François Delpla a écrit:Je plussoie, à cette réserve près que pour couper court aux brouillages de pistes, il faut que les adversaires des thèses traditionnelles (Hitler ne jugeant pas urgent d'avancer, de risquer les chars, impressionné via Kluge et Rundstedt par les jérémiades de Kleist, etc.) prennent toujours soin de distinguer l'urgence (relative) de la prise de Dunkerque et celle (pressante) de l'achèvement du mouvement tournant.
Pressante, bien entendu, si l'on s'en tient à un raisonnement purement militaire.
Bonsoir ,
Je précise , a toutes fins utiles, que le haut commandement Allemand avait une vision assez proche de la réalité des disponibilités humaines et matérielles de l'armée Anglaise a ces dates .
Les seuls potentiels mal évalués se situent dans les dominions du Commonwealth , mais pour ré acheminer des troupes depuis ces pays , il faut du temps . temps qui n’était pas disponible pour organiser un transit , puis une opération de débarquement organisée , sur la ville de Dunkerque . Et cela sans même compter avec la problématique de fournir un armement moderne .
Au mieux , les tommies disposaient de 3 brigades d'infanterie ( dont 2 canadiennes en cours d'organisation ) et une division blindée encore en cours d'équipement et d'organisation , pouvant procéder a des opérations de renforcement , entre le 15 et le 30 mai 1940 .
Churchill , poussé dans ses retranchements par l'etat major Français , et voulant assurer renforcement et la sécurité des ports a fait débarquer :
- le 20 mai , la 2nd armoured bde ( faisant partie de la 1st armoured division )
- le 22 mai , la 30th motorized Bde , organiquement rattachée a la 1st Armoured Div , mais opérant de façon indépendante ( débarquement à Calais )
- le 22 mai toujours , la 20th Guards bde ( débarquement à Boulogne )
- le 24 mai , la 3rd armoured bde ( toujours 1st Armoured )
Il faudra attendre le mois de juin pour voir débarquer une nouvelle division britannique(52nd ) et des éléments de la division canadienne ( 1ere brigade ) . ( je précise au passage qu'une brigade britannique est de la taille d'un régiment Français : c'est vraiment rien face au dispositif Allemand )
Passé ces effectifs, il n'y avait quasi rien de disponible pour débarquer à Dunkerque , sauf si bien sur on considère des unités en cours de formation , sans équipement lourd , sans encadrement compétent , comme une solution militaire utile . Ce sont ces mêmes données qui placent la GB dans une situation intenable en cas de débarquement Allemand sur la perfide Albion à l'horizon mi septembre 1940 .
Idem , a toutes fins utiles , le potentiel de nouvelles recrues françaises était limité en métropole au même moment , et les seules unités pouvant être constituées en masse d’après les rapports Français étaient des bataillons allogènes , de type tirailleur sénégalais ( je passe outre sur les unités alors en formation et disponibles a l'horizon juillet environ , comme la 2e DI polonaise , 1e division tcheque - auxquels on peut ajouter pour la forme les 3e et 4e DI polonaises qui ne seront jamais formées ). Et encore faut il relativiser la masse en question , puisque l'on tablait sur une série de 24 bataillons , soit un peu moins de 3 divisions d'infanterie à court terme ( ces unités étaient plus vouées a renforcer les divisions qu'a en former ) . Reste la mise a disposition des unités revenant de Norvège , bien entendu , et l’éventualité de faire passer mare nostrum a de nouvelles unités africaines ( i.e. en plus de la 87e DIA ) . Mais dans les deux cas , impossibilité d'intervenir dans un cours laps de temps sur un port comme Dunkerque .
Les réserves de troupes étaient donc bel et bien épuisées pour renforcer la poche , la menace Italienne pesait sur les Alpes et la Tunisie , l'ami Américain regardait son nombril , donc il ne fallait pas attendre de solution miraculeuse .
Amicalement ,
Alain