Les cheminots victimes des bombardements:
Les bombardements ont profondément touché non seulement les installations ferroviaires mais plus encore les habitations, les maisons cheminotes et les maisons alentour. Ils ont suscité des réactions diverses dans la population, et, naturellement, la propagande allemande a vainement essayé de dresser les populations contre les Alliés.
Néanmoins la violence des raids qui frappèrent les centres urbains et les nœuds de communications ferroviaires à partir de la fin de 1941 suscite des craintes et, parfois, des interrogations.
Je voudrais simplement citer un témoignage : il montre quel effort ont dû faire les mouvements de résistance pour contrecarrer la propagande allemande ou celle de Vichy.
À la cité de l’Espérance (Lille-Lhomme) un bombardement terrible a lieu durant la nuit de Pâques 1944.
Lors de l’entretien réalisé en 1995, une habitante de la cité, âgée à l’époque des faits de 34 ans, me dit : “ Oui. Cette nuit-là, il y a eu un bombardement.
Mais, on nous a dit que c’était un bombardement de la Luftwaffe.
” Cette personne croyait donc encore, cinquante ans plus tard, que c’était la Luftwaffe qui avait bombardé sa cité, alors que tout le monde sait qu’il s’agissait d’une intervention de l’aviation américaine.
(NOTE PERSO : j'ai connu les mémes récits fin des Années 50 , certains anciens avaient peine a imaginer que c'etait les Américains qui avaient bombardé Couillet Montignies en 44 de Nombreux Quartiers de ma Commune étaient toujours en Ruines a cette époque .. nous étions souvent présents pour jouer dans ce que nous appellions les Maisons Bombardées ...)
La propagande de la Résistance avait donc bien fonctionné. Cependant l’utilisation d’un tel subterfuge révèle les incompréhensions d’une partie de la population à l’égard des moyens d’action utilisés par les Alliés pour démanteler la puissance de l’occupant.
Les cheminots victimes de la répression
Les cheminots ont également été victimes de la répression.
Elle s’organise en deux périodes nettement distinctes.
Jusqu’à la fin de 1941, la répression s’intéresse surtout aux militants communistes.
Ils sont pourchassés soit sur dénonciation, soit sur liste, soit pour des activités militantes.
À partir de 1942-1943, la répression frappe tous les mouvements de résistance.
Le Nord connaît en particulier une tragédie qui a laissé des traces très profondes dans la mémoire collective, celle d’Ascq, au printemps 1944.
À hauteur du passage à niveau précédant la gare d’Ascq (petite commune semi-rurale située dans la banlieue orientale de Lille), une charge de plastic posée sur une lame d’aiguillage explose au passage d’un convoi.
Les dégâts sont insignifiants ; deux wagons transportant des chenillettes quittent les rails sans se renverser.
Les cheminots interviennent immédiatement pour remettre le convoi en bon ordre.
Mais pendant ce temps une sauvage expédition punitive est organisée dans le village par le régiment SS qui accompagnait ce convoi. 86 villageois sont massacrés en quelques heures, ce 1er avril 1944.
Source : Pierre Outteryck AHICF 2001