Ma belle mère est née en 1924 à Épinal dans les Vosges, elle a aujourd’hui 86 ans et encore une excellente mémoire.
Je lui ai souvent posé des questions sur sa 2éme guerre mondiale, ce qu’elle a vu et vécu.
Son père ayant connu les tranchés et les gazages de 14 18.
De la première mobilisation partielle de 1938, elle ne garde pas de souvenir.
En 1939, lors de la déclaration de la guerre, une certaine peur régnait, les souvenirs des privations et des conflits de 1914 remontaient à la surface.
Lors de la débâcle, en juin 40, elle se rappelle très bien des soldats français qui se sauvaient en jetant leurs armes dans les fossés avec leurs bardas. Les ponts Épinal avaient déjà été détruits pour retarder l’avance des allemands.
Son père qui travaillait au chemin de fer, avait récupéré une capote de soldat français, qui, avant de la faire teindre, lui a valu quelques frayeurs.
Elle se rappelle que tous les jours, un soldat allemand d’une quarantaine d’années venait chez ses parents pour venir chercher un verre d’eau. Il racontait un peu sa vie, que la guerre était quelque chose de terrible, qu’il avait deux enfants.
Elle se rappelle de ces longues balades en vélo dans les campagnes des Vosges à la recherche de ravitaillement
Sa tante et son père étaient dans la résistance, mais sont toujours restés très vague sur ce sujet, même après la guerre.
Sa tante et sa cousine travaillaient au mess de la caserne Courcy, à Chantraine.
C’est là qu’elles ont eu, de la part des allemands, le 9 mai 44, l’information qu’un bombardement auraient lieu dans les 48h00 sur la gare d'Épinal.
Le 10 mai, dans les messages personnels, « omelette aux épinards » annonçait le bombardement pour le lendemain.
Le 11 mai, à 15h20, d’après le souvenir de ma belle mère, les bombes sont tombées sur la gare, alors que l’alerte ne sera donnée qu’à 15h30. Ce qui explique le nombre important de victimes.
245 morts, de très nombreux blessées parmi les civils et plus de 200 immeubles détruits.
La gare ayant été que très partiellement touchée par les bombardements, le 23 mai, les américains ont remis ça.
Le 22 mai, un message personnel « les épinards sont cuits » avait prévenu du bombardement.
Un mort parmi les civils, mais environ 600 soldats Hindous, prisonniers de guerre, seront tué lors de cette journée.
Pour les déportations des juifs, sans être informés des chambres à gaz, les habitants d'Épinal savaient très bien que c’était un voyage sans espoir de retour.
Il y a eu quelques combats, à Épinal, lors de la libération, au château et au stade. Les allemands qui avaient évacués Épinal, étant revenus en force.
Son cousin, FFI a d’ailleurs été légèrement blessé lors de ces affrontements. Il est mort, en 1945, lors d’opération de déminage à Bar le Duc.
Ce sont les Américains de l’armée Patch qui ont libérer Épinal, il y avait aussi des soldats anglais avec leurs casque en forme de plat.
Elle a travaillé à l’hôpital américain d'Épinal, (une école transformée en hôpital), ou les conditions d’hygiène étaient drastiques. Elle servait les repas aux blessés, habillée d’une combinaison, de bottes de caoutchouc et d’un pantalon, sans oublier le masque.
Si vous désirez des compléments d’information, je "cuisinerai" ma belle mère.