Page 14 sur 17

Re: Sabotages communistes en 1940 : mythe ou réalité ?

Nouveau messagePosté: 08 Juil 2013, 06:14
de François Delpla
merci de cette accumulation de témoignages : à nous de faire le tri.

Le sujet est, historiquement, vierge, à ma connaissance, c'est-à-dire qu'il en reste au stade des plaidoyers de chacun pour sa chapelle politique, à coups d'impressions et de témoignages peu rigoureusement traités, sans aucun souci de nuances ou de vision d'ensemble.

Ce que je connais de moins mauvais reste le chapitre de Crémieux-Brilhac (1990) montrant qu'en tout état de cause les sabotages ont été rares et localisés.

Ce qui exclut une consigne centrale et générale de la direction française et, à plus forte raison, soviétique !

Re: Sabotages communistes en 1940 : mythe ou réalité ?

Nouveau messagePosté: 08 Juil 2013, 06:55
de JARDIN DAVID
Ah ?
Drôle de conclusion .... mais c'est peut-être un plaidoyer de chapelle sans les etc etc ...
Le PCF (dans la clandestinité) et les soviétiques avaient-ils, contrairement au GQG de Gamelin, prévu la percée de Sedan ?
JD

Re: Sabotages communistes en 1940 : mythe ou réalité ?

Nouveau messagePosté: 08 Juil 2013, 07:36
de François Delpla
confus !

Re: Sabotages communistes en 1940 : mythe ou réalité ?

Nouveau messagePosté: 08 Juil 2013, 07:48
de Marc_91
;) 2 liens qui avaient été cités par Pierre "Fanavman" ou Pascal "Gretsch" au début de cette discussion :

  • Un article qui en fait mention : http://www.cairn.info/revue-guerres-mon ... age-37.htm

    La hantise des sabotages : entre légende et réalité

    L’interdiction du parti communiste après la signature du pacte germano-soviétique d’août 1939 touchera également l’industrie aéronautique, même si les sabotages ont été en définitive peu nombreux, contrairement à une croyance très répandue dans ce contexte et sur le moment. Dans l’armée de l’Air, toutes les malfaçons, déficiences et pannes sont mises assez systématiquement et de manière récurrente sur le compte des « sabotages » communistes, mais on sait aujourd’hui qu’ils ont été extrêmement peu nombreux et n’ont eu qu’un effet tout à fait marginal sur la production d’armements et d’équipements militaires, comparés aux problèmes économiques et industriels d’équipement et de coordination (relations entre métallurgistes généralistes et fabricants spécialisés, entre ceux-ci et leurs nombreux sous-traitants, sans même parler du perfectionnisme des services techniques de l’armée, etc.).

    Dans le contexte social de l’époque, la peur de la « subversion communiste » a constitué une véritable hantise, voire une psychose. Mais, en définitive, d’une part, il n’est pas établi avec certitude que la direction du parti ait même véritablement donné des consignes en ce sens et, d’autre part, si l’abrogation très large des 40 heures dans les industries travaillant pour la défense nationale a alimenté un mécontentement ouvrier indéniable et engendré des pratiques de freinage volontaire de la production (et ce d’autant plus que les heures supplémentaires étaient lourdement taxées), la surveillance a été étroite et la répression constante. Aussi on ne relève que des actions isolées, de faible ampleur et n’ayant eu pratiquement aucun effet sur la production de guerre20.

    En ce domaine, nul n’est besoin de faire nécessairement appel à des considérations ou des arrière-pensées politiques pour prétendre expliquer la fréquence relative des malfaçons observées. Le réarmement massif et précipité de 1938-1940 s’est heurté à des contraintes structurelles dans le domaine de la production en masse et de la main-d’œuvre : qualité parfois médiocre des aciers spéciaux français qui ne constituent pour les métallurgistes qu’un marché relativement marginal et faiblement rentable, nécessité d’embaucher une main-d’œuvre non spécialisée et sans formation professionnelle (jeunes, femmes, travailleurs étrangers maîtrisant mal le français) pour faire face à l’accroissement des commandes, sous-encadrement des ateliers, faiblesse des contrôles de production pour ces mêmes raisons, augmentation importante des horaires quotidiens de travail (jusqu’à 12 heures par jour en 1940, temps de transport non compris) qui n’entraîne pas une croissance mécanique de la productivité et de la production, précipitation croissante des livraisons sans que toutes les vérifications nécessaires soient effectuées, etc.

    Même s’il est impossible d’en mesurer très précisément les effets, l’augmentation quantitative énorme de la production en un temps très limité (de quelques petites centaines d’avions par an à plusieurs centaines d’avions par mois) est le résultat d’une transformation radicale des conditions de production et de travail, et elle s’est parfois accompagnée de problèmes qualitatifs qui n’en sont que la conséquence.

  • Mais surtout celui-ci, plus polémique :

    [iframe=810,800,1]http://prisons-cherche-midi-mauzac.com/varia/le-sabotage-dans-les-usines-daviation-et-le-pcf-entre-mythes-et-realites-925[/iframe]

Re: Sabotages communistes en 1940 : mythe ou réalité ?

Nouveau messagePosté: 08 Juil 2013, 09:08
de Bruno Roy-Henry
François Delpla a écrit:
Ce que je connais de moins mauvais reste le chapitre de Crémieux-Brilhac (1990) montrant qu'en tout état de cause les sabotages ont été rares et localisés.

