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Le Haltbefehl

Cette rubrique renferme tout ce qui concerne le front ouest du conflit, y compris la bataille des Ardennes ainsi que les sujets communs à tous les fronts tels, les enfants et les femmes dans la guerre, les services secrets, espionnage...
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Re: Le Haltbefehl

Nouveau message Post Numéro: 2861  Nouveau message de Soxton  Nouveau message 06 Déc 2016, 00:20

alain adam a écrit:il est évident, et FD ne le renieras pas, que l'expérience du BEF va faire croitre la position de la GB de ne jamais céder, a contrario de ce que pensait AH.


a contrario de ce que pensait Adolf Hitler ?? Et que pensait-il selon toi ?

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Re: Le Haltbefehl

Nouveau message Post Numéro: 2862  Nouveau message de Soxton  Nouveau message 06 Déc 2016, 00:36

[2825] François Delpla a écrit:ils consentent même à se mettre un instant à la place de Hitler. [...] Si Hitler, concèdent-ils, voulait la paix (et la chute préalable de Churchill), mieux valait coffrer l'armée de terre anglaise, une irrésistible monnaie d'échange. Mais là-dessus, justement, pas besoin de se mettre à sa place, le constat de ses actes suffit : il a fait le calcul et le choix inverses, point !


Tu parles d'un « constat des actes » d'Adolf Hitler comme s'il y avait équivalence entre la théorie et les faits. Peux-tu pour prouver cette équivalence ?
Quand tu affirmes que Hitler a vraiment cru que le hbf pouvait faciliter la paix, tu développes une théorie, n'est-ce pas ?
Quant tu parles d'un « calcul » et des « choix » de Hitler en vue de faire émerger la fin des hostilités, de quel droit peux tu déclarer que ce calcul est nécessairement un élément de la réalité ?
Si le calcul dont tu parles n'est pas avéré, pourquoi le qualifier de « constat des actes » d'Adolf Hitler ?

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Re: Le Haltbefehl

Nouveau message Post Numéro: 2863  Nouveau message de François Delpla  Nouveau message 06 Déc 2016, 11:37

Nous avançons, vous dis-je ! Pas très vite, j'en conviens, mais nous ne restons pas immobiles non plus.

De l'idée que mon interprétation (que partagent plus ou moins Costello et quelques autres, dont certains ici même) serait fausse, nous sommes passés, sous le clavier d'Alain notamment, à l'idée qu'elle manquerait de preuves. Ce qui signifie (et Alain l'a écrit) que les preuves avancées pour justifier d'autres thèses ne sont pas valides ou pas décisives. Le jeu resterait ouvert... en attendant l'Arlésienne des archives permettant de relier l'attrition des blindés au Haltbefehl, que le même Alain cherche depuis dix ans avec la lanterne de Diogène.

Je vais résumer, en réponse à Soxton, ce qui me permet de considérer les explications militaires, toujours peu claires d'ailleurs, comme clairement fausses.

Les actes de Hitler ? Mais c'est d'abord le Haltbefehl lui-même ! Eppur si muove, Et pourtant elle tourne ! "Si Hitler voulait hâter la paix, il avait un moyen sûr, faire prisonnière l'armée anglaise, le gouvernement Churchill n'y aurait pas survécu !" C'est ce qu'ont dit plusieurs, c'est ce que Frieser, qui ne l'avait pas dit dans son livre de 1995 ni dans son article de 2000, faute sans doute d'avoir lu Costello et de se sentir tenu de lui répondre, a fini par déclarer à la presse allemande en 2013, confirmant qu'il ne comprenait rien à Hitler. A elle seule, cette déclaration de 2013 est une preuve que le débat progresse, fût-ce à une allure de glacier.

Hitler a raisonné autrement, c'est un fait. L'idée de Liddell Hart qu'il freine pour favoriser un embarquement britannique et une paix ultérieure avec la Grande-Bretagne est fausse puisque l'heure de l'embarquement était passée, à cause de Churchill qui n'en voulait pas, et que ce même embarquement a suivi une brusque volte-face du même Churchill, rigoureusement imprévisible par l'ennemi. Reste que l'attitude du chef allemand a permis de rétablir la possibilité de cet embarquement.

