé Hannibal en attendant que les Romains soient prêts pour le liquider par les armes. Hitler, cet ennemi de l'humanité qu'il baptise "le Juif", est dans la pire des postures début juillet 40 quand Churchill, dominant Halifax, fait avorter le scénario d'une paix générale après l'écrasement de la France. Ou plus exactement quand, à ses beaux discours de lutte à outrance, il ajoute un acte démonstratif, le meurtre de 1275 marins français à Mers el-Kébir (dont son amiral, Somerville, devrait porter plus la responsabilité que lui, mais passons). Signe que la drôle de guerre est vraiment finie, que l'Angleterre a rompu avec l'appeasement et qu'elle appelle le monde encore libre à la résistance, fût-ce en flattant Staline, décrété moindre mal par le vieil anticommuniste qu'est Winston.
Si Halifax avait gagné ce bras de fer, Hitler avait tout son temps pour conquérir l'Est polonais, l'Ukraine et la Biélorussie, comme il en avait l'intention bien arrêtée dès ce moment (il l'avait dès
Mein Kampf... et le prouve par la drôle de guerre précisément, en épargnant l'Angleterre sur terre, sur mer et dans ses plans, dirigés contre la seule France). Comme l'Angleterre reste en guerre au nom d'un antinazisme viscéral, introuvable sous Chamberlain, c'est comme si Hitler avait déjà, tout d'un coup, le monde entier sur le dos.
Et c'est là que s'affirme Cunctator. Il pose un solide garrot en Europe occidentale en empêchant Churchill d'y mettre le moindre pied... avant l'Equateur, puisqu'il trouve le moyen de s'installer en AEF (une broutille, selon un de nos colistiers viewtopic.php?f=41&t=958&p=17641#p17641 ). Ce garrot porte un nom triple : Franco, Mussolini, Pétain. Tous trois sont flattés et bercés d'espoirs de conquêtes territoriales, moyennant quoi l'Angleterre semble menacée à Malte, à Gibraltar, à Suez et en Afrique, en même temps que les contradictions entre les intérêts français, italiens et espagnols sont un prétexte quotidien pour ne rien faire, pour ne pas entamer la partition tant les violons sont durs à accorder. Voilà qui inquiète les Etats-Unis sans trop les alarmer, tandis qu'à la classe dirigeante anglaise la politique churchillienne devrait (espère Hitler) sembler certes très noble, mais trop chère. Et bien entendu Staline est un spectateur intéressé de cette agitation essentiellement diplomatique qui lui donne un espoir, non démenti jusqu'au 22 juin, que la foudre qui le menace éclatera à l'ouest.
Résultat des courses : un Barbarossa qui surprend une URSS non mobilisée pour sa défense (parce que des préparatifs auraient provoqué Hitler !), et un Churchill très secoué en avril-mai (Grèce, Crète, Bismarck, Hess, Irak, Afrika Korps...) qui plie mais, de justesse, ne rompt pas, et montre définitivement la voie du salut à l'humanité par son discours de la soirée du 22 juin dont pas une ligne n'a vieilli et auquel l'appel de Staline à la résistance, plus jeune de onze grands jours, n'offre qu'un pâle écho. 958&p=17641#p17641 ). Ce garrot porte un nom triple : Franco, Mussolini, Pétain. Tous trois sont flattés et bercés d'espoirs de conquêtes territoriales, moyennant quoi l'Angleterre semble menacée à Malte, à Gibraltar, à Suez et en Afrique, en même temps que les contradictions entre les intérêts français, italiens et espagnols sont un prétexte quotidien pour ne rien faire, pour ne pas entamer la partition tant les violons sont durs à accorder. Voilà qui inquiète les Etats-Unis sans trop les alarmer, tandis qu'à la classe dirigeante anglaise la politique churchillienne devrait (espère Hitler) sembler certes très noble, mais trop chère. Et bien entendu Staline est un spectateur intéressé de cette agitation essentiellement diplomatique qui lui donne un espoir, non démenti jusqu'au 22 juin, que la foudre qui le menace éclatera à l'ouest.
Résultat des courses : un Barbarossa qui surprend une URSS non mobilisée pour sa défense (parce que des préparatifs auraient provoqué Hitler !), et un Churchill très secoué en avril-mai (Grèce, Crète, Bismarck, Hess, Irak, Afrika Korps...) qui plie mais, de justesse, ne rompt pas, et montre définitivement la voie du salut à l'humanité par son discours de la soirée du 22 juin dont pas une ligne n'a vieilli et auquel l'appel de Staline à la résistance, plus jeune de onze grands jours, n'offre qu'un pâle écho.