MOSCA a écrit:François Delpla a écrit:ceci (en page 1)
Bruno Roy-Henry a écrit: la conquête était possible durant l'été 40, mais Hitler ne visait pas cet objectif, car il respectait trop l'empire britannique.
me paraît nettement plus pertinent que cela (p. 16)
alain adam a écrit:Seelowe n’était pas une opération de déception , sinon a quoi bon indiquer son arrêt et changer de nom d'opération .
Pertinent en quoi, je vous prie? La faisabilité d'une telle opération n'a jamais été démontrée, ici comme ailleurs.
Lorsqu'il est question de what if, le raisonnement ne doit pas osciller entre l'histoire contrefactuelle et l'histoire réelle, mais s'installer carrément dans l'une ou dans l'autre.
Dans l'histoire réelle, Hitler n'ayant strictement rien prévu, pas même un début de plan, avant juillet 1940, l'invasion était impossible, même sous la forme d'une avant-garde aéroportée de nuit par surprise sur le centre de Londres (une utopie pour laquelle la période de Dunkerque eût mieux convenu que tout) : sévèrement éprouvées en Belgique et en Hollande, les unités parachutistes avaient grand besoin de se refaire. Conclusion : dans cette histoire réelle, Hitler, tout à sa stratégie continentale, avait exclu cette possibilité et il jouait sur du velours, sans la présence de Churchill en face. N'oublions pas qu'il luttait aussi contre ses militaires, qui risquaient de ne rien comprendre à sa soif d'une paix immédiate épargnant les vaincus. Il ne fallait pas qu'ils aient la moindre velléité de poursuivre quiconque au-delà de quelque mer.
En revanche, ni l'ennemi, ni les militaires enfermés dans leur spécialité, ne savaient à quoi s'en tenir. On voyait bien ce que Hitler avait préparé contre la France, on était perplexe sur ce qu'il avait prévu pour la suite. Des unités aéroportées fraîches ? Un plan secret avec Raeder pour concentrer au plus vite des moyens de soutien dans le Pas-de-Calais pendant que la flotte anglaise était aux quatre vents ? Et Churchill avait beau jeu de dire : attendons-nous à tout, préparons-nous et silence dans les rangs !
Du côté des historiens, on peut faire une observation intéressante : ils ont été obnubilés pendant des décennies par ces salades de la propagande churchillienne, culminant dans le discours (du 20 août) où ses vaillants petits pilotes avaient repoussé une invasion certaine. Plutôt que de regarder le soleil en face (l'offre d'alliance de Hitler à la Grande-Bretagne pour un millénaire était la sincérité même et Churchill multipliait les nuages pour cacher cette évidence, afin que cette offre ne fût jamais mise en discussion -et elle ne le fut pas) ils ont mis bout à bout d'autres déclarations nazies, notamment celles où Hitler disait qu'il n'avait pas le pied marin (et voilà pourquoi les fils sur le Haltbefehl voguent allègrement, aujourd'hui, vers les 300 pages !).
Hitler ? Un con, vous dis-je, du moins un con... tinental, incapable de voir des mers sur une carte. Et tant pis pour les très nombreuses pages qui le montrent dissertant sur cinq continents pour y repérer le sang "aryen".
Certes, à partir du 16 juillet, trois jours après avoir commencé de susurrer aux chefs militaires que la route de Londres passait par Moscou, il leur commande ouvertement des plans, des plans et encore des plans d'invasion de la Grande-Bretagne. Tiens, c'est curieux, il fera le même coup à Franco pendant des mois lorsqu'il aura décommandé cette invasion, en simulant un désir pressant de Gibraltar... mais il dit alors très clairement à ses généraux qu'ils ne doivent regarder que vers l'est.
Il est peut-être temps de le voir comme un maître ès-deception, qui excelle à faire bosser sérieusement ses subordonnés civils et militaires sur des projets dont il a d'avance organisé l'impossibilité.