L'argument d'ailleurs se retourne : quitte à rouler sur les jantes comme la DS du général de Gaulle au Petit-Clamart, Hitler (s'il pensait que la capture de son armée donnerait le coup de grâce à Churchill) devait tout faire pour boucler dès le 24 mai l'encerclement de l'armée de terre britannique, et étanchéifier la poche au plus vite, quitte à bourrer l'infanterie de pervitine (pour parler comme un livre à la mode), et quitte à écraser de son mépris les cadres que la petite contre-attaque de Franklyn à Arras avaient fait douter, s'appelassent-ils Rommel. Une ou deux générations plus tard, il aurait pu les railler de n'avoir pas compris que Franklyn était une tortue !

Il aurait dû aussi rameuter ce qu'il pouvait d'U-Boote et de vedettes rapides, quitte à les sacrifier, pour ruiner tout espoir d'évasion maritime. C'est visiblement autre chose qui se passe ! Nous avons là matière à une conclusion solide : Hitler n'a pas considéré que la capture de l'armée anglaise servait ses intérêts.

C'est là, précisément, un fort indice qu'il garde présente à l'esprit sa conception initiale du futur de l'humanité : un sain rétablissement de la hiérarchie des races avec une Allemagne et une Angleterre se partageant une hégémonie mondiale, sur le cadavre de la puissance française (tout en lui laissant son territoire et ses colonies, pour ne pas inquiéter Londres; il suffisait de ruiner son prestige militaire, et de la dominer économiquement). Cette conception est prouvée par sa continuité même, depuis Mein Kampf jusque tard dans la guerre. Mon édition des Propos de 1941-42 en a démontré la permanence, jusqu'à la veille de Stalingrad. L'aristocratie anglaise fait l'objet d'une admiration sans borne et le fait qu'elle se soumette au "demi-américain ivrogne et enjuivé" d'un éternel étonnement et d'une impatience quotidienne.

Une erreur encore très fréquente, qui envoie sur de fausses pistes à propos du Haltbefehl (et dans laquelle Frieser tombe à pieds joints), consiste à penser que la déclaration de guerre anglo-française du 3 septembre 39 le surprend et le contrarie. Là encore, le contraste entre le discours et les actes est flagrant. Il est bien obligé de faire semblant d'être contrarié... puisqu'il a décidé de jouer les victimes (en particulier en mettant cette guerre sur le dos des Juifs). C'est lui prêter bien peu de sens juridique et politique que de croire qu'il ne mesurait pas les conséquences de son agression contre la Pologne, conséquences très clairement rappelées par Daladier et Chamberlain. Mais alors, s'il les mesurait... son programme passait par une guerre avec l'Angleterre, et pas seulement avec la France !

Résultat des courses : il est en guerre avec la France pour l'écraser, et avec l'Angleterre... pour l'épargner.

Il n'y a pas de raisons de prendre au sérieux ses ordres d'attaque à partir de novembre 1939, ni les motivations des directives qui les accompagnent. Il s'agit seulement d'habituer les esprits à l'idée qu'après la Pologne le spectacle continue. Tout en orientant par petites touches les plans, à partir d'une resucée de Schlieffen, vers une percée décisive dans la région de Sedan (dont Hitler lui-même commence à parler dès novembre). L'idée qu'il découvre seulement en février les idées de Manstein sur la question fait partie des bévues classiques qui obscurcissent la question du Haltbefehl. Il surveille son armée beaucoup plus étroitement que cela.

