Chef Chaudart a écrit:Je ne cherche pas à marier les thèses diplomatiques et militaires, juste à démontrer que cette dernière existe et tient debout seule, ce que nie fermement François
Il n'est pas le seul à le nier...
1/ Jodl et Keitel ne sont pas opposés à "l'ordre", pas plus que Goering dont vous admettez avec moi que ce n'est pas imbécile. On est donc à égalité entre les deux camps.
Pas d'accord:
1/ On ne sait pas ce que pensent Keitel et Jodl - qui sont de toutes les manières là pour obéir. D'ailleurs, Jodl ne paraît pas enchanté par le fait de laisser à la
Luftwaffe le soin d'anéantir la poche (de Göring, il jette:
"Il faut encore qu'il la ramène").
2/ Göring ne dit pas à Hitler:
"Stoppez les blindés, y a des marécages, et faut songer à ménager nos troupes pour la conquête du reste de la France". Il dit:
"C'est un boulot pour la Luftwaffe!" Il n'invoque
aucun motif lié au sort des blindés. Et on convient tous les deux que Göring n'est pas sincère, parce que la motivation avancée (son aviation peut finir le travail), est absurde. Pour rappel: c'est par son intermédiaire que sont conduites les négociations avec les Franco-Britanniques.
2/ c'est vous qui les voyez "totalement démenties par la réalité". La capture des forces alliées, le 24, EST à portée de main, prise de Dunkerque ou pas. L'hypothèse d'un rembarquement ne semble pas avoir été sérieusement envisagée par les Allemands, et c'est la seule porte de sortie de la poche, autre qu'une offensive alliée que personne, selon François, ne craint.
Il est possible que Rundstedt redoute une tentative de sortie alliée au sud de la poche (dans la soirée du 23, son chef d'état-major recommande la prudence à ce sujet), mais Rundstedt lui-même se borne à une pause de 24 heures.
3/ déjà répondu. Peut-être s'agit-il seulement d'arguments qui lui reviennent au moment où il les prononce, ceux qui lui semblent les plus propres à convaincre son interlocuteur. En déduire qu'il le fait exprès pour brouiller les pistes me semble hasardeux.
Moins hasardeux, en ce qui me concerne, que ton explication (
"Peut-être"), dans la mesure où
- si le mobile "militaire" de Hitler se concevait, il l'énoncerait clairement, ce qui n'est pas le cas puisqu'il module le propos selon l'interlocuteur,
- mon explication tient compte des rapports tourmentés de Hitler avec ses généraux, notamment les caciques de l'
O.K.H. (lesquels sont allés jusqu'à conspirer contre lui en 1938 et 1939, tout de même).
J'airetrouvé le message de Quo Vadis sur la levée de l'ordre d'arrêt (j'ai rien trouvé d'autre) : à 12h, il semble que l'ordre qui frappait les unités Panzer soit levé, sur ordre du Fuhrer. A 14h30, il est prescrit de se mettre à portée de canon de Dunkerque. Si la fin du "Haltbefehl" soit bien due à Hitler, qu'en est-il de ceui de 14h30? Pour quelle raisons se limite-t-on à encercler la ville? Qui le décide? Hitler, parce qu'il désire laisser la porte ouverte? L'EM parce qu'il n'a pas les moyens ou la volonté de prendre la ville?
D'après le journal de Halder, c'est Hitler qui en donne l'ordre, par téléphone, vers midi, le 26 mai.