Post Numéro: 1994 de alain adam 31 Oct 2014, 20:20
François Delpla a écrit:Et dispensé l'Angleterre d'avoir à refaire une armée de terre en partant de zéro.
Oui , mais presque zéro : plus de paquetages, plus d'armement individuel ou collectif, plus d'artillerie , plus de véhicules, plus de blindés , unités désorganisées , pour tout le BEF, qui représentait a l’époque 75 à 80% des unités britanniques ( en métropole ) opérationnelles . Sans parler de l'effet sur le moral ...
Certes il restait les hommes , par contre, et pour certains de grande valeur puisque étant soldats de métier . Donc un double effort allait devoir être fait : réarmer le BEF , mais aussi toutes les troupes levées et encore en cours de formation , tout en se ménageant un "front terrestre" en Afrique du nord qu'il fallait alimenter en matériel ( sans même parler des "étrangers" qui réclamaient de l'armement , comme les Polonais ou les FFL ) . A très court terme ( disons jusqu’à l'automne ) cette armée sauvée de Dunkerque n'avait pas vraiment d'utilité et seules les quelques forces régulières du commonwealth étaient correctement armées ( mais très éloignées du Royaume uni ) en dehors de quelques rares unités pré-positionnées dans les colonies Anglaise comme l'Egypte ou Singapour , ce qui explique par exemple le transport de certaines unités Indiennes ou Australiennes vers l'Afrique , d'autant plus que planait le risque d'une invasion sur la métropole( seelowe ) et que l'on préférait ne pas trop dégarnir Albion . Les hommes étaient saufs jusqu'au prochain affrontement , mais incapables de participer a un combat avant plusieurs mois .
Stratégiquement , a court terme , l'effet était, a peu de choses près , le même que d'avoir "pris" ou éliminé le BEF . C'est au bout de 6 mois environ que cet arrêt détermine une réelle conséquence en terme stratégique , puisque la balance de troupes opérationnelles ne cesse alors d'augmenter en Grande-Bretagne au point qu'elle puisse en envoyer en renfort dans diverses zones .
Politiquement, l’évacuation du BEF sous les bombes fait enrager la population Britannique et détermine une volonté a continuer le combat ( chacun de raconter son petit "exploit personnel" , ou la tristesse de perdre un camarade au combat , en faisant un séjour de repos dans la famille ) , avec un Churchill voguant sur cette vague de mécontentement de la population . Si les soldats avaient été faits prisonniers , je ne suis pas sur que la réaction fut idem , et , peut être , le peuple Anglais aurait demandé une cessation des combats pour voir revenir les fils partis au combat ... d'autant plus que la défense de la patrie n’était plus possible , faute d'effectifs .
Alain