La percée de Sedan disloque irrémédiablement l'armée française, tout en épargnant l'anglaise. Reste à faire la paix. Chose impossible si l'Angleterre, à l'abri dans son île, a l'impression que l'Allemagne lui est hostile et n'a tenu un discours antisoviétique dans les années 30 que pour tromper l'Occident, qui aurait été son véritable ennemi. Dans ces conditions, la Grande-Bretagne attendrait au moins d'être forcée chez elle pour envisager un armistice. Oui mais... Si on lui fait savoir assez tôt qu'on l'aime toujours et qu'on ne veut pas entamer la France , on rend cette paix très tentante, pour une puissance en déclin dont les Etats-Unis et le Japon, boostés par la dernière guerre, contestent la suprématie et menacent les colonies. C'est ce qu'on fait savoir le 6 mai par Dahlerus, interlocuteur habituel de Halifax.

Göring annonce que, si l'armée allemande s'empare de "la côte belge et de Calais", la paix deviendra possible, à bas prix et à condition d'être signée vite. Calais est investie le 23 mai.

Franchement, quelqu'un pense-t-il encore que tout cela n'a rien à voir avec l'ordre d'arrêt ?

Avant que Costello n'exhume au Quai d'Orsay un écho de la conversation Göring-Dahlerus, on avait des excuses de n'en pas tenir compte, même si Benoist-Méchin, implicitement confirmé par Reynaud avait levé un coin du voile en 1956. Après, non.

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Re: Le Haltbefehl

Nouveau message Post Numéro: 2864  Nouveau message de quovadis  Nouveau message 08 Déc 2016, 15:38

Je viens de lire ce qu'a écrit le Général Franz Halder dans son journal de marche pour cette période. Visiblement les tensions sont vives à l'Etat-Major entre Hitler et ses généraux parce qu'il a décidé unilatéralement de stopper les troupes blindées sans justification au moment de finaliser l'encerclement des troupes alliées pour charger l'aviation de s'en occuper. Finalement, si j'ai bien traduit, Hitler décide de ne pas faire porter l'attaque principale en Flandre mais dans le Nord de la France, pretextant aux généraux que le terrain en Flandre avec les nombreuses voies d'eau est peu propice aux manoeuvres de blindés. Ce changement désorganise le plan d'attaque tel que Halder l'avait conçu initialement, les blindés ayant perdu l'avantage de la rapidité de mouvement ce qui devrait entrainer des pertes plus élevées, et l'usage de l'aviation restant conditionné aux conditions météo.
Ces éléments me semble de nature à lever les doutes ou au moins éliminer certaines hypothèses même si Hitler ne livre probablement pas à ses généraux les calculs politiques qu'il peut faire.


 

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Re: Le Haltbefehl

Nouveau message Post Numéro: 2865  Nouveau message de Chef Chaudart  Nouveau message 08 Déc 2016, 16:08

Je n'ai pas bien saisi, désolé, Quo Vadis : "Ces éléments me semble de nature à lever les doutes ou au moins éliminer certaines hypothèses même si Hitler ne livre probablement pas à ses généraux les calculs politiques qu'il peut faire."
Quels doutes cela lève-t-il? Quelles hypothèses sont écartées?

Le fait est qu'il y a du tirage entre Brauchitch/Halder et Hitler. Mais cela laisse les deux hypothèses qui se discutent ici depuis un bon moment:
- Hitler désire ralentir ses troupes afin de laisser un peu de temps à l'Angleterre pour réaliser qu'il faut signer la paix sur le tambour
- Hitler ne partage pas l'optimisme de ces deux généraux et craint qu'en voulant aller trop loin, on ne perde tout

Reste aussi la thèse de KH Frieser, qui en vaut une autre : Hitler s'oppose à ces généraux pour affirmer son autorité et les remettre dans leurs bornes: la conduite du combat sur le terrain, lui se chargeant de la stratégie générale.

