Bonjour Didier,
Tes arguments rejoignent une discussion que j'avais eu avec Alain sur le Merkava quand à l'utilité des MBT, du coup je met en copie mes arguments en faveur des MBT, je rajouterai que je suis d'accord pour la solution de VBCI lourd qui est basée sur un châssis de MBT (seuls les russes et les israéliens ont ce type de VBCI) et que pour chasser AQMI dans le sahel, un VBCI classique est effectivement suffisant mais une armée se doit d'avoir la capacité d'intervenir sur tous les théâtres d'opérations et face à tout type d'adversaires plus ou moins lourdement armés d'où la nécessité d'avoir des moyens variés plus ou moins lourds suivant les besoins.
Je suis d'accord aussi que la menace aérienne est très importante pour un char mais qu'elle est aussi limitée par le nombre d'avions dispos, la chasse adverse et la DCA, sans compter les systèmes de brouillage de guidage des missiles/bombes dont disposent les MBT modernes:
En fait la situation en France et plus généralement en Europe est très différente d'un point de vue géopolitique de celle d'Israël qui est potentiellement entouré d'ennemis et dans une région instable.
Si pour la France, 200 MBT sont suffisants en regards des menaces et besoins d'opex, il est en tout autrement pour Israël, actuellement Tsahal dispose de plus de 2500 chars et les retex des dernières opérations ne vont pas dans le sens d'une réduction du nombre de chars comme le montre les articles que j'ai trouvé ci dessous et qui confirme le besoin de chars:
Source:
http://www.israelvalley.com/edito/3954- ... taire-isra
Le « tout avion plus drone » de Tsahal est en train d’être sérieusement remis en cause par les combats actuels au Sud Liban au profit des tanks. La Tribune : “Israël pensait pouvoir s’appuyer sur sa flotte d’avions de chasse, d’hélicoptères de combat et de drones sans pilote pour faire échec à toute attaque. Les enthousiastes de la puissance aérienne vont devoir lécher leurs blessures et à coup sûr réviser leurs arguments”.
La guerre actuelle du Sud Liban est en train de remettre au coeur des combats les blindés qui possèdent tout un ensemble de “qualités” malgré des faiblesses qui se font sentir en permanence sur le terrain opérationnel.
Les tankistes de Tsahal ont souvent des faiblesses humaines (fatigue nerveuse et stress permanent entrainent de nombreux accidents) que “les meilleurs tanks high tech du monde” n’arrivent pas à combler. De nombreux accidents meurtriers et échecs se sont produits ces dernières années avec les tanks Merkava les plus sophistiqués qui peuvent aussi décevoir.
Il est aussi arrivé que des tankistes aient été surpris dans leur tank par des attaques surprises au moment précis de leur… sieste! Ce n’est certainement pas par hasard qu’Albert Einstein a déclaré : “Je ne sais pas quelles seront les armes de la troisième Guerre Mondiale, mais ceux de la quatrième seront des pierres et des bâtons.”
Selon une revue Russe : " Le char israélien Merkava a toujours eu la réputation d’être un blindé invulnérable. A Tel-Aviv, on faisait l’éloge de ses performances et de sa protection blindée renforcée d’un blindage réactif qualifié de meilleur au monde. Sur le plan tactique, l’armée israélienne s’en est bien servie pour neutraliser des groupes terroristes dans la bande de Gaza et en Cisjordanie, où les Merkava entraient jusque dans les quartiers, quoique appuyés par les hélicoptères avec lesquels ils restaient en contact direct et permanent.
Au Liban, il semble qu’il n’y ait pas suffisamment d’hélicoptères pour sécuriser tous les chars. L’équipage de n’importe quel char se contente d’un panorama limité et ne voit pas ce qui se passe à gauche, à droite et en arrière. Il peut donc facilement devenir victime d’un lance-roquette caché dans un buisson ou derrière un rocher. En effet, les rebelles n’ont pas besoin de tirer sur la partie avant du Merkava, bien protégée, mais peuvent bien viser les côtés, la queue ou les chenilles du char, car n’importe quel blindé a bien des endroits vulnérables."
