Le Haltbefehl

rien de neuf : le 1 et le 2 sont les deux pôles de l'explication militaire, de source nazie grand teint, sur laquelle ont brodé sans rigueur des historiens dont aucun n'a pris le problème de face, avant 1991; le 3 est l'explication diplomatique à la Liddell Hart, "Hitler stoppe pour favoriser un embarquement anglais", fondée sur des impressions et des témoignages tardifs, contraire à certains faits patents et de surcroît, chez Manstein comme chez Liddell Hart, présentée en bouquet avec des explications militaires.

Tout cela enterre, ou prétend enterrer, la question de base : que cherche Hitler dans cette campagne ?

Comment peut-on espérer trouver la cause d'un blocage de l'avant-garde pendant trois jours, sans avoir résolu cette question ? Sans l'avoir même posée ?

J'envisageais déjà une réponse semblable de votre part, François. C'est à peu près l'idée que je m'en faisais aussi.

Il a fallu, hélas, répondre une fois de plus à l'accusation de ne pas répondre :
http://www.delpla.org/article.php3?id_article=560 .


(en résumé, pour les allergiques au clic)

Un postulat s'installe, soutenu par une rumeur telle qu'aucun besoin de démonstration ne se fait plus sentir :

-FD a raison tort (rayez la mention inutile) dans son explication diplomatique;

-FD a tort de rejeter d'un revers de main les explications rivales, sans répondre aux objections.

A cela FD objecte, sans qu'on lui réponde grand-chose : il attend toujours une explication militaire claire, dont il soit possible de discuter en sachant de quoi on parle. Il rappelle son explication diplomatique (initiée par John Costello), claire, simple et, malgré des censures énormes, documentée : Hitler stoppe pour laisser un peu de temps à son offre de paix, confiée à Dahlerus et à Nordling, de provoquer les effets souhaités, à Londres comme à Paris.

[fbonnus]

L'idée qu'Hitler stoppe pour laisser un peu de temps à son offre de paix pour mûrir et peut-être réussir à porter ses effets est, à mon humble avis, à l'opposé du caractère du personnage : fougueux, excité, violent, jusqu’au-boutiste ... adepte de la BlitzKrieg ... et un peu "fou" ... comment aurait-il accepté alors ce que l'on peux considérer comme une finesse diplomatique ?
Aurait-il été convaincu par son entourage ?
Y aurait-il une prise de conscience d'une faiblesse quelconque à ce moment là ?

Amicalement

Sauf que la description dudit caractère est bien plus complexe que cela, Fred... Etonnant de remettre ça sur le tapis !

[fbonnus]

Oh mais ne soit pas étonné cher ami, mais c'est vrai que je suis assez "focalisé" sur le caractère et la personnalité du moustachu, qui, me semble t-il, expliquent beaucoup de choses ...
Rien d'autre

Amicalement

fougueux, excité, violent, jusqu’au-boutiste ... adepte de la BlitzKrieg ... et un peu "fou" ... comment aurait-il accepté alors ce que l'on peux considérer comme une finesse diplomatique ?
Aurait-il été convaincu par son entourage ?
Y aurait-il une prise de conscience d'une faiblesse quelconque à ce moment là ?

Mazette, Fred, tu mets dans les flancs de l'explication militaire une banderille à laquelle je n'avais pas pensé !

Dans ma vision, la folie cohabite chez Hitler avec une grande finesse et, certes, personne dans son entourage n'a pu lui inspirer le Haltbefehl, pas même Göring, qui joue le rôle du gros vantard utile, comme un peu plus tard pour la pseudo-bataille d'Angleterre.

Adepte de la Blitzkrieg certes, mais pourquoi ? Parce qu'il connaît mieux que personne les faiblesses de son pays. Le corollaire est qu'il faut non seulement mettre rapidement l'ennemi
en déroute, mais l'amener tout aussi vite à la paix...

... tu sais, ce mot tellement introuvable chez les tenants d'une explication militaire !

Et quoi de meilleur pour contraindre l'adversaire à signer que des conditions généreuses ? Tiens, justement, le 6 mai, Göring, pas le clown, le vrai...

Adepte de la Blitzkrieg certes, mais pourquoi ? Parce qu'il connaît mieux que personne les faiblesses de son pays. Le corollaire est qu'il faut non seulement mettre rapidement l'ennemi
en déroute, mais l'amener tout aussi vite à la paix...

... tu sais, ce mot tellement introuvable chez les tenants d'une explication militaire !

Là François je ne suis pas d'accord. Toujours pour la même raison : la Blitzkrieg donne à plein dans les grands espaces ou les possibilités de déborder pour continuer la progression est optimale. Carrément l'antithèse des combats urbains ... Les deux théories ne se confrontent pas , elles s'accordent en une parfaite mélodie. Mais je te rejoins dans le fait que la thèse de costello longtemps décriée et raillée mérite qu'on se penche franchement sur elle.

D'ailleurs une réflexion m'a traversé l'esprit concernant cette fameuse reddition SIMULTANEE ( cela rejoins aussi le fil de barbarossa .. ) : l'avantage d'avoir une Paix à l'ouest ( et pas d'Occupation ) c'est de ne pas avoir à y stationner de troupes. du coup pas de garnisons à l'ouest entraine forcement plus de troupes combattantes pour l'Est ..

Il faut juste comparer Hitler et ses Panzer Div. au Gollum et son Anneau

Je n'ai pas eu le courage de lire tout le fil (104 pages !) mais personnellement il n'y a aucune thèse que je trouve convaincante.

Si celle de F. Delpla peut être séduisante (mais je ne la connais pas complètement), il y a quelque chose que je ne saisi pas : en quoi le fait de ne pas détruire l'armée britannique est-il favorable à la conclusion de la paix. N'est ce pas un peu contraire à la bataille d'anéantissement de Clausewitz ? Hitler aurait expliqué à Blumentritt que ce n'était pour ne pas « souiller l'honneur des Anglais » qui auraient demandé alors « réparation », mais Frieser signale que c'est le 2 juin qu'il fournit cette explication, qui apparaît comme un justificatif...

Frieser signale que c'est le 2 juin qu'il fournit cette explication, qui apparaît comme un justificatif...

scrogneugneu !

il ferait mieux de souligner que toutes les explications d'ordre militaire ont leur source dans des déclarations nazies postérieures au Haltbefehl sans que rien, dans la documentation, ne laisse prévoir un tel coup d'arrêt.

On ne saurait en dire autant des déclarations nazies sur l'Angleterre depuis Mein Kampf et même un peu avant. La recherche d'une complicité anglaise dans la conquête d'un espace "vital" uniquement à l'est, donc ne prenant pas de territoire à la France, s'y étale jusqu'à l'obsession.