Bref, on n'est pas plus avancés (ce qui est normal si l'on considère que ceux qui s'affrontent ici sur le sujet on bien tenu compte du journal d'Halder dans leurs hypothèses)
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Re: Le Haltbefehl

Nouveau message Post Numéro: 2866  Nouveau message de François Delpla  Nouveau message 08 Déc 2016, 16:30

Chef Chaudart a écrit:- Hitler ne partage pas l'optimisme de ces deux généraux et craint qu'en voulant aller trop loin, on ne perde tout



Je me trompe, ou l'explication militaire est enfin formulée clairement ?
Mais sous cette forme elle n'a de quoi satisfaire ni Alain, ni Marduk, ni Norodom, ni Loïc !
Parmi eux, me semblent-ils, plusieurs font plus confiance au journal du groupe Rundstedt qu'à celui de Halder.

Chef Chaudart a écrit:Reste aussi la thèse de KH Frieser, qui en vaut une autre : Hitler s'oppose à ces généraux pour affirmer son autorité et les remettre dans leurs bornes: la conduite du combat sur le terrain, lui se chargeant de la stratégie générale.



elle en vaut bien d'autres... mais peu la défendent ailleurs et, ici, personne !

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Re: Le Haltbefehl

Nouveau message Post Numéro: 2867  Nouveau message de alain adam  Nouveau message 08 Déc 2016, 19:10

François Delpla a écrit:
Chef Chaudart a écrit:- Hitler ne partage pas l'optimisme de ces deux généraux et craint qu'en voulant aller trop loin, on ne perde tout



Je me trompe, ou l'explication militaire est enfin formulée clairement ?
Mais sous cette forme elle n'a de quoi satisfaire ni Alain, ni Marduk, ni Norodom, ni Loïc !
Parmi eux, me semblent-ils, plusieurs font plus confiance au journal du groupe Rundstedt qu'à celui de Halder.

Chef Chaudart a écrit:Reste aussi la thèse de KH Frieser, qui en vaut une autre : Hitler s'oppose à ces généraux pour affirmer son autorité et les remettre dans leurs bornes: la conduite du combat sur le terrain, lui se chargeant de la stratégie générale.



elle en vaut bien d'autres... mais peu la défendent ailleurs et, ici, personne !


Yep , cela va dans le sens de l'explication militaire, mais il faut des elements d'archive confirmant ces propos dans les ordres et actes effectués , car j'ai assez peu confiance dans les journaux/mémoires de untel ou untel . Il suffit de lire les mémoires de Gamelin par exemple :)
Si quo vadis peut me transmettre les dates et heures de la tenue de ces propos , la recherche devrait être simplifiée dans les archives en regardant ce qui se passe les deux jours suivants au niveau du Groupe A , du Groupe B , des différents corps , des divisions panzer ...

Amicalement ,
Alain
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Re: Le Haltbefehl

Nouveau message Post Numéro: 2868  Nouveau message de Chef Chaudart  Nouveau message 09 Déc 2016, 14:25

Ce serait bien d'avoir plus d'infos , Alain, c'est sûr.

Concernant le document cité, il s'agit du Journal d'Halder, écrit "sur le vif". Comme tous les journaux, il ne contient que des raccourcis ainsi que le sentiment du rédacteur, plus focalisé sur tel point que tel autre et pas toujours de bonne foi, Mais, en règle général, les Journaux, sauf s'ils ont été retouchés, reflètent bien l'état d'esprit de leur rédacteur au plus proche de l'évènement.

C'est pourquoi on peut affirmer que les Allemands ne craignaient pas que les Alliés s'embarquent à ce moment: Halder n'aurait pas manqué de le noter si cet argument avait été évoqué.

Pour en revenir à la question de l'usure éventuelle des unités Panzer, Halder n'en parle pas . Soit ce fait n'aurait pas été porté à sa connaissance, ce qui me semble improbable, soit il a jugé que cette usure permettait quand même de continuer à avancer, ce qui me semble la meilleure explication (d'autant plus qu'il a probablement raison).

