JARDIN DAVID a écrit:Alain, peux tu illustrer ton propos avec des données précises démontrant l'attrition des troupes allemandes ?
JD
Cela a été effectué déjà maintes et maintes fois ici et ailleurs , et bien souvent par d'autres personnes que moi .
Tiens un exemple qui vous parlera peut être , car c'est une premiere dans l'histoire des blindés : le parachutage de carburant a proximité du front .
Au moment ou des troupes Allemandes vont affronter le corps de cavalerie dans le secteur de Hannut , certaines unités Allemandes sont déjà en pénurie de carburant , et l'on procède a un parachutage avec force débrouillardise de la part du haut commandement ( de quelques milliers de litres, ça ne va pas bien loin ) . On doit être entre le 11 et le 13 mai 1940 de mémoire .
J'imagine que tout le monde avait connaissance de cette histoire de parachutage de carburant .
Mais pourquoi organiser un parachutage d'un element si essentiel pour des unités blindées si la logistique avait été bien pensée , si les stocks suivaient les unités , etc ...
La réponse me semble évidente : on ne fait pas des actions de pompier lorsque tout est planifié correctement . La logistique Allemande n'était pas au point a cette date, les routes n'étaient pas ouvertes pour les camions etc .
Donc devant l'urgence on cherche des solutions alternatives , et on est encore qu'au tout début des affrontements . Le reste de la campagne de France est du meme ordre .
J'avais analysé les consommation de la 4e PzD en terme d'obus de rupture de 37mm , c'est faramineux , et a une période il n'y en a plus ou presque plus dans les unités de blindés , tout simplement : ils sont a 200 km en arrière du front .
Allez donc taper un R35 ou un H35 avec un obus explosif de 37mm ...
Du coup , on réaffecte un bataillon , on fait passer une division devant l'autre , si on est en position statique , on place au front de l'artillerie ( 105 ou flak 88 ) pour faire du tir tendu etc , mais c'est encore de la solution type "pompier" , pas l'expression d'une logistique maitrisée .
Or toute logistique non maitrisée amène forcement a un point de rupture total des flux , ce qui , dans la distribution type commerce de nos jours , se concrétise par des rayons vides , de la perte de vente , du mécontentement des clients qui vont changer d'enseigne etc .
Au niveau d'une armée , a cette époque , cela se concrétise par un arrêt contraint des unités , car il ne sert a rien d'aller au front sans obus , sans alimentation , sans carburant , et je passe sur les problématiques morales des combattants . Si vous me dites "vas te battre" , et que je suis équipé d'un fusil d'assaut , je vais obéir , si je n'ai qu'une balle dans le fusil d'assaut , je vais peut être réfléchir ...
Si l'on ajoute a cela la fragilité des blindés de l'époque , avec un taux d'attrition naturel exponentiel plus on fait des kilomètres , on obtient très rapidement :
- une unité qui a la moitié des ses blindés en réparation ... pour peu qu'on parvienne a les évacuer
- et dont l'autre moitié travaille avec pénurie de carburant et de munitions
Pourquoi croyez vous que les blindés Français abandonnés intéressaient tant que ça les Allemands durant la campagne ... Deux trois coup de peinture pour ne pas se faire canarder par les amis , et ça repart .
Et ça , la peinture , ou des dotations de chaussettes , ils en avaient ( private joke pour Loïc ) .
Je me demande pourquoi ces evidences ne vous sautent pas aux yeux ...
Amicalement ,
Alain