François Delpla a écrit:
On ne peut pas dire que grand monde se précipite sabre au clair pour exiger que vous sourçassiez tout cela !
Hitler intelligent, fin, politologue ? Mais dites donc on y vient ! Non, il n'est pas vrai que cela aille de soi, de grands savants ont longtemps dit le contraire de même que le grand public, et il en reste d'amples traces. (cela dit, pour répondre à un propos de Clayroger, il est faux que tout le monde à part votre serviteur, et notamment tous les historiens, croient encore aujourd'hui que Hitler ne s'attendait pas à la guerre).
Nous n'en avons pas fini avec la querelle du 3 septembre. Puisque personne ici ne met en doute le témoignage de Schmidt, ce n'est pas la source qui nous divise, mais son interprétation. Nous sommes face à deux hypothèses et pas une de plus : contrariété sincère, contrariété feinte.
Ce que je dis, c'est que vous ne pouvez pas affirmer à la fois que Hitler est malin, politiquement compétent, etc., et qu'il commet cette bourde de débutant, de croire que l'Angleterre va rester passive quand il se met dans le cas où la classe politique anglaise unanime lui serine depuis six mois qu'il ne doit pas se mettre sinon il déclenchera à coup sûr la guerre : résoudre non pacifiquement la question de Dantzig. D'autant que dans les derniers jours Chamberlain a multiplié les rappels, tant par les discours que par les actes (traité anglo-polonais très clair et contraignant le 25 août : dites donc les agneaux, en voilà une source ! et elle ruine radicalement cette tarte à la crème, qui veut que l'Allemagne se soit imaginée que Londres mettrait les pouces en apprenant qu'un pacte germano-soviétique empêchait tout secours à la Pologne).
Que des naïfs, à Paris, Londres ou Berlin, croient que la guerre est encore évitable fin août, ou même le 2 septembre, soit. Mais pas Hitler, qui ordonne l'attaque et sait qu'il ne va pas l'interrompre. Et s'il ne le fait pas, pardon de me répéter, la guerre risque autant d'être évitée que 2 et 2 de faire 5.
Et puis tout de même cela converge diablement avec Mein Kampf, à ceci près que dans ce précoce programme il n'annonçait pas qu'il mystifierait tout le monde en faisant semblant d'entrer en guerre pour la Pologne et rien d'autre, et qu'il réussirait l'exploit de se la faire déclarer par l'agressé, cette guerre-éclair contre la France.
François,
une fois n'est pas coutume, je suis d'accord avec vous, sur au moins deux points.
1°)
je partage votre vision d'un Hitler intelligent, manipulateur, menteur, politicien, oligoscient(?), au moins jusqu'en 1939. Cela doit d'ailleurs être pour cela que je n'ai point sourcé la seule affirmation de mon intervention précédente, vous n'êtes point en quête de publicité. Le reste de ma réflexion étant essentiellement composé de questionnements, comment pourrais je les sourcer?
2°)
c'est bien l'interprétation des faits qui nous divise.Vous me dites : "je ne peux présenter Hitler intelligent ... et accepter qu'il commette l'erreur de sous estimer l'entrée en guerre de l'Angleterre si il réalise l'agression polonaise, d'autant plus que Chamberlain le menace depuis six mois et qu'il lui a encore fermement rappelé la semaine précédente."
Je vous réponds : "je ne peux présenter Hitler intelligent...et accepter qu'il prenne le risque d'une guerre sur deux fronts à cette époque incertaine quant à son issue, d'autant plus que jusqu'à présent les démocraties occidentales se sont toujours inclinées lachement devant ses actes."
Personne ne s'est jusqu'en septembre 1939 réellement mis en travers de sa politique expansionniste. Un discours et des menaces n'ont jamais remplacé des actes. Pourquoi les démocraties occidentales ne poursuivraient elles pas encore leur politique protectionniste?
C'est un peu l'histoire du gars qui tombe du 10ème étage. A chaque étage, il se dit "Jusqu'ici, tout va bien"... (excusez moi par avance pour cette image quelque peu légère.)
Là encore, il m'est difficile de sourcer (je prends les devants) puisque je ne fais que retranscrire mes réflexions nées de la lecture de ce fil, ainsi que d'autres.
Cordialement,