C'est là, selon moi, l'explication du "Haltbefehl": Hitler n'est pas aussi optimiste qu'Halder. Certes, même très diminuées, les unités de pointe peuvent continuer, car elle ne rencontrent pas de résistance particulière. Mais elles finiront, à un moment ou à un autre, par heurter un front dépassant leur puissance, d'autant plus que cette avance les affaiblie encore plus. Comme on a déjà du mal à mettre en place un front cohérent, l'infanterie suivant mal, pour étanchéifier la poche et que, de toutes façons, avance ou pas, le sort des encerclés est scellé pour peu qu'on les contienne, il n'y a aucune raison de prendre de risques inutiles,

Hitler décide un arrêt, décide de ne pas aventurer ses troupes dans un combat qui, s'il peut certes raccourcir la durée de la bataille finale et en diminuer les pertes humaines, n'en changera de toutes façons pas l'issue, qui ne fait aucun doute. Et se fera au risque de voir les unités Panzer, embourbées dans un combat contre des retardataires, incapables de résister à une contre-attaque massive qui ne manquera pas de se produire.

C'est ce que le Fuhrer résume en disant qu'il craint le terrain bourbeux des plaines, insiste sur la nécessité de préserver les Panzer, que la Luftwaffe fera tout aussi bien l'affaire pour réduire les encerclés : poursuivre l'avance vers le nord est risqué et inutile.

Que ces risques soient avérés ou pas est une autre question. Je pense toutefois qu'il est sincère dans ses réponses, basées sur sa propre expérience, son niveau de connaissance de la tactique et de la stratégie et sa volonté d'être celui qui fixe les buts et les moyens d'y arriver. Le Guide, quoi.
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Re: Le Haltbefehl

Nouveau message Post Numéro: 2869  Nouveau message de François Delpla  Nouveau message 09 Déc 2016, 14:50

Enfin, contre Costello, une théorie clairement exprimée qui ne jure pas de façon criante avec les documents !

Elle jure en revanche avec plusieurs autres, défendues ici et ailleurs :

-Hitler ne ferait que confirmer un arrêt préalable, ordonné par Rundstedt qui aurait paniqué et lui communiquerait sa panique (variante : se rallierait à un arrêt non encore effectif, suggéré par Rundstedt qui paniquerait et lui communiquerait sa panique );

-Hitler jetterait l'éponge après une matinée de piétinement de Guderian devant Gravelines;

-Göring surgirait comme un chien dans un jeu de quilles en exigeant et en obtenant que le relais soit pris par son aviation.

Cependant, pour faire de l'histoire, il faut rendre compte d'une situation dans son ensemble : tu laisses entière la question des buts de Hitler dans cette campagne et du défi très délicat qu'il s'est lancé : contraindre à la paix ensemble, ou à peu d'intervalle, une France touchée à mort dans sa puissance et une Angleterre à peine égratignée.

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Re: Le Haltbefehl

Nouveau message Post Numéro: 2870  Nouveau message de quovadis  Nouveau message 09 Déc 2016, 15:50

J'ai traduit (assez rapidement) le journal de Halder, je pense qu'il écrit noir sur blanc des commentaires qui confirment et infirment certaines hypothèses. Il peut y avoir des erreurs d'estimation (évaluation du terrain en Flandre, sous-estimation des capacités de l'Aviation) mais il ne peut pas écrire le contraire des faits qui lui sont rapportés:

