Post Numéro: 12 de pierma 16 Sep 2013, 08:11
Le mépris américain envers l'armée française a pesé lourd dans la légèreté avec laquelle les USA se sont engagés au Vietnam. Il est vrai qu'ils y ont engagé des moyens dont les Français ne disposaient pas pendant la guerre d'Indochine (hélicoptères en quantité et soutien aérien massif) mais il y avait un a-priori de considérer l'échec des Français comme non significatif, alors qu'il y avait pourtant de quoi méditer. Cette vision est illustrée jusqu'au ridicule dans le film "We were soldiers" avec Mel Gibson, dont la première scène montre une compagnie de Légion se faire massacrer de façon caricaturale dans une embuscade parfaitement invraisemblable.
J'ai entendu récemment le témoignage d'un officier américain dont la compagnie a été engagée aux côtés des Français en Afghanistan, et qui exprimait sa surprise devant le professionnalisme des soldats français. Il était surpris également que leurs procédés tactiques soient très proches de ceux des Américains, facilitant les opérations en commun, et impressionné par la forme physique des soldats français en montagne. Tout cela était très loin des a-priori qu'il pouvait avoir sur l'armée française.
L'opération au Mali a également eu un certain retentissement outre Atlantique, parce qu'on a vu l'armée française s'engager dans une opération réussie et de grande envergure contre Al-Qaida, ce qui nous remettait en position d'alliés des USA, une position qui ne paraissait pas évidente depuis le clash de 2003 à propos de l'Irak.
Cela dit, les réputations militaires... On pourrait critiquer de la même façon la vision que les Français peuvent avoir de l'armée italienne.
Mais bon, la déroute de 1940 nous colle à la peau. De Gaulle avait bien vu le souci :"Je pensais que l'âme de la France serait empoisonnée pour des années s'il devait être entendu que dans cette guerre la France avait capitulé et en était restée là." Il a réussi sur le plan politique, la France a été parmi les vainqueurs au lieu d'être traitée en alliée de l'Allemagne, elle a gardé une bonne image d'elle-même, mais il n'a pas réussi à effacer le souvenir de la déroute de 1940, qui avait provoqué un choc mondial.
Paradoxalement les Anglo-saxons ont davantage entendu parler de la Résistance française que de l'armée de libération.