Bruno Roy-Henry a écrit:carlo a écrit:Concernant Seelöwe, j'ai remit la main sur le n°36 de Marines Magazine où l'on trouve un intéressant article sur les préparatifs de l'opération par l'inévitable Yves Buffetaut.
Notons l'amusante remarque d'Halder: "Je rejette totalement la proposition de la marine (d'un front étroit). Du point de vue de l'armée, je considère cette proposition comme un suicide complet. Je pourrais aussi bien lancer mes troupes directement dans la machine à saucisses".
L'amusant Halder a dû se taire lors du franchissement du Rhin par les divisions de Von Leeb, le 15 juin 1940... Ou alors, il n'a pas été écouté !
N'empêche que l'opération a réussi. Et, ne serait-ce l'absence de toute aviation pour soutenir les lignes françaises, notre défense était autrement coriace que celle improvisée sur les plages et les falaises autour de Douvres !!!
Où sont les bunkers anglais sur leurs côtes ? Il n'y a rien d'autre que les tours Martello construites de 1804 à 1812, quelque peu renforcées ultérieurement. Où est l'artillerie lourde anglaise ? Il n'y en a quasiment pas.
Je ne connais d'ailleurs pas d'études sérieuses sur la ligne "Churchill". Les seules vraies défenses de l'Angleterre, c'était la Manche (pas infranchissable), ses chasseurs (ils ne sont d'aucune aide la nuit) et la Home Fleet (très vulnérable aux attaques aériennes).
On ne se refait pas, après avoir comparé la Crète et l'Angleterre, vous comparez le Rhin et la Manche. Bon sang, mais c'est bien sûr!
Bruno Roy-Henry a écrit:Enfin une petite statistique sur ce qui a déjà été détruit par les Britanniques au 21 septembre:
"-Transport: 21 détruits ou endommagés sur 168, soit 12,5%;
-Péniches: 214 sur 1 697, soit 12,6%;
-Remorqueurs: 5 sur 360, soit 1,4%."
Sans commentaire...
Vous avez tort: des personnes mal intentionnées pourraient penser que vous trouvez merveilleux le tableau de chasse de la RAF sur les moyens de débarquement rassemblés par les Allemands. Or, la simple lecture de vos chiffres et des pourcentages prouve surabondamment le contraire: malgré son offensive aérienne sur les côtes françaises, les capacités allemandes n'étaient nullement amoindries...
12% de ses moyens de transport, qui ne sont déjà pas vraiment mirobolants, c'est une paille évidemment. Notons que les remorqueurs sont des cibles plus petites ce qui expliquent peut-être que les bombardiers britanniques les aient épargnés. A propos des fameuses péniches et pour appuyer ce que disait très justement Clayroger sur la logistique, un des problèmes était aussi qu'une fois les péniches échouées pour le débarquement, il fallait attendre la marée pour reprendre la mer, d'où des niches horaires assez strictes pour les manœuvres et sur lesquelles se disputent Wehrmacht et Kriegsmarine. D'où bien sûr une certaine lenteur, un doux euphémisme, des opérations.
Pour en revenir à la Bataille d'Angleterre proprement dit et remettre certaines choses en perspective n'oublions pas que si les Anglais perdent des hommes et si au départ ils ont moins de pilotes de chasse, les Allemands en perdent aussi et le plus souvent en territoire ennemi, ce qui fait qu'ils en récupèrent nettement moins. La bataille d'Angleterre s'achève bien sûr parce qu'Hitler se rend compte qu'il n'obtiendra rien des Britanniques, mais aussi parce que les pertes deviennent trop importantes pour une Luftwaffe incapable d'une victoire aérienne autre que locale (elle n'a pas les bombardiers stratégiques capables d'opérations d'envergures comme les Alliés ont pu s'en offrir sur l'Allemagne en 1944-45). Donc une victoire contre l'Angleterre n'est pas impossible en 1940, la défense de celle-ci présentant des faiblesses flagrantes, mais, c'est mon avis, l'Allemagne n'a pas alors, ni les moyens, ni la volonté d'une victoire au finish. Tout cela éloigne en fait Hitler de ce qui est son objectif principal à savoir l'agrandissement du lebensraum.