24 mai 1940
15.30. Ce matin le Fuhrer est arrivé à l'Etat-Major de Rundstedt
a) Il a ordonné de ne pas mettre en place de nouvelles lignes Il veut en discuter par avance avec le Commandant en Chef.
b) Le Fuhrer a convoqué auprès de lui le Commandant en Chef.
16.00. Je transmets par téléphone l'ordre du Fuhrer au Commandant en chef qui est maintenant à l'Etat-Major de la 6ème armée. Selon les souhaits du Fuhrer les ordres ont été établis
pour les groupes A à moi ,
pour le Groupe B au Commandant en Chef.
Von Zalmut rend compte des contre-attaques des troupes mécanisées de l'ennemi dans les secteurs de Amiens et Abeville. L'ennemi attaque de manière particulièrement déterminée dans les secteurs de Corbais et de Peronne. Selon les estimations il doit s'agir du Corps anglais. (...)
20.00. Le Commandant en Chef est revenu de l'Etat-Major de l'OKB. Visiblement il a eu une nouvelle discussion désagréable avec le Fuhrer.
20.20. Nouvel ordre annulant les précedants. L'encerclement de l'ennemi se situe à présent dans le secteur de Dunkerque, Lille, Roubaix, Ostende. De cette façon l'aile gauche constituée de blindés et de troupes motorisées devant laquelle il n'y a pas d'ennemi sera stoppée tant qu'elle n'aura pas reçu un ordre direct du Fuhrer. La réalisation de l'encerclement de l'armée ennemie est confié à l'Aviation!
25 mai 1940
La journée a commencé par une discussion furieuse entre von Brauchitsch et le Fuhrer sur la conduite de la bataille et de l'encerclement. Conformément à mon plan qui avait été préparé le Groupe A portera à l'énnemi qui se replie un puissant coup frontal tandis que le groupe B qui fait déjà face s'enfoncera dans les arrières et portera le coup décisif. Nos Forces blindées devaient effectuer cette mission. Desormais la conviction c'est que le coup décisif ne se déroulera pas en Flandre mais dans le Nord de la France. Pour camoufler qu'il s'agit d'une décision purement politique, on affirme que la Flandre avec toutes ses voies d'eau n'est pas appropriée pour les unités blindées. C'est pourquoi les unités blindées et motorisées seront arrêtées en débouchant sur la ligne Saint Omer- Bethune. Tout cela change entièrement ce que nous avions précedemment conçu. Dans cet opération en question j'avais planifié de faire du groupe Armée A le marteau et du groupe Armée B l'enclume. Maintenant c'est le contraire le groupe Armée B sera la marteau et le groupe Armée l'enclume. Etant donné que le le groupe d'armées B fait face à un front de l'énnemi compact l'attaque sera lente et occasionnera des pertes importantes. L'aviation, dans laquelle on met tous les espoirs est soumise aux conditions météorologiques. Ces différences de point de vue entrainent des tensions nerveuses beaucoup plus importantes encore que la simple conduite des combats. Peu importe, nous remporterons de toute façon la victoire.Ce matin je n'étais là pour personne, je viens juste de recevoir Von Spocken pour le féliciter pour la décoration qui luia été remise. Le reste du temps j'ai travaillé au regroupement des troupes en vue de la conduite dess opérations à venir. L'après-midi j'ai rencontré von Brauchitsch qui n'a fait aucun commentaire à mes recommandations.
18.30 Réunion à l'Etat-Major du Fuhrer. Comme d'habitude il m'a reçu froidememnt, presque de manière hostile. Aucun changement notoire cependant n'a été porté à mon plan de regroupement des troupes où j'ai porté une attention toute particulière aux missions attribuées aux blindés et à leurs positionnements.
L'analyse de la situation qui découle de ce qu'il a fait dans un grand état d'excitation:
A Il faut créer un groupe armé d'une douzaine de divisions , l'Infanterie doit attaquer de manière opiniatre sur une ligne Peronne - La Fer. Cetta attaque doit être soutenue par un puissant appui sur le flanc des troupes blindées dans le secteur d'Amiens. Immédiatement après le groupe devra pivoter vers Le Havre- Rouen et forcer le passage pour établir une tête de pont de l'autre côté de la Seine. Le reste des troupes se rassemblera pour une attaque plus à l'Est Le but de la première étape a été approuvé.