Selon un autre analyste : "le Hezbollah semble posséder des missiles antichars, en plus des traditionnels RPG. Pour contrer ces derniers, Israël a utilisé ses traditionnels Nagmachon, Achzarit, Puma et autres chars reconvertis en transports de troupes. Surblindés, ils semblent offrir une protection suffisante aux forces israéliennes.
Mais cette tactique peu également s’avérer insuffisante contre des RPG plus évolués (des RPG-29 ont été identifiés sur zone) mais aussi contre les Metis-M que l’Iran semble lui avoir fourni. Plusieurs rapports et articles font à cet égard état du fait que le Hezbollah aurait demandé à l’Iran de poursuivre ses transferts d’armements, justifiant pour Israël la poursuite des raids sur les routes et voies d’accès au Liban y compris la destruction des ponts, dans le cadre d’une stratégie somme toute classique d’interdiction".
Si avant la fin des années 1980 il y avait dans le monde six principaux pays constructeurs (URSS, Etats-Unis, Allemagne, France, Grande-Bretagne, Italie) la production de blindés a été lancée ces vingt-cinq dernières années en Chine, Israël, Inde, Pakistan et Corée du Sud.
L’Etat Major israélien est en train de miser sur le Merkava pour détruire les positions du Hezbollah. A l’origine, la conception de ce tank, dirigée par le Major General Tal, fut guidée à la fois par l’utilisation du meilleur de la technologie de l’époque et par les enseignements des guerres qu’avait livrées Israël.
La première chose qui saute aux yeux en regardant ce char est sa tourelle placée en position arrière. Cela est dû à son moteur avant (comme celui de la plupart des voitures) qui permet d’offrir une protection supplémentaire frontale.
Le blindage est espacé, afin de provoquer une détonation prématurée des charges creuses. L’intérieur est agencé de manière à ce que les équipements forment une protection supplémentaire entre le blindage et l’équipage. Un système anti-incendie et l’utilisation de matériaux ininflammables améliore la résistance au feu.
Grâce à son espace dégagé derrière la tourelle, le Merkava peut remplir des missions inhabituelles pour un char de bataille comme transporter un groupe de soldats, servir de poste de commandement avancé, évacuer l’équipage d’un blindé hors de combat ou des blessés. Une porte basculante à l’arrière permet un accès facile à cet espace et l’évacuation éventuelle de l’équipage à l’abri des tirs venant de l’avant. Enfin, son profil bas et sa tourelle élancée en font une cible difficile à atteindre.
Le programme de “Tank Merkava” occupe en Israël 5000 ouvriers directement et 5000 indirectement ; 220 entreprises sont concernées par ce programme et bien que le char ne soit pas importé les systèmes de celui-ci ont rapportés 200 millions de $. Pour 2007 le nombre d’ouvriers va augmenter de 2000 et les profits des exportations vont avoisiner les 400 millions de $.
POUR EN SAVOIR PLUS – Selon le site maquetland.com
Le Merkava est le char de combat principal de l’État israélien. Le Merkava Mark 1 est entré en service en 1979 et sa production va continuer jusqu’en 1983 date à laquelle il fut remplacé par le Mark 2. Les Merkava Mark 2 ont comme modification majeure une mobilité accrue, un mortier de défense passé à l’intérieur et divers éléments dans la motorisation de l’engin.
La production s’étale jusqu’à la fin 1990 date à laquelle le Mark 3 prend le relais. Tous les éléments du char de production sont d’origine israélienne. L’ensemble bénéficie d’un nouveau design de la tourelle une nouvelle suspension, un groupe propulseur de 1200 chevaux, une nouvelle transmission des différents modules de protection de la tourelle du châssis.