Ce qui exclut une consigne centrale et générale de la direction française et, à plus forte raison, soviétique !


C'est curieux, parce que j'aboutis à une conclusion opposée... Si je suis d'accord avec le constat de François : "les sabotages ont été rares et localisés", je me permets de préciser sa phrase ainsi :"les sabotages avérés ont été rares et localisés"...

Enfin, il est démontré qu'il y a bien eu des consignes de sabotage émanant de la direction du PCF.

Re: Sabotages communistes en 1940 : mythe ou réalité ?

Nouveau messagePosté: 08 Juil 2013, 09:32
de François Delpla
Au moins semblons-nous d'accord pour écarter tout ordre de Moscou, Staline étant méchant mais pas absolument idiot... et l'ombre d'une preuve n'ayant jamais fait surface après comme avant 1991.

D'autre part, si déboussolé et atomisé fût-il par le pacte d'une part, la répression de l'autre, le peuple communiste représentait encore une force de nuisance redoutable et, si la direction l'avait voulu, autrement dévastatrice que les quelques cas signalés, même en faisant la part belle aux cas douteux ou inaperçus.

Le mythe politicien d'une cinquième colonne moscoutaire au service de Berlin est infiniment mieux attesté. Et il siérait (sujet également vierge) de mesurer ce qu'il a coûté à l'effort national (à la très probable jubilation de Hitler, qui attisait le mythe).

JD se moque du monde en prétendant qu'il pourrait y avoir là un plaidoyer partisan. Si on a quelque sympathie pour le mouvement communiste, on ne peut qu'être atterré de voir à quel point il était neutralisé... et l'était, en dernière analyse, par Hitler, son pire ennemi. Beau résultat de la politique stalinienne, et d'un mouvement communiste mondial qui s'était laissé mettre à la remorque d'un de ses partis -et du moins capable de s'élever au-dessus de ses propres contingences.

A tel point que la disparition même du centre après un long dépérissement, en 1991, n'a pas résolu grand-chose.

Re: Sabotages communistes en 1940 : mythe ou réalité ?

Nouveau messagePosté: 08 Juil 2013, 10:02
de Marc_91
::moderation: Pas d'attaque personnelles SVP ...
Quand à la période, on en reste à l'immédiat après-guerre, SVP ! ... ::dubitatif:: 1991, c'est le cinquantième anniversaire de Barbarossa ? ::ok je sors::
:| Pour rester sérieux, je ne connais des amis et des étudiants qui ont consulté les archives militaires russes, mais personne qui ait pu consulter les archives du PC de l'URSS ; donc il sera difficile de prouver ou de nier une consigne passé via les partis.

Re: Sabotages communistes en 1940 : mythe ou réalité ?

Nouveau messagePosté: 08 Juil 2013, 10:20
de Darlan
Nous sommes en train de nager dans le politiquement correct. Il y a une grande différence entre un pacte de non agression et un traité d'alliance. Si Staline a préféré le 1er c'est qu'il a toujours voulu envahir l'Allemagne mais que son armée n'était pas prête (purges, mauvaise organisation des forces armées depuis la disgrâce de Trotski, équipement obsolète ). Les soviétiques n'étaient pas "neutralisés" par Berlin. Ils appliquaient seulement une stratégie conforme à leur idéologie. Ils considérait la France comme une grande puissance et ne pouvait pas imaginer qu'elle serait balayée en 6 semaines. Pour eux la France pouvait vaincre l'Allemagne et après être au coeur d'une coalition pour attaquer l'URSS. C'est surtout pour éviter cela qu'il y eut des consignes de sabotage. Il faut prendre du recul et avoir une vision géopolitique

Re: Sabotages communistes en 1940 : mythe ou réalité ?

Nouveau messagePosté: 08 Juil 2013, 10:28
de François Delpla
Darlan a écrit:Nous sommes en train de nager dans le politiquement correct.


J'évite pour ma part cette expression des plus floues.


Darlan a écrit: Il y a une grande différence entre un pacte de non agression et un traité d'alliance. Si Staline a préféré le 1er c'est qu'il a toujours voulu envahir l'Allemagne mais que son armée n'était pas prête (purges, mauvaise organisation des forces armées depuis la disgrâce de Trotski, équipement obsolète ). Les soviétiques n'étaient pas "neutralisés" par Berlin. Ils appliquaient seulement une stratégie conforme à leur idéologie. Ils considérait la France comme une grande puissance et ne pouvait pas imaginer qu'elle serait balayée en 6 semaines. Pour eux la France pouvait vaincre l'Allemagne et après être au coeur d'une coalition pour attaquer l'URSS. C'est surtout pour éviter cela qu'il y eut des consignes de sabotage. Il faut prendre du recul et avoir une vision géopolitique


C'est moins courant en effet que d'autres thèses !

Mais deux postulats et non des moindres restent non démontrés : les fameuses consignes de sabotage et surtout le désir de Staline d'envahir l'Allemagne.

Re: Sabotages communistes en 1940 : mythe ou réalité ?

Nouveau messagePosté: 08 Juil 2013, 10:53
de fbonnus
L'expansionnisme soviétique n'est pas une légende en effet ... il est fort certain que Staline avait des "vues" bien plus importantes que l'on ne se l'imagine. Et cela passait par tous les moyens, même les plus "tordus" ... Certains spécialistes peuvent peut être nous en dire plus ...

A vous lire

Amicalement