B Il serait nécessaire de reporter la décision de poursuivre l'attaque par le groupe armée sur la Seine à l'Est de Paris. Un groupe armé de 400 à 500000 soldats pourrait surgir à tout moment d'une telle ville comme Paris (si toutefois l'énnemi disposait encore d'hommes). Quant à la question de la poursuite de l'attaque sur l'Ouest de Paris on pourra y revenir que quand l'attaque sur l'axe principal des deux côtés de Reims sera bien avancée.
C/ L'attaque à l'Est de Paris doit être réalisée par une puissante attaque de l'aile droite. Il faut créer un important groupement de blindés qui devra se tenit prêt à pénetrer dans Paris en cas de soulèvement. L'aile droite devra s'emparer de Verdun dans son attaque principale.
La vitesse est une question essentielle. Il faut s'emparer de quelques points clé dans un court espace de temps. C'est autant nécessaire sur le flanc droit que sur le flanc gauche.
D/ Il faut intensifier la préparation de l'opération "tigre" pour disposer de la capacité d'opérer dans les vingt-quatre heures.
E/ La question de la manoeuvre d'attaque dans l'ouest de Paris en direction de l'Aquitaine reste ouverte.
F/ IL est nécessaire d'agir dans le laps de temps le plus court!
RAPPORT DU SOIR:
L'énnemi continue d'opposer une résistance farouche au groupe armée A. Et pareil à Douais. Apparement des mouvements de transfert de troupes ennemies se poursuivent dans le sud de la Somme. Mais maintenant nous sommes si fort que nous ne craignons rien. Néanmoins il faut garder à l'esprit que nous aurons affaire à une opposition résolue au cours de la poursuite des opérations.
26 mai 1940
La situation n'a pas vraiment évoluée. Les troupes de Von Bock malgrè d'importantes pertes progressent lentement entre les flanc intérieurs des 18eme et 6eme armée. Le Corps de von Kluge a débouché dans le secteur de La Basse. Conformément aux ordres d'en Haut nos troupes motorisées et blindées sont immobilisées comme si elles étaient paralysées sur les hauteurs de Bethune et Saint Omer et qu'elles n'osent pas attaquer. Si nous poursuivons de cette façon, la liquidation des troupes ennemies encerclées pourrait prendre encore des semaines, ce qui portera atteinte à notre prestige et se reflètera dans les plans futurs. Toute la matinée le commandant en Chef était nerveux. Je suis pleinement solidaire avec lui tellement ces ordres venus d'en haut n'ont pas de sens. Ils exigent que nous attaquions frontalement l'ennemi dans un secteur où l'ennemi a planifié son évacuation tout en gardant ses capacités de défense. Dans le même temps, ailleurs ils ont arrêté nos troupes alors qu'elles pourraient à n'importe qu'elle moment attaquer l'ennemi et et enfoncer les arrières de l'ennemi. Von Rundstet apparement n'est pas plus en mesure. Il se rend sur le front dans les secteurs de Got et de Von Kleist pour déterminer dans quels secteurs les troupes blindées seraient en mesure de poursuivre l'attaque.
Approximativement à midi nous avons reçu par téléphone la confirmation que le Fuhrer nous a donné l'autorisation de faire progresser l'aile gauche jusqu'à ce que Dunkerque soit à portée de tir dans le but de couper les communications terrestres qui permettent à la fois l'évacuation des troupes et le transfert de troupes fraiches.
13.30. Le Fuhrer a convoqué le Commandant en Chef
14.30. Retour du Commandant en Chef (réjoui). Enfin le Fuhrer a donné l'autorisation d'attaquer Dunkerque dans le but d'interompre l'évacuation des troupes ennemies.
Plus au Sud l'Infanterie devra poursuivre la progression pour maintenir la capacité de feu sur la route Baye, Cassel, Berg. Encore une attaque par des troupes constituées de deux/ trois divisions blindées en support des troupes motorisées en direction de Ypres, entre Baye et Armentière pour effectuer la jonction avec le groupe armé B. Une fois que le groupe aura réalisé sa mission il épaulera le groupe B et attaquera vers Ostende pour empêcher les évacuations par ce port et réaliser l'encerclement du flanc de l'Armée Belge. Un autregroupe composé de deux divisions blindées attaquera par Sequlin et Tournais avec pour mission de prendre l'ennemi en pince plus au Sud à Lille et joindre le groupe B.
15.10 Les ordre appropriés ont été donnés.


 

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