Actuellement 1000 Mark 2 et 3 sont en service dans l’armée israélienne. L’armement de la tourelle a été revu à la hausse en installant un canon de 120 mm de conception israélienne. Il possède un système anti arcure du tube. Le char a une réserve de 50 obus. En plus de canon il est armé de trois mitrailleuses de 7.62 (une coaxiale et deux sur la tourelle) avec 10 000 coups embarqués. Le mortier de 60 mm Soltam peut tirer des obus explosifs ou éclairants. Il se charge de l’intérieur de la tourelle.
La protection du char et très poussée car il bénéficie d’un système d’alerte AMCORAM LWS2 qui est à la disposition du chef de char. Le système de production modulaire et de dernière génération et protège le char efficacement.
La propulsion des véhicules est assurée par un moteur diesel Teledyne AVDS 1790/9AR qui développe 1200 chevaux.
La transmission a été développée par ASHOT ASKHELON qui est une filiale de l’industrie d’armement israélienne. Comme beaucoup d’engins blindés le Merkava a subit des pertes. Les pertes officielles avouées par l’IDF sont de 4 engins détruits entre 2002 et 2003. D’autres engins furent par contre endommagés lors des combats de rue.
La protection offerte par les chars lourds est indispensable face à la menace des missiles modernes pour préserver au maximum les équipages comme le montre l'article ci-dessous, donc l'idée d'utiliser un châssis de char lourd avec sa protection maxi pour en faire un VCI transport de troupes lourd est bonne:
Source:
http://secretdefense.blogs.liberation.f ... an-israli/
« Les leçons militaires de la guerre du Liban » de l’été 2006, sont tirées par le général israélien Matan Vilnaï, vice-ministre de la Défense, interrogé dans le dernier numéro de L’Arche, « le mensuel du judaïsme français ». Ce haut responsable aborde principalement deux questions: la défense contre les tirs de roquettes et la protection des chars.
« Tous les missiles à longue portée que le Hezbollah possèdait au début du conflit ont été détruits dans les 34 premières minutes du conflit », révèle Matan Vilanï. Contrairement aux engins à courte portée, ces missiles sont en effet « beaucoup plus facile à repérer » explique-t-il au journaliste Bernard Edinger. Face à la menace à courte portée, Tsahal se dote d’un nouveau système, baptisé Kipat Barzel (Dôme d’acier), qui devrait être « opérationnel en 2010 ».
Quant à la protection des blindés, l’officier indique que les chars Merkava seront équipés du nouveau système de défense Trophy. Baptisé Meil Rouah en hébreu (manteau coupe-vent), « il doit faire exploser une sorte de rideau d’acier vers l’extérieur » pour intercepter les missiles. Ce système coôute 150.000 dollars pièce. Le Hezbollah avait alors utilisé de nouvelles armes antichar «à charge tandem ». Durant cette guerre, Matan Vilnaï reconnaît que « nous avons fait des erreurs dans l’utilisation de nos chars ».
Le bilan de l’utilisation des chars Merkava durant l’été 2006 a donné lieu à de nombreuses spéculations. Mieux vaut se reporter aux chiffres, fournis (dans Raids n°245) par Marc Chassillan, l’un des meilleurs spécialistes français des blindés.
52 chars Merkava ont été touchés : 50 par des missiles et 2 par des IED (mines). Mais touchés ne veut pas dire détruits ! Les deux chars touchés par les IED ont bien été détruits. En revanche, seuls 22 des 50 chars touchés par un missile ont été pénétrés et trois seulement réellement détruits. Globalement, les Merkava 4, plus modernes, ont été bien plus protecteurs que les Merkava 2 et 3.
Au final, cinq chars détruits pour 52 touchés (un sur dix). Et un bilan humain de 23 morts. « Les 52 chars touchés transportaient entre 210 et 230 hommes, écrit Marc Chassillan. Les 23 morts représentent 10% des hommes exposés aux impacts ennemis. Ce qui est peu. »