La bataille des haies

[Dog Red]

Omar Bradley n’avait-il pas dit qu’en travers du Cotentin, les haies vives formaient une ligne de défense naturelle plus formidable que ce que Rommel aurait pu inventer ? Il avait raison je pense.
https://actu.fr/normandie/saint-lo_5050 ... 37742.html

L'article donne une image sérieuse des combats dans le Cotentin, bravo pour un site d'actualité en continu.
(le mythe des 1.2000 coups/minute de la MG42 est encore une fois relancé, alors que cette cadence de feu purement théorique abimerait le canon de l'arme dans la minute, la cadence de tir au combat est largement inférieure. Mais soit. C'est le propre des mythes d'être profondément ancrés dans l'imagination populaire).

L'auteur cite au moins deux extraits du chapitre des mémoires de BRADLEY consacré au bocage.
Merci.

Je relève un détail, la citation "...en moyenne, chaque mètre est gagné au prix d’un GI tué."
Citation erronée déjà reprise au post n°5 ci-dessus et attribuée par le journaliste à l'historien normand Jean QUELLIEN.
Je la nuancerai en citant un autre historien normand au parcours comparable et reconnu comme le spécialiste français de l'US Army, Christophe PRIME.
Tiré de son dernier ouvrage (p.407) qui vient justement de paraître :
"Le 4 juillet, Bradley lance 3 attaques en direction de La Haye-du-Puits, Périers et Saint-Lô. Mais 10 000 GI sont mis hors de combat pour une progression de 10 kilomètres."

Il y a donc des confusions dans la citation "...en moyenne, chaque mètre est gagné au prix d'un GI tué." :
. confusion entre "tué" et "mis hors de combat" (c'est à dire le total des tués, blessés, prisonniers et disparus ce qui est incomparable) ;
. confusion entre "en moyenne" et ce "pic" de pertes (notamment de la 90th ID évoquée au post n°22) dans les combats autour de la La Haye-du-Puits (et plus précisément du Mont Castre) qui sont parmi les plus meurtriers de la campagne.

Recontextualisé ainsi c'est moins "impressionnant" mais plus représentatif de la réalité.

[Dog Red]

Bonjour Loïc,

Ci-dessous une carte de l'OKW, en date du 16 août 1944, sur laquelle figurent les deux lignes de défense (Stellung) envisagées, la "Seine Stellung", qui n'avait pas pu être tenue, et la "Somme-Marne Stellung", qui avait plus ou moins joué son rôle...

Ne sont-ce pas les voeux pieux de l'OKW ?
La Seine n'est pas tenable, les Allemands y "sacrifient" des divisions de second ordre arrivées du nord de la France (47.ID et 18.LFD pour n'en citer que deux dans le secteur des têtes de pont de Vernon et Mantes-Gassicourt) épaulées par tout ce qui traîne pour permettre aux meilleures divisions (Panzer en tête) extraites du chaudron de Falaise de prendre le large vers le nord-est.

Idem sur la Somme où des Kampfgruppen (SS notamment à Péronne) tiennent les derniers ponts (ceux qui n'ont pas sauté) pour ralentir les pointes blindées alliées qui s'essoufflent.

Pragmatique (souvent qualifié de froidement cynique), il me semble que MODEL n'a jamais véritablement cherché à tenir ces lignes, visant très vite le Westwall, seule position de recueil pour le vaste repli stratégique des armées rescapées de Normandie et de Provence. Les réalités de la seconde quinzaine du mois d'août 1944 valideront son commandement réaliste.

Le front se stabilisera une première fois sur une ligne imaginaire Anvers/canal Albert/Maastricht/Aachen/Westwall/Lorraine/Vosges bien aidé par la crise logistique alliée qui culmine la première semaine de septembre. Le front se figera ensuite des Pays-Bas à l'Alsace, essentiellement sur le Westwall, jusqu'au printemps 1945.

[Dog Red]

Et c'est précisément avec la fin des combats du bocage que la supériorité alliée peut jouer à fond sur le plan tactique. Du jour au lendemain, la différence souligne à quel point la défensive allemande comptait sur le bocage jusque là.

La maîtrise tactique supérieure des Allemands s'est exprimée partout, de Caen à Cherbourg, en profitant au mieux du terrain.
Le bocage était un atout inattendu dont les Allemands ont joué à plein (notamment en pouvant concentrer leurs divisions blindées face aux Britanniques plutôt qu'en devant les étirer sur toute la largeur du front).

Déboucher du bocage a effectivement permis aux divisions blindées US de s'exprimer mais la maîtrise allemande se serait pareillement exprimée au sud du bocage si des réserves avaient été disponibles pour "aveugler" la percée d'Avranches. A ce moment-là, KLUGE est dans la situation d'un GAMELIN en 1940 : une avalanche blindée couverte par la maîtrise du ciel sans aucune réserve pour y faire face. C'était foutu pour les Allemands !

Si les Alliés n'avaient pas cru la Seine infranchissable, c'en était fini de la Westheer.
Selon moi, le repli des Allemands derrière la Seine et au-delà en 1944 tient du même "miracle" que le repli des Anglais derrière la Manche en 1940.

Mais on s'éloigne des haies.

Ne sont-ce pas les voeux pieux de l'OKW ?

Probable... néanmoins, ces deux lignes de défense figuraient encore le 21 août et certains mouvements de troupes semblaient être destinés à "assurer leur défense", sauf que la vitesse de progression des Alliés n'avait pas permis de "les tenir"...

[Dog Red]

MODEL réclame quantités de renforts par divisions entières (des divisions qui n'existent pas, comme il le sait mais dans le contexte "post-attentat du 20 juillet" il est interdit de faire montre de défaitisme).

Des mouvements de troupe nord-sud, à marche forcée, permettront de ralentir les Alliés sur leurs axes de progression mais pas de rétablir une ligne d'arrêt à l'ouest du Westwall.
Même sans aller jusqu'à suivre les avis d'auteurs sérieux enclins à présenter un MODEL qui ne croit ni au rétablissement sur la Seine ni sur la Somme, l'absence de positions de recueil préparées garnies de troupes fraiches rend impossible les lignes d'arrêt envisagées en France.

[Prosper Vandenbroucke]

Le lien mis en ligne est donné à titre d'info afin que vous soyez en mesure d'en débattre, en ce qui me concerne je ne m'avance pas car je sais que cela fut terrible